L'histoire de DNA : Galopin et St Simon, les brassicourts

18/07/2019 - Grand Destin
 Les vieux acheteurs de chevaux d'obstacle de la campagne aiment à répéter que les chevaux brassicourts sont plus solides que les autres ! DNA (Thierry Grandsir leur donne raison avec la fabuleuse histoire du brassicourt et ensellé Galopin, dont le fils St Simon, affublé du même défaut, n'en n'est pas moins à l'origine de 100% des pur-sang aujourd'hui dans le monde !


Galopin, ensellé et brassicourt, présentait un physique à faire peur !

 

A l’inverse des aplombs vus de face, ceux que l’on relève de profil se transmettent volontiers. C’est notamment le cas de l’appui qualifié de brassicourt, qui se caractérise par des genoux en avant (à l’inverse des genoux creux). Considérée comme étant un défaut si l’on se réferre aux canons de la beauté chez le cheval, cette disposition peu esthétique est pourtant synonyme de solidité, qualité indispensable au cheval de course.

Une des grandes lignées mâles historiques de la race pure s’est d’ailleurs fait une spécialité de propager ce type d’appui, à savoir celle de Galopin dont le modèle, fortement ensellé, ne faisait pas de lui une peinture. Né en 1872,ce fils de Vedette fut pourtant un cheval de très grande classe qui remporta dix de ses onze sorties à 2 et 3 ans dont le Derby (Gr.1) à Epsom,sa dernière apparation publique.

 


Une carrrière dont l’interruption ne fut pas motivée par la fragilité du cheval mais par celle de son propriétaire, passablement cardiaque : c’est en effet le médecin de ce dernier qui délivra une ordonnance médicale décrétant que Galopin ne devait plus courir, pour éviter les trop fortes émotions qui envahissaient son patient à chacun de ses exploits !
 
Ainsi orienté prématurément vers le haras, Galopin y effectua des débuts timides avant de se classer tête de liste des pères de gagnants à trois reprises en GB, produisant au total neuf gagnants de Gr.1 dont son chef d’œuvre, le grand Chef de Race St Simon. Ses produits possédaient beaucoup d’influx et de trempe, des tissus denses et de bons tendons,mais ils étaient parfois un peu réduits et légers et non dénués de caractère. Sa descendance n’a pas brillé par sa précocité mais elle fit preuve d’une grande tenue classique.
 
 
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St Simon, terriblement brassicourt, est à l'origine de tous les PS du monde aujourd'hui !
 
 
Fortement brassicourt à l’image de son père, masculin et puissant (1,64 m), solide et doté d’un tempérament très affirmé, St Simon était issu d’une jument âgée de 16 ans qui n’avait rien produit de notable avant lui. Notons que la largeur de sa gorge mesurait 11,7 cm, soit la valeur la plus élevée jamais relevée sur un pur-sang !
 
Etait-ce là une de ses forces majeures, St Simon était en tout cas doté d’aptitudes exceptionnelles et très polyvalentes, se montrant aussi impressionnant sur 1000 m comme sur 4200 m. Malheureusement pour lui, son éleveur-propriétaire, le Prince Batthyany, disparut lorsque son cheval n’avait que deux ans. En ce temps là (nous sommes en 1883), le décès d’un propriétaire entraînait d’office l’annulation de tous ses engagements classiques, et St Simon dût ainsi se rabattre sur un programme alternatif, pour le compte du Duke of Portland. Qu’importe, il demeura invaincu en dix sorties dont l’Ascot Gold Cup (Gr.1) et la GoodwoodCup (Gr.2), laissant chaque fois son poursuivant immédiat 20 longueurs derrière lui…
 
Entré au haras à 5 ans en GB, il se classa neuf fois tête de liste des pères de gagnants (un record que seul Sadler’s Wells parvint à effacer un siècle plus tard), et six fois tête de liste des pères de mères. Bai pur et vecteur de solidité et de tenue, St Simon s’est éteint à l’âge vénérable de 27 ans, en 1908, laissant derrière lui 554 foals dont 20 gagnants de Gr.1 et 89 étalons.
 
Le legs de St Simon est inestimable : aucun de nos pur-sang contemporains n’est exempt de son sang, et son nom figure plusieurs dizaines de fois dans tous les pedigrees (23 fois dans celui de NorthernDancer et 28 fois dans celui de Mr Prospector). La bagatelle de 152 gagnants de Gr.1 sont porteurs d’un inbreeding en 4x4 ou inférieur sur St Simon, ce qui en dit long sur la qualité de sa génétique !
 
La lignée mâle établie par St Simon se développa via plusieurs rameaux majeurs dont ceux établis par ses fils Chaucer, Desmond, Persimmon, Rabelais et St Frusquin. Parmi ses descendants directs les plus influents figurent Massine, Prince Rose, Bois Roussel, Wild Risk, Sicambre, Princequillo, Charlottesville, Prince John, et surtout l’invincible Ribot dont la lignée est encore vivace de nos jours, via Alleged notamment.
 
S’il vous arrive un jour d’élever ou d’acquérir un poulain brassicourt, voire passablement ensellé, alors précipitez vous chez votre cardiologue car ce sujet, héritier de Galopin et de St Simon, pourrait bien être la source de trop fortes émotions !

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