Breeders'Cup : l'agent de Flavien Prat, Derek Lawson dit " merci André !"

31/10/2019 - Grand Destin
 Envoyé spécial aux Etats-Unis pour la Breeders'Cup, Fabien Cailler a rencontré l'agent du jockey français Flavien Prat, devenue une superstar américaine à tel point qu'il sera le 1er pilote de l'histoire à monter les 15 épreuves de l'événement, ce week-end à Santa Anita. Filleul officiel de Marlène Dietrich, Derk Lawson est un personnage très atypique.

Derek Lawson, le filleul de Marlène Dietrich et agent de Flavien Prat.
 
 
Son pedigree aurait l’amener au pied de la colline d’Hollywood mais il a choisi celles de San Gabriel qui dominent l’horizon de Santa Anita. Rencontre avec le francophile Derek Lawson, l’agent de Flavien Prat pour qui il ambitionne les plus grandes réussites. Et tout ça grâce à qui ? À André Fabre. Vendredi et samedi, sa star sera en lice dans toutes les courses labellisées Breeders Cup, une première pour un jockey non-américain. Exceptionnel.
 
Une mère franco-américaine ballerine, un père évoluant dans le monde du spectacle, Derek Lawson a finalement préféré les pistes de courses aux planches et aux studios de cinéma. Passionné de sport et notamment de course à pied, il a pour idole Guy Drut plutôt que Marlene Dietrich qui est pourtant sa marraine. « Je crois qu’elle est surtout venue à mon baptême, point barre. » C’est donc sur le terrain hippique que le quinquagénaire évolue le mieux aujourd’hui. Il est même en passe de devenir riche dans un pays où parler d’argent n’est pas tabou grâce à son association avec Flavien Prat, sa star à lui.
 
 
flavien prat
Flavien Prat, lauréat du Kentucky Derby 2019 sur le tapis vert.
 
 
Son arrivée dans le milieu des courses :
 
« Personne de ma famille n’a évolué dans le business des courses. Je me suis lancé dans le cadre de la promotion du meeting d’hiver de l’hippodrome d’Hollywood Park. En intégrant ce business, je me suis rendu compte que les jockeys travaillaient de plus en plus avec des agents et cela m’a inspiré pour embrasser une nouvelle carrière. Je ne suis pas homme de cheval donc l’option de devenir entraîneur ne m’a jamais effleuré l’esprit. Et puis j’avoue avoir été impressionné par les jockeys : les chevaux passent après deux ou trois ans de carrière quand les jockeys restent. Et ils reviennent tous les jours : j’ai trouvé cela beaucoup plus fascinant que d’entraîner des chevaux. »
 
Allez les Bleus ! 
 
« Le métier d’agent n’est pas particulièrement difficile à partir du moment que vous avez avec vous un talent comme Flavien Prat. J’ai eu la chance de croiser sur mon chemin Yves Saint-Martin quand il était venu monter Last Tycoon lors de la 3ème édition de la Breeders’ Cup, c’était ici à Santa Anita. J’ai ensuite été amené à travailler avec le fils de celui-ci, Eric. Et j’ai toujours considéré que les jockeys français sont les meilleurs du monde : où que vous alliez à travers la planète, les jockeys réussissent. On a déjà évoqué Yves Saint-Martin, on peut aussi citer Freddy Head, forcément, et puis plus récemment Oliver Peslier et regardez ce que réalise Christophe Lemaire au Japon ! Je m’étais donc donné comme mission de trouver un jour le meilleur jeune Français pour l’accompagner vers les sommets. Je n’ai pas pu travailler avec Julien Leparoux qui ne souhaitait pas rester en Californie ou son beau-frère Tony Farina qui ne souhaitait pas rester aux Etats-Unis. Aujourd’hui, Flavien et Florent Géroux excellent ici en Amérique. »
 
 
 
 
La rencontre avec Flavien Prat
 
« Flavien avait 17 ans et venait de débuter son apprentissage quand je l’ai vu pour la première fois. Il était venu passer un hiver chez Leo Powell à Hollywood Park. Je voyais ce jeune gars monter tous les matins et c’est là que nous avons fait connaissance. L’année suivante, quand il est revenu, je lui ai proposé mes services le plus simplement du monde en lui disant :  ‘si tu veux monter l’après-midi, laisse-moi être ton agent et tu pourras participer à des courses. On a gagné deux-trois courses. C’est lors de sa quatrième venue, alors qu’il était en contrat de 2ème monte avec la casaque Wertheimer que je me suis dit qu’on avait à faire à un futur grand. Mais impossible d’imaginer qu’il s’installe ici puisque sa situation suggérait qu’il deviendrait un jour numéro 1. »
 
Une bouteille de Cristal attend André Fabre
 
« Le jour où j’apprends qu’Olivier Peslier quitte la casaque Wertheimer, je me dis c’est fini avec Flavien, il ne reviendra plus. Mais André Fabre demande à Maxime Guyon de devenir numéro 1 tout en gardant Flavien dans le rôle de numéro 2. J’ai alors tenté le tout pour le tout et lui ai dit : ‘Tu peux venir en Amérique et je pense que tu pourras devenir numéro 1 mais il faut prendre la décision de venir. Mais tu ne pourras pas venir que pour deux ans, il faut venir cinq ans, je vais faire en sorte de gérer ton visa et tu seras numéro 1 en Californie et un des meilleurs aux Etats-Unis.’ Il m’a dit ok tout en spécifiant qu’il fallait gérer aussi la situation personnelle avec sa fiancée. La première année, on a gagné notre vie, la deuxième saison, on a commencé à performer en faisant 12,3 millions de dollars de gains, puis 12,9 millions de dollars l’année suivante et cette année, ce sera plus de 15 millions de dollars avec, cerise sur le gâteau, le fait qu’il monte les quinze courses de la Breeders Cup ! Une vrai success-story à l’Américaine.
Finalement, je n’aurais qu’une chose à dire : ‘Merci André ! Merci de ne pas avoir propulsé Flavien jockey numéro 1. Sinon cette histoire n’aurait jamais vu le jour. Du coup, André si tu m’écoutes, sache que j’ai une grande bouteille de champagne Cristal au frais pour te remercier.’»
 
Et les objectifs ?
 
« Je ne suis pas du genre à fixer des objectifs ni de dire comment monter une course. Mon job, c’est de lui trouver des montes. C’est fait. À lui de jouer maintenant. Il me semble que Donna Veloce dans la Breeders CupJuvenileFillies de vendredi sera une de ses meilleures chances. Je dirais que si, samedi soir, Flavien remporte le Bill ShoemakerAward (qui sacre le meilleur jockey des deux jours), on aura bien travaillé. Et puis si dimanche il peut être sacré jockey numéro 1 du meeting de Santa Anita, ce serait également parfait (il a pour le moment un gagnant de retard – NDLR : avant les courses de ce jeudi). J’ai toujours pensé qu’il était le digne héritier d’Yves Saint-Martin et je le lui ai dit. Donc prochain objectif, briller vendredi et samedi et ensuite décrocher un Eclipse Award. »

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