EPIQE : L'obstacle écarté du marketing commun des courses

07/04/2016 - Actualités
Un an après sa création, le marketing commun des courses trot / galop a dévoilé son grand plan avec la mise en avant spéciale, sous la bannière nouvelle nommée EPIQE, des 14 courses désignées comme les plus grandes en France... mais aucune en obstacle pas plus qu'au trot monté.

  

Les femmes et les hommes d'obstacle vont se demander s'ils existent encore en regardant la vidéo de promotion d'EPIQE ou en lisant quelques paragraphes du communiqué de presse. La discipline de l'obstacle y est en effet complètement écartée.

" La filière des courses de chevaux a désormais un nom et une identité. Cette nouvelle marque s’inscrit dans un projet ambitieux, celui d’unir les forces d’une filière pour replacer les courses de chevaux dans le coeur des Français.

EpiqE Series rassemble les 14 plus belles courses de Trot et de Galop disputées sur les plus beaux hippodromes français.

Cette nouvelle compétition rassemblera les meilleurs jockeys et drivers, ainsi que les meilleurs chevaux de courses de Trot et de Galop en France. "
 
Cette ambition affichée fait plaisir à lire tant l'institution des courses, surtout au galop, a manqué de volontarisme dans le domaine de sa promotion depuis des décennies, ce qui nous a fait glisser inexorablement à l'état actuel. Mais dès le premier regard, on ne peut que s'étonner de l'absence totale de l'obstacle dans le plan d'action. Le communiqué, disponible sur un site Epiqe.fr pour l'instant presque vide, explique dans les grandes lignes que :
  • Le quinté (dit course événement car le PMU a protégé l'appelation) sera diffusé sur LCI au quotidien dans une émission de 8 minutes.
     
  • Les 14 courses de l'Epiqe Series bénéficeront de grandes émissions de 45 minutes (pour lesquelles France Galop et Le Trot mettront à disposition du diffuseur des moyens techniques particuliers). Toutes ses épreuves seront également diffusées sur LCI, sauf le Prix de l'Arc de Triomphe et le Prix d'Amérique qui seront sur TF1, la "grande maison". Il y aura également un programme court hebdomadaire, sans que plus de détails ne soit indiqué.

Les 14 courses retenues se partagent équitablement entre le galop, entre juin et octobre, et le trot, entre novembre et février, mais il n'y a aucune course d'obstacle ni d'ailleurs de course au trot monté. 

 

AU GALOP : 

  • PRIX DU JOCKEY-CLUB: 5 juin 2016 à Chantilly
  • PRIX DE DIANE LONGINES : 19 juin 2016 à Chantilly
  • GRAND PRIX DE SAINT-CLOUD : 3 juillet 2016 à Saint-Cloud
  • JUDDMONTE GRAND PRIX DE PARIS : 14 juillet à Saint-Cloud
  • LUCIEN BARRIERE GRAND PRIX DE DEAUVILLE : 28 aout 2016 à Deauville
  • QATAR PRIX VERMEILLE : 11 septembre 2016 à Chantilly
  • QATAR PRIX DE L'ARC DE TRIOMPHE : 2 octobre 2016 à Chantilly


 AU TROT :

  • GRAND PRIX DE BRETAGNE : 20 novembre 2016 à Vincennes
  • GRAND PRIX DU BOURBONNAIS : 11 décembre 2016 à Vincennes
  • CRITERIUM CONTINENTAL : 25 décembre 2016 à Vincennes
  • GRAND PRIX DE BOURGOGNE : 1er janvier 2017 à Vincennes
  • GRAND PRIX DE BELGIQUE : 15 janvier 2017 à Vincennes
  • PRIX D'AMERIQUE OPODO : 29 janvier 2017 à Vincennes
  • GRAND PRIX DE FRANCE : 12 février 2017 à Vincennes
 
Nombreux se verront à nouveau considérés par les penseurs en col blanc comme participants d'une sous-discipline pour cul-terreux de province. L'obstacle de même que le trot monté, obtient en guise d'assiette du pauvre la promesse d'une émission de télé allongée pour le Grand Steeple-Chase de Paris et le Prix du Président de la République. Alors pourquoi ce choix, dans le fond ? Nul doute les agences de marketing de la capitale ont considéré l'obstacle comme une étrangeté vouée à disparaître qui ne fait que tuer les chevaux, donc impossible à vendre à une clientèle infantilisée bourrée de bons sentiments et de sensiblerie : le grand public que rien de doit froisser. Quant au monté : pareil, ca ne tue pas vraiment les chevaux mais c'est moche. Alors on balance le Prix de Cornulier par dessus bord. De toute façon, les étrangers ne sont pas concernés par l'obstacle ni le monté donc on ne pourra rien leur vendre à ce sujet : pour l'internationalisation du big show, il ne faut que ce qui est le plus facile d'accès. Et enfin, dans le cadre d'un "championnat", on ne peut aligner que des épreuves de la même discipine. Ces réflexions sont cohérentes à partir du moment où on considère les postulats de départ comme crédibles. Or, c'est à ce niveau le plus basique que la pilule risque d'être dure à avaler par les acteurs eux-même des courses, s'ils se sentent concernés par cet EPIQE.
 

Quelles seront les règles du jeu ?
 

Cette notion de championnat, dévoilée dans le communiqué de presse juste ?par ?une citation de la part de Dominique de Bellaigue, amène à beaucoup de questions pour l'instant sans réponse, puisqu'il n'est indiqué aucun détail sur la base du championnat, son enjeu, son allocation, son fonctionnement, s'il s'agit de chevaux ou de jockeys... On peine à imaginer un championnat unique réunissant des pur-sang et des trotteurs qui ne se rencontreront jamais. On imagine un championnat par discipline puisque toutes les courses d'une discipline s'adresse à peu près à la même catégorie de chevaux sur des distances proches pour le galop (entre 2100 et 2500 m), et surtout à des candidats qui peuvent tous participer au plus beau trophée de l'année : le Prix de l'Arc de Triomphe. Il fallait évidemment mettre une course à Deauville l'été, mais pas le Jacques le Marois car sur 1600 m, donc le Grand Prix de Deauville même si ce n'est qu'un Gr.2. En plus le nom sonne bien.
 
Au trot, on remarque l'éviction du Grand Prix de Paris, 3ème manche d'une triple couronne jetée aux orties. Mais puisqu'il fallait mettre les 4 "B" plus le Critérium Continental (pour le pas rater le 4 ans vedette de fin d'année comme Bold Eagle), et qu'on ne pouvait décemment pas s'essuyer les pieds sur le Prix de France avec un nom pareil, il n'y avait plus de place pour le vieux et long Paris.

Note : les plans ci-dessus tiennent parfaitement debout si on se réfère aux expériences les plus récentes de Trêve au galop et de Bold Eagle au trot. Mais la glorieuse incertitude du Turf en décide le plus souvent autrement...
 
 
Le monde des courses ne comporte aucun championnat "comme au foot" qui fonctionne
 
 
Si on sépare le plat et le galop, on remarque que les séries ont l'avantage d'être relativement intenses : sur une plage de 5 mois pour le plat et 4 mois pour le trot. Cela peut être un atout pour la notion de championnat si chère à Jean-Christophe Giletta, le directeur du marketing de France Galop, pour faire "comme au foot". En 2014, celui-ci cherchait des financiers pour lancer en 2015 son projet de "racing series" avec 34 courses dont 20 Gr.1 sur 16 journées entre avril et octobre. Cela s'inspirait des British Champions Series créées en 2011 en Angleterre, pour faire... "comme au foot". Mais malgré les efforts des communicants britanniques sur une terre pourtant très fertiles et, de plus, alimentée par les engrais généreux du Qatar déversés par Qipco, ces séries sont très loin d'obtenir les résultats escomptés.
 
D'ailleurs, à bien y réflechir, aucun exemple de ce type de championnat au long cours n'a pris corps dans le monde des courses. Le plus fameux "championnat", la triple couronne américaine, est officieux, ancestral et se limite à 3 courses sur 5 semaines. Il existe par ailleurs des surprimes et des bonus sur des séries de quelques épreuves, mais même ces diables d'Américains, rois du marking qui sont capables de faire avaler n'importe quoi au monde entier même de faire rhabiller le père Noël en rouge comme Coca Cola, ne se sont jamais lancés dans de telles opérations, pas plus qu'aucun Asiatique ni Australien dans des pays où la "com" des courses donne des résultats extraordinaires. Comment la France saura faire mieux que tout le monde ? On s'impatiente d'avoir les détails du plan de bataille avec la présentation des nouvelles armes secrètes.
 

 

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