Pourquoi Aidan O'Brien n'a pris que des gamelles dans le Prix du Jockey-Club

 
Aidan O'Brien après sa victoire dans le Derby d'Epsom avec Camelot en 2012. 

La réussite exceptionnelle d'Aidan O'Brien dans le Derby d'Epsom est totalement paradoxale avec ses échecs complets dans l'équivalent français, le Qipco Prix du Jockey-Club. Ainsi, la veille du classique de Chantilly, le leader des entraîneurs irlandais, titulaire de l'un des plus beaux palmarès mondiaux de l'histoire des courses, a remporté son 7ème Derby d'Epsom. Dans le Derby originel, qui se dispute au sud de Londres depuis 1780 sur le profil improbable des "downs" d'Epsom, Aidan O'Brien délègue à chaque fois une armée des meilleurs mâles de 3 ans de son écurie où les produits nés des meilleures origines de la planète se font concurrence.

Un Derby d'Epsom 2019 presque 100% O'Brien et Galileo. Le vainqueur porte la casaque rose à l'interieur.

Ainsi, dans l'édition 2019, il a sellé un record de 7 partants sur les 13 de l'épreuve. O'Brien s'impose avec Anthony Van Dyck, qui n'était pas son préféré, associé à l'éternel jockey de 3ème choix Seamus Heffernan. A part la 2ème place, O'Brien truste toutes les autres places du quinté gagnant. Alors tout jeune entraîneur avec son eternel tête d'étudiant en droit, Aidan O'Brien a décroché son 1er ruban bleu en 2001 avec le crack Galileo, futur chef de race avec les fils duquel il s'est imposé à 3 reprises en 2013 avec Ruler of the World, en 2014 avec Australia et cette année avec Anthony Van Dyck. Hier, sur ses 7 partants, il a sellé 5 fils du chef de race Galileo. 

La victoire de Galileo en 2001

En France, c'est exactement l'inverse. Certes, on peut penser qu'il n'envoit pas ses meilleurs produits à Chantilly. Pour tout anglais ou irlandais, le Derby d'Epsom reste de très loin la plus grande course qui puisse exister et l'objectif suprême à atteindre. Pour un entraîneur classique installé Outre-Manche, sacrifier une tentative dans le Derby d'Epsom pour privilégier le Jockey-Club doit avoir une raison majeure. Souvent est invoqué le parcours très vallonné d'Epsom qui peut en rebuter certains. Et il ne faut pas oublier qu'O'Brien entraîne l'effectif de Coolmore Stud, le plus grand haras commercial du monde. Son objectif est de gagner des grandes courses pour fabriquer des étalons dont il faudra vendre un maximum de saillies avec  les plus gros tarifs possibles. Le rôle d'O'Brien est de faire tourner la machine à rêve, dont le plus puissant des carburants est le Derby d'Epsom. On constate à l'occasion que les histoires de distance, supposément trop longues de 2400 m, ne changent rien à cet état de fait. 

 
Highland Reel a offert son meilleur classement à Aidan O'Brien dans le Prix du Jockey-Club, étant 2e en 2015. (Photos APRH)

Néanmoins, en regardant de plus près les poulains envoyés par O'Brien à Chantily depuis 21 ans, il n'y a pas que des seconds couteaux ! A 29 ans, il avait du être encouragé par sa 1ère tentative en 1998 avec Saratoga Springs, qui avait conclu 4ème de Dream Well. Mais ensuite, il a terminé au mieux en tête des battus, voire archi-battus, et a dû attendre 2009 pour enfin rentrer dans le tiercé, avec la 3ème place de Westphalia en 2009 derrière Le Havre. Puis, après 3 ans d'échecs et deux ans d'absence, O'Brien obtient son meilleur classement, une 2ème place, avec le futur champion international Highland Reel. L'an dernier, il envoie un quatuor mais subit une nouvelle gamelle.

En 2019, il a 3 partants tous issus de Galileo : Mohawk avec son fils Donnacha, Blenheim Palace avec Seamus Heffernan,  et Cape of Good Hope avec son 1er jockey Ryan Moore. Inscrira-t-il son nom pour la 1ère fois au palmarès ?