Robert Waley-Cohen: l'homme qui élève des "Fr" en Angleterre

Les britanniques achètent par wagons entiers depuis des années des sauteurs, presqu'uniquement des hongres avec de rares exceptions comme les femelles Lady Cricket ou autre Pomme Tiepy. La politique de Robert Walet-Cohen est inverse. Dans ce contexte, c'est plutôt le fait qu'il ait acquis le hongre Long Run qui soit atypique, et conséquent de la réussite qu'il avait eu avec une de ses soeurs. Sextuple gagnant de Groupe, Long Run a réussi le doublé Prix Cambacérès (Gr.1) à 3 ans et Prix Maurice Gillois (Gr.1) à 4 ans, unique en son genre.

Robert Waley-Cohen

Comment et pourquoi a-t-il acheté Long Run


"J'ai acheté Long Run parce que je possédais déjà sa soeur Liberthine (Chamberlin). Celle-ci avait gagné une bonne course de haies à Auteuil devant Ladykish puis s'est accidentée à 4 ans. Soignée, elle est revenue en course en Angleterre, où elle a gagné 1 Gr.3 pendant le festival de Cheltenham, puis un steeple-chase à Aintree sur les obstacles du Grand National, montée par mon fils Sam."

Long Run

" Dans la foulée, j'avais acheté son jeune frère Bica (Cadoudal), encore inédit, qui a gagné 4 courses à Auteuil et en Angleterre. L'année dernière, je suis venu à Paris pour la journée du Grand Steeple-Chase et Long Run courait. Comme il était frère de Liberthine et Bica, et qu'il avait fini 2e du Prix Wild Monarch en débutant, je suis logiquement allé le voir dans les écuries. Il m'a plu et j'ai rencontré Benoit Gabeur, son propriétaire éleveur, pour l'acheter. Malheureusement pour moi, ce jour là, Long Run a gagné (Le Prix Stanley, Listed) et le tarif s'en est trouvé sensiblement augmenté!"

Long Run sur la rivière des tribunes à Auteuil

« Faire débuter les chevaux en France, puis les conduire en Angleterre… »


Long Run est donc parti en Angleterre à la fin de sa saison de 4 ans, suivant la politique de Robert Waley-Cohen, établie sur une simple question de logique. " Il est très judicieux de faire courir les sauteurs en France à 3 et 4 car le programme y est protégé pour les jeunes chevaux. En revanche, la saison de 5 ans y est très difficile. C'est là qu'il est pertinent de faire poursuivre une carrière en Angleterre, dans le circuit des novices. C'est pourquoi Long Run n'a pas couru en steeple-chase avant le 1e mai 2009 (NDLR: il a gagné d'emblée le 3 mai...). Il va donc pouvoir courir une saison complète avec des novices sur les gros obstacles."

Long Run a réussi le doublé Prix Cambacérès-Prix Maurice Gillois

« …et revenir gagner le Grand Steeple-Chase de Paris ! »


" Mon rêve est de ramener un grand cheval d'Angleterre pour essayer de gagner le Grand Steeple-Chase de Paris. La date, fin mai, est idéale. D'ailleurs, Willie Mullins vient gagner de bonnes courses de haies en arrivant d'Irlande."

Dans l’attente de cette perspective, Long Run, désormais confié à Nicky Henderson, se dirige vers 1e grand objectif: le Gr.1 sur les 4800 m du steeple-chase de Cheltenham, pendant le festival 2010.

Sam Waley-Cohen s'occupe des chevaux de son père en Angleterre. Amateur, il a gagné à Auteuil.

"L'élevage est fait par des fous et pour des riches"


Robert Waley-Cohen réaliserait alors son rêve. Pour autant, il a décidé de le poursuivre en empruntant une autre voie que celle de l'achat pur et simple d'un cheval apte à courir, voir d'un poulain. Depuis presque 10 ans, il élève chez lui, près de Cheltenham. "J'ai aujourd'hui 7 poulinières, qui sont toutes d'une valeur handicap au moins égale à 70 kgs. Ici en Angleterre, il se dit que l'élevage est fait par des fous qui fabriquent des chevaux que des riches achètent. Je ne suis pas assez riche pour être compétitif au top niveau avec mes compatriotes. Pour moi, la meilleure solution pour atteindre les sommets reste l'élevage. Et les meilleures juments se trouvent en France car le programme de courses réservées aux femelles y est incomparable."
 

Le dernier achat d'une excellente femelle par Robert Waley-Cohen,
Stravinsky Dance va recourir cette année en Angleterre

" Les irlandais et les anglais ne vendent jamais leurs bonnes femelles "


" Par ailleurs, un irlandais ne vendra jamais une bonne jument car il considère que c'est son avenir. Un anglais ne vendra pas non plus car il voudra conserver sa gloire pour lui tout seul! En revanche, en France, les gens sont prêts à vendre. Ils vendent cher, mais ils peuvent vendre. Enfin, les pouliches sont meilleur marché que les hongres. Il est évident que leur tâche est très difficile au plus haut niveau du steeple-chase, à l'exception notable de Princesse d'Anjou. Pour moi, une bonne pouliche est ma voie vers l'avenir. "

Fruit de la politique d'élevage de Robert Waley-Cohen, Brighter Later a gagné le Prix Santo Pietro
fin novembre à Auteuil sous la casaque de son associé Madgalen Bryant.

" Mes juments vont à la saillie en France, en Angleterre et en Irlande. Les produits naissent chez moi, y sont élevés, débourrés, pré-entraînés, puis à l'automne de leur 2 ans ou le printemps de leur 3 ans à l'entraînement en France, chez Guillaume Macaire, Marcel Rolland, Jehan Bertran de Balanda ou Dominique Bressou. Au cas où un poulain ne parait vraiment pas précoce, il reste en Angleterre et débute plus tard ici, où on peut faire débuter des chevaux de 5 ans dans des courses de novices, ce qui est impossible en France. "