L'histoire de DNA : Commando, le domino double six

22/11/2019 - Grand Destin
 Rédacteur de vos chères histoires de DNA pedigree, Thierry Grandsir devient joueur et se met à taquiner le domino en vous contant l'histoire de Commando. Il faut le lire pour le croire.

COMMANDO (USA), m. 1898–1905,par Domino et Emma C (Darebin)
 

Videz la boîte de dominos sur la table de jeu et comptez-les. Vingt-huit ? C’est bon. La partie peut commencer ? Eh non, il y en a neuf de trop. L’étalon américain Domino, né en 1891 des œuvres de Himyar et de Mannie Gray, n’eut en effet que dix-neuf produits vivants au haras, ayant succombé à une méningite spinale dûe à une suralimentation de grains et de maïs. Il n’avait que 6 ans… 

Véritable athlète bien que souffrant de sore-shins aux antérieurs, quasi-invincible jusqu’à 1600 m, Domino remporta 9 victoires en autant de sorties à 2 ans dont les Futurity St. (Gr.1),en prélude à 10 succès en 16 courses à 3 et 4 ans dont un dead-heat avec le classique Henry of Navarre. Surnommé the black whirlwind (= le tourbillon noir) car réputé galoper plus vite que le vent, Domino est ensuite devenu le père de la gagnante classique Cap and Bells qui fut la première pouliche née aux USA ayant remporté les Oaks St. (Gr.1) et ce par 6 longueurs, en 1901 !
 
 
 
 
 

Un camouflet pour les éleveurs britanniques, qui considéraient d’ailleurs l’étalon Lexington, sur lequel Domino était inbred en 3x4x4, comme un cheval impur aux origines douteuses. Lexington, dont la statue trône encore aujourd’hui dans la ville de … Lexington (KY), était pourtant un descendant direct de Diomed, le premier gagnant du Derby de l’Histoire en 1780, qui avait été exporté aux Etats-Unis à l'âge de 20 ans comme étalon dans le New Jersey !
 
Reprenons maintenant notre jeu de dominos. Celui qui pioche le double six commence :et c’est Commando qui, avec six courants de sang de Boston (le père de Lexington) dans son pedigree, engage la partie .Pour l’anecdote, son éleveur s’était vu offrir sa mère Emma C par son ancien propriétaire qui la jugeait si laide et si grossière qu’il se sentait offensé par sa présence dans son haras !
 
 

Domino
 

Plus puissant et logiquement moins distingué que son père Domino mais tout aussi doué et précoce, Commando remporta 5 de ses 6 premières sorties pour décrocher le titre de Champion des 2 ans aux USA. Vainqueur des classiques Belmont St. (Gr.1) pour sa rentrée à 3 ans, il se plaça ensuite deuxième du Lawrence Realization, malheureusement accidenté en fin de parcours. Direction le haras pour y remplacer son père, plus tôt que prévu…
 
Une nouvelle manche de notre championnat de dominos s’engage mais là, il en manque un sur la table : Commando n’aura eu en effet que 27 produits vivants. Après s’être coupé un sabot en éclatant une pierre durant une promenade au tout début de sa quatrième saison de monte, Commando contracta le tétanos et périt en moins de 48 heures…
 
Une très lourde perte pour l’élevage américain auquel Commando aura offert 10 gagnants de Stakes (soit 37% de sa production totale !), dont les vainqueurs des Belmont St. (Gr.1) Colin et Peter Pan et les lauréats du Brooklyn Handicap (Gr.1) Celt et Superman. Une poignée de foals aura suffit pour le propulser tête de liste des pères de gagnants aux USA, en 1907 !
 
La dernière manche de notre tournoi de dominos s’engage, avec la lignée mâle érigée par Commando via ses fils Colin, Peter Pan et Ultimus. Le premier nommé est encore représenté aux USA via les descendants du Chef de Race AckAck, bien connu chez nous pour avoir conçu le Champion Youth, vainqueur du Prix du Jockey Club (Gr.1) en 1976 et père du gagnant de Derby (Gr.1) Teenoso. Mais c’est aujourd’hui le Chef de Race Broad Brush qui perpétue le sang de Colin outre-Atlantique, notamment via son fils Include. Signalons au passage que ce dernier compte une quinzaine de lignes du sang de Commando dans son pedigree !
 
 
 
 
De son côté, Peter Pan se sera montré le plus prolifique en lignée mâle, via Pennant et surtout Black Toney, à l’origine de Blue Larkspur, Crimson Satan, Double Jay, Bimelech, To Market, autant d’étalons ayant fortement marqué la jumenterie américaine de leur empreinte génétique.
 
Mais le plus étonnant est sans doute le fait que Domino, avec seulement 19 foals, aura servi de base à une cascade d’inbreedings plus concentrés et plus efficaces les uns que les autres : 26 gagnants de Gr.1 sont en effet inbred sur Domino à 4 générations dont Alcibiades (son fils Menow est devenu le grand-père de Buckpasser) et Case Ace (père de mère de Raise a Native, le géniteur de Mr Prospector), sans oublier la jument d’élite Miyako (deuxième mère de Native Dancer)…
 
En résumé, vous pouvez décortiquer n’importe quel pedigree classique, et vous déclencherez une … cascade de Domino !!!

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