Futur étalon français: Vision d'Etat ou la culture de la différence.

15/08/2010 - Zoom Etalon
Vision d’État a remporté son 6e groupe dans des conditions dantesques à l’occasion du Prix Gontaut-Biron Hong Kong Jockey Club 2010. Ne rien faire comme les autres, c’est devenu sa grande spécialité. Il entrera l'année prochaine étalon en France, au Haras de Grandcamp.

 

C'est donc chez Eric Lhermite au Haras de Grandcamp près de Trun dans l'Orne que Vision d'Etat va débuter sa carrière d'étalon, comme l'a indiqué Jour de Galop ce dimanche matin 15 août. S'il continue de suivre le destin de cette dynastie des pères, de Chichicastenango à Kaldoun en passant par Smadoun, personne ne va y croire vraiment mais il va sortir des champions...Jusqu'à présent, il a déjà suivi cet étrange chemin de la réussite improbable qui se répète de générations en générations. Et cela sans jamais rien faire comme les autres.

 

Le Haras de Grandcamp, où Vision d'Etat fera la monte en 2011



Deauville sous la pluie un week-end de 15 août. Les plus anciens habitués du meeting normand ont encore du mal à s’y faire. De l’eau de l’eau de l’eau. C’est la chasse au parapluie alors que le quadruple vainqueur de Gr.1 Vision d’État se prépare lui pour sa rentrée. Sa dernière aventure a mal tourné. Bichonné, aux soins d’une équipe dédiée à son bien-être quotidiennement au cœur de la Sarthe chez Eric Libaud, Vision d’État n’avait aimé ni l’ambiance de Dubaï ni son complexe d’entraînement au mois de mars dernier. Résultat : sa plus mauvaise prestation, une 12e place et surtout un visage très éloigné de celui du vainqueur de la Hong Kong Cup 2009.

 

Vision d'Etat, lauréat du Prix Gontaut-Biron, sous le déluge deauvillais.



Le cheval différent


Car Vision d’État n’est pas un cheval comme les autres. Fils d’un étalon presque méprisé Chichicastenango et d’une mère dont le créneau est plutôt celui de l’obstacle, Vision d’État est élevé par Gaëtan Gilles, éleveur notamment du champion d’Auteuil Mid Dancer. Son propriétaire est lui aussi un aficionado des obstacles. Par choix mais aussi à défaut de moyens conséquents pour lutter avec les multinationales de Longchamp. Jacques Détré travaille avec de nombreux entraîneurs différents, il est un ami de Guillaume Macaire, il n’aime pas les ventes d’août à Deauville (elles ne représentent en rien le terreau de l’élevage français selon lui) et s’est construit tout seul, bien entouré certes mais aussi bien ancré dans ses idées.

 

Jacques Détré revient avec son champion, dans une ambiance heureuse mais pluvieuse, comme au mariage




Contre les sceptiques



Jacques Détré achète en décembre à Deauville (pas en août donc, ni en octobre) Vision d’État, destiné à franchir les haies. Mais voilà, ce poulain n’est pas comme les autres. Doué d’une belle vitesse naturelle, le fils de Chichicastenango se dirige vers le Prix du Jockey Club 2008 en toute discrétion. A sa façon, sans vraiment forcer, en pointant les oreilles au passage du poteau, Vision décroche son 1er groupe 1. " Pas un grand Jockey Club ", " il bat une génération moyenne ", " le plus dur sera de confirmer ". Les interrogations fusent en même temps que le scepticisme grandit. Mais Vision est différent. Et si sa cinquième place dans l’Arc de Zarkava (" sans être heureux " martèlera son propriétaire) aurait pu apporter de l’eau au moulin des non-croyants, Vision revient encore plus fort à 4 ans : victoire dans le Ganay puis le sacre à Ascot dans les Prince of Wales Stakes, l’occasion pour les anglais de savoir où se situe la Sarthe en France.

 

Vision d'Etat à l'entraînement lors d'un gazon sur l'hippodrome de Chantilly




Where is the Sarthe ?




Toujours la même signature. Un succès acquis au courage, à l’abnégation, à la lutte, en laissant son premier adversaire à une longueur et demie au plus ! Vision d’État est un champion sur 2000 mètres. Son 4e sacre, c’est à  Hong Kong. Au pays de la transparence la plus totale, son comportement inquiète les observateurs et organisateurs locaux. Parce que sa façon de mouvoir et de s’entraîner sont aussi différente de la normale. Une petite alerte à une jambe 24 heures avant le grand rendez-vous ajoute aux interrogations. La meilleure réponse, Vision la donne sur la piste : éclatante victoire dans la Hong Kong Cup associé à Olivier Peslier venu relayé Ioritz Mendizabal, le jockey de ses premiers exploits.

 

Eric Lhermite (sous casquette), créateur du Haras de Grandcamp qui veillera sur Vision d'Etat l'année prochaine



Samedi, dans une course sponsorisée par le Hong Kong Jockey-Club (clin d’œil de l’histoire), tout près de l’établissement Elie de Brignac, dans un terrain lourd, Vision d’État effectue une rentrée après cinq mois d’absence. Et en toute décontraction, il vient dominer un bon lot. Sans en faire trop, avec son style, différemment.

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