La Cour des Comptes demande la mort définitive de l'IFCE

11/02/2016 - Actualités
Redoutée des services administratifs de l'Etat français, rendus trop souvent célèbres par leur inefficacité et la gabegie de leurs moyens, la Cour des Comptes vient de sortir un rapport brûlant contre l'IFCE (fusion de l'ENE et des ex-Haras Nationaux).

Le Cour des Comptes ne veut plus que l'Etat paie pour ça.
 
 
" La Cour des comptes est une juridiction financière de l'ordre administratif en France, chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics, de l'État, des établissements publics nationaux, des entreprises publiques, de la sécurité sociale, ainsi que des organismes privés bénéficiant d'une aide de l'État ou faisant appel à la générosité du public. Elle informe le Parlement, le Gouvernement et l'opinion publique sur la régularité des comptes. Les rapports de la Cour des comptes n'ont pas de caractère contraignant. "
 
Depuis plus d'un siècle et son installation sous sa forme actuelle, la Cour des Comptes passe son temps à s'étrangler sur le fonctionnement des organismes d'Etat. Cela va du rapport de septembre 2015 sur la gestion des fonctionnaires jusqu'à celui sur le système Balkany en passant par les dérives de la SAFER, aux trésoreries obscures des ambassades et dernièrement la pagaille des soldes des militaires. Régulièrement, les rapports de la Cour des Comptes font la Une des journaux, toujours avec ces termes : " un rapport accamblant qui fustige la gestion calamiteuse....etc..."
 
Le seul truc, c'est que cette Cour des Comptes n'a donc qu'un pouvoir consultatif, et qu'on entend souvent, dans des enquêtes menées par la Presse des années plus tard : " malgré un rapport de la Cour des Comptes, qui a été mis directement au placard, le gâchis s'est poursuivi au vu et au su de tous..."
 
 

Il n'empêche que sur le moment, se prendre un rapport de la Cour des Comptes tellement violent qu'il demande votre montée sur l'échafeau, ça fait très mauvais genre dans la France actuelle qui a compris que les années Mitterrandiennes étaient définitivement terminées.

Ainsi, cette fameuse Cour des Comptes prône l'extinction pure et simple de l'IFCE (Institut Français du Cheval et de l'Equitation), arguant que malgré les réductions considérables de ses missions, son poids financier restait beaucoup trop important pour l'Etat et même en augmentation chaque année, avec des subventions approchant maintenant les 50 millions d'euros ! Le Cour des Comptes livre ainsi 3 objectifs clairs et qui ont de quoi faire froid dans le dos aux membres de l'IFCE :
 
1 - Supprimer l’IFCE en organisant la dévolution des activités de service public qui y subsistent, entre les ministères respectivement chargés de l’agriculture (base de données SIRE, recherche, observation du marché) et des sports (formation et équitation de tradition française), voire le Haras national du Pin.

2 - Organiser la réaffectation des personnels de l’IFCE

3 - Organiser la cession du patrimoine immobilier de l’IFCE
 
 
 
 
 
Lointain temps de la splendeur des Haras Nationaux à vocation militaire
 
 
Dès la sortie du rapport le 10 février 2016, les médias se sont penchés sur la question en résumant bien la situation, que ce soit du côté de L'EPERON (lire l'excellent article de Claude Bigeon) pour la presse hippique à destination d'un monde des sports équestres encore très dépendant des ex-HN, ou du côté de LE POINT (lire l'article), ou LE FIGARO (lire l'article), deux grands journaux plutôt portés à droite et donc toujours très friands des rapports les plus sanglants de la Cour des Comptes...
 
Dans ces 3 articles, on trouve ces extraits les plus durs : 
 
  • L'IFCE connaît un déséquilibre financier structurel. Obligé de le soutenir, l'État a été contraint d'augmenter substantiellement les subventions: elles sont passées de 41,9 millions d'euros en 2014, à 49,1 millions d'euros en 2015 (soit + 17 % sur un an) puis à 50 millions d'euros en 2016. Et pour cause : «l'IFCE a perdu l'essentiel de son activité et de sa raison d'être sans que les ajustements nécessaires aient été effectués, tant pour ce qui concerne les ressources humaines que les implantations territoriales.
     
  • Alors que les ministères de tutelle avaient demandé de mettre en place une gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences pour anticiper l'évolution des ressources humaines(...), rien n'a été fait sur ce point.
     
  • Le parc immobilier de l'IFCE, propriétaire de 2 000 hectares répartis sur 23 sites et de quelques 35 bâtiments représentant une surface de près de 200 000 m2, est jugé «d'une taille et d'un poids financier démesurés». Il était pourtant prévu que l'IFCE cède 8 haras et n'en conserve que dix, en sus de ses implantations historiques de Saumur et Pompadour. Mais, seuls deux haras ont effectivement été vendus (Annecy et Blois)
     
  • Déjà contesté dans son principe même, cet institut accumule en prime les absurdités, les manquements et les problèmes… Il y a d'abord une dispersion géographique de l'équipe de direction : le directeur général et son adjoint sont à Saumur, tandis que le secrétaire général travaille à Pompadour… Ensuite, la Cour note l'absence de comptabilité analytique fiable, des procédures d'achat totalement déficientes, un contrôle et un audit internes bien peu développés. Enfin, le déficit d'exploitation cumulé sur les cinq ans d'existence de l'IFCE s'élève à 29 millions d'euros.
     


Les premières victimes de la disparition définitive de l'IFCE seraient les 9 races de chevaux lourds en France.

 

Comme l'explique L'EPERON, les ministères concernés tempèrent les recommandations de la Cour de Comptes. D'ailleurs, si les dites recommandations étaient réellement appliquées depuis son siècle d'existence, ça se saurait ! N'oublions pas non plus que cette Cour des Comptes, dont on se demande comment ses rédacteurs peuvent s'y connaître dans les domaines qu'ils jugent tellement ils sont nombreux, se comporte comme un implacable procureur.

A la décharge de la direction des ex-Haras Nationaux et de l'actuel IFCE, ils vivent dans un monde à part, assez irréel de nos jours, qui est celui de l'Etat avec des codes politiques à respecter, un magma administratif où l'obscurantisme gestionnaire et l'irresponsabilité  des gens supposés connaître les fonctionnalités du tableau de bord nourrit tous les jours les fameux rapports de la Cour des Comptes. Dans ce contexte, la mise à nue brutale devant une glace grandeur nature ne peut faire que peur. Enfin, on est en droit de se demander en quoi les Ministères de Tutelle, qui s'y connaissent autant en chevaux que moi en patinage artistique, ont de telles leçons de gestion à donner et organiseraient à ce point mieux la machine que l'IFCE.

Enfin, ce rapport ne traite que de la période de 2010 à 2015. Il ne s'agit donc pas de fustiger l'héritage des Haras Nationaux, dont il est évident qu'ils ont très fortement contribué à la puissance de l'élevage de chevaux d'obstacle telle qu'elle est aujourd'hui, et qui a été construite depuis des décennies par des petits éleveurs qui pouvaient alors avoir accès à un très grand choix d'étalons de bonne valeur génétique à des tarifs abordables, sans oublier tous les "à côtés" pris en charge par les HN, comme les Concours de Modèles et Allures qui sont aujourd'hui la base du marché de l'obstacle international. Mais les temps ont changé et est apparu ce terme cruel au coeur de l'Etat : déficit budgétaire...

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