Stacelita, la consécration d'un éleveur très connu !

La victoire de Stacelita dans le Prix de Diane apporte un vent frais dans le palmarès du Prix de Diane. Un vent de différence. En matière d’élevage, elle consacre un "jeune" éleveur du Galop, tellement honoré sous d’autres cieux, ceux du trot, qu’il semble impossible de ne pas le connaître. Qui ne connaÎt pas Jean-Pierre Dubois ? Le normand trouve avec la fille de Monsun sa première de victoire classique en tant qu’éleveur. Evidemment, cela s’entend en plat uniquement, tant son empreinte sur le trot français et mondial est puissante.

Stacelita

Jean-Pierre Dubois a connu les plus grands succès au trot et, surtout, a révolutionné la discipline par l’introduction de sang américain moderne. Maître de l’élevage, bien peu d’étalons majeurs du parc français ne revendiquent pas, à un degré ou à un autre, une référence au breton d’origine. Parallèlement, Jean-Pierre Dubois n’a jamais caché son enthousiasme pour le galop, tant le plat que l’obstacle. Dans cette dernière discipline, il ne compte pas encore de gagnants classiques, son meilleur élève étant à ce jour Othermix, 2e du Prix Cambacérès en 2007. Mais l’ampleur de son effectif lui a déjà permis d’accéder à la… première place des éleveurs par les gains en 2007 !

Jean-Pierre Dubois et Jean-Claude Rouget

Le plat évidemment confronte tout éleveur à un contexte plus ouvert et international avec des forces de frappe énormes, y compris en France. Les Wildenstein, Wertheimer et Frère ou, il y a encore pas si longtemps, Lagardère sont des valeurs sûres, au capital d’élevage bien établi. L’internationalisation de l’élevage fait aussi que le suffixe "FR" était absent du palmarès du Diane depuis 2001 et Aquarelliste. Stacelita a comblé cette absence.
Mais il ne faut pas s’y tromper, Jean-Pierre Dubois n’a rien du petit éleveur égaré dans la jungle international du pur-sang. L’homme est féru d’origine et des anciennes histoires des courses, celles oubliées qui permettent pourtant de mieux décrypter tel ou tel comportement d’un cheval en compétition. Sa victoire n’a rien d’accidentel. Ses moyens sont importants et l’effectif devenu considérable. N’a-t-il pas acheté Soignée, la mère de Stacelita, 155 000 € (yearling) en Allemagne, en association avec Rainer Engelke ?

Jean-Pierre Dubois

Une référence à Daniel Wildenstein
La rencontre avec Daniel Wildenstein, à la fin des années 1980, est de celles qui ont marqué Jean-Pierre Dubois. Si, dans un premier temps, c’est bien le professionnel du trot qui a été l’artisan des plus grands succès de la casaque bleue à Vincennes, la tendance s’inverse à présent. Jean-Pierre Dubois aime les origines "Wildenstein" et les a réinvesties. Sa meilleure poulinière à ce jour était Supergirl, une fille de Woodman, sœur de Steinlein, Seurat et Seconde Bleue. Elle a donné Super Célèbre, le dauphin de Dalakhani dans le Jockey Club, et Super Lina, une 2e du Prix Pénélope. C’est la famille de Sagace. Dorénavant, il faudra aussi écrire, "la famille de Stacelita, la 3 ans de Jean-Claude Rouget qui est arrivée invaincue au Prix de Diane et a gagné en championne, de 4 longueurs."

Monsun le père de stacelita

Le coup de fil à 155 000 €
Le papier de Stacelita est un papier moderne. Tellement moderne, qu’il y a dix ans, cinq ans, on aurait dit qu’il est "has been". Renversement des modes et des tendances, quand tu nous tiens ! Mais dans le cas présent, ce constat vaut par les résultats. Stacelita est une fille de Monsun, l’étalon miracle d’outre-Rhin (père de Manduro, Shirocco, Samum, Getaway, Le Miracle, Schiaparelli, etc.), officiellement l’étalon européen le plus cher en 2009 à 150 000 €. Pas de trace de Northern Dancer là-dedans, ni de Mr Prospector, ni de Sharpen Up, ni de Mill Reef ! Côté maternel, si ces sangs sauf Mr Prospector sont présents, ils le sont hors des canaux à la mode. Soignée est une fille de Dashing Blade et sa mère est par Fioravanti, un discret produit de Northern Dancer. Le point fort de cette lignée maternelle est son ancrage à Schönbrunn, la 5e mère de Stacelita. Excellente en compétition (1000 Guinées et Prix de Diane allemands, Grand Prix de Deauville), cette Schönbrunn allait donner pour l’élevage Wildenstein Seneca, la mère de Sagace mais aussi de Star Lift et Simply Great. Par une autre de ses filles, elle a développé la branche de Stacelita (souvenez-vous aussi de Steinlein, Seurat, voir plus haut).
Mais il faut rendre à Rainer ce qui est à Rainer. C’est Rainer Engelke, un ancien banquier allemand très proche à l’époque, ce qui est beaucoup moins vrai aujourd’hui de Jean-Pierre Dubois qui a repéré Soignée dans un catalogue de vente BBAG en 2003. Il convainc sans mal son ami normand de pousser avec lui les enchères. Les hommes sont associés sur des trotteurs. Rainer fabrique et signe "Bourbon", Jean-Pierre exploite. Les Mara Bourbon, Qualita Bourbon et Sam Bourbon sont les hérauts de ce partenariat. C’est par téléphone, que le dandy allemand passe commande, et gagne l’enchère de Soignée, à 155 000 €. C’est aussi lui qui fera le croisement avec Monsun en 2005. Mais ensuite, l’homme se retire et cède sa part à Jean-Pierre Dubois. Mystère des passions et des amitiés qui s’essoufflent avec le temps…

Soignée la mère de Stacelita

Le croisement Monsun x Dashing Blade : ça marche !
Soignée s’est révélée très bonne compétitrice, capable de gagner au niveau Listed en Allemagne à 2 ans et de prendre à cet âge la 2e place du Prix des Réservoirs en France ; et ce, malgré un début d’infection. Stacelita est son premier produit et est suivie d’une 2 ans de Footstepinthesand. La réussite générale de Monsun est doublée ici d’une affinité particulière avec Dashing Blade en position de père de mère. C’est aussi le cas de Noble Stella (une lauréate de Groupe 2 aux USA), de Soberania (placée de Groupe 2 en Allemagne) ou de Foreman (placé de Listed en Allemagne et gagnant de Groupe 1 sur les haies et en steeple outre-Manche). Il faudrait maintenant connaître la réaction du baron Georg von Ullmann. C’est lui qui a fait passer en vente Soignée. Elle avait, parait-il, un cœur trop petit pour pouvoir courir. Drôle d’idée.