Les stars de Hong Kong, qui sont-ils vraiment ?

18/12/2009 - Actualités
Hong Kong est née et continue d'exister avec une vocation de plaque tournante. Lors du dernier meeting international, pour la planète de l’élevage, les 4 grandes courses ont passé le flambeau du vainqueur de la France bien de chez nous au plus lointain exotisme.

 

Le talent tout particulier de Vision d'Etat est un joyeux mystère génétique. La mère était certes bonne avec un pedigree robuste, mais seulement en obstacle, dans des exercices radicalement différents des 2000 m de la Hong Kong Cup. Vision d'Etat a été acheté yearling à Deauville par Jacques Détré pour la somme de 39.000 €, ce qui était pouvait sembler surpayé en ne suivant que le pedigree, même si la 4e mère avait produit 2 championnes: Mi Carina (Prix Vermeille, Gr.1) et Sweet Folly (Ladies Hp, Gr.1).

Seulement voilà, l'élève de Gaëtan Gilles présenté par le Haras de Grandcamp dégageait une impression folle et il avait une façon de marcher unique en leur genre. Lors des dernières ventes de Décembre, une soeur de Vision d'Etat par Cadoudal nommée Miss Canon a été rachetée pour la somme de 16.000 €, présentée pleine de Smadoun. Même si ses deux 1e produits n'ont pas brillé, cela ne fait pas bien lourd pour la soeur d'un tel champion. Pour rappel, en 2006, époque d'embellie dans les marchés, les 39.000 € de Vision d'Etat étaient encore très loin du top price à 200.000 € consentis alors pour Nouveau Roi, lequel a quand même gagné cet automne une bonne course à Auteuil, après avoir été revendu aux Papot pour...beaucoup moins cher.

 

Vision d'Etat, vainqueur de la Hong Kong Cup



Vision d'Etat et les marchands de bonheur



Mais entre temps, il y eu la "Kaldoun touch". Cet étalon miracle fut de son vivant un marchand de bonheur tant il a amélioré des juments de bas de gamme. Même mort et enterré, il continue d'agir à travers ses descendants mâles, en l'occurrence son fils Smadoun, qui est le père de Chichicastenango, auteur de Vision d'Etat. Les descendants de Kaldoun sont légions en France. En se focalisant sur le cas de Smadoun, toujours bien vivant au Haras des Sablonnets, on ne trouve plus son fils Chichicastenango qui est parti au Japon l'hiver dernier mais maintenant son petit fils Chichi Creasy, installé depuis l'an dernier au Haras de Grandcamp. Dernièrement, Blue Bresil, fils direct de Smadoun est arrivé au Haras de la Croix Sonnet.

 

Kaldoun, étalon miracle



Daryakana, pour ses frères



Restant invaincue en 5 courses à 3 ans lors de sa victoire dans la Hong Kong Vase, Daryakana fait finalement aussi bien dans son style que sa mère Daryaba, lauréate du Prix de Diane 1999. Cette dernière est par Night Shift, avec une mère par Vayrann. On voit bien là le changement radical de comportement de l'Aga Khan quant aux choix de ses étalons entre la fin des années 80 et le milieu des années 90. Excellente poulinière, Daryaba n'a donné que des bons chevaux. En effet, parmi ses 5 produits, on trouve Daryamar (Machiavellian), placé de listed, Douraya, gagnante bien que fille de Sendawar, Dardiana (Dalakhani), 2e de son unique sortie, mais aussi Daramsar, un fils de Rainbow Quest que la commission d'achat des Haras Nationaux ont eu la judicieuse idée d'acquérir en 2008. Ce dernier, vainqueur du Prix du Conseil de Paris (Gr.1) a été remarqué à la récente présentation des étalons de Cercy-la-Tour.

 

Daryakana (à droite) remporte le Hong Kong Vase devant les 2 autres
français Kasbah Bliss (en jaune) et Cirrus des Aigles (à gauche)

 


Mais Daramsar n'est pas le seul étalon qui bénéficie de la victoire de sa soeur Daryakana. En effet, cette fille de Selkirk, aujourd'hui réformé pour cause d'infertilité, n'a qu'un et un seul frère de père installé reproducteur en France, Prince Kirk, lequel a d'ailleurs réussi quelques coups d'éclat avec ses 1e deux ans en 2009.

 

 

Frère de Daryakana, Daramsar est installé étalon au Haras de Cercy (58)




Good Ba Ba de la famille de Miesque


Il a remporté le Hong Kong Mile pour la 3e fois consécutive, ce qui est un exploit unique en son genre. Il retrouvait à l'occasion Olivier Doleuze, son partenaire de 2007, remplacé en 2008 par Christophe Soumillon. Egalement lauréat du Champions Mile, dela Steward's Cup et la Jubilee Cup, Good Ba Ba est un pur américain mais dont la souche est bien connue en France.

 

Good Ba Ba gagne le Hong Kong Mile pour la 3e fois consécutive



En effet, sous la casaque et l'entraînement de Criquette Head, la mère Elle Même a gagné un handicap sur 1600 m à Maisons-Laffitte en 1997. Presque tous les frères et soeurs d'Elle-Même ont couru en France, surtout Sakura Béring, 3e du Prix André Babouin (Gr.3) à Lyon. Le niveau était nettement supérieur à la génération précédente. Holy Tobin, la grand-mère de Good Ba Ba, est une soeur de Pasodoble, qui a fondé une dynastie en donnant naissance à la crack Miesque.

Good Ba Ba a été élevé dans le Kentucky par le Haras Santa Maria de Araras. Agé de 7 ans, il aligne des ascendants mâles qui ont vu leur gloire se faner avec le temps, soit Lear Fan, Zilzal et JO Tobin. A noter qu'il n'y a qu'1 seul descendant de Lear Fan (Roberto) en France, Loup Solitaire, qui lui fonctionne très bien au Haras du Grand Chesnaie.

 

Miesque, cousine de Good Ba Ba



Sacred Kingdom et les conquérants des antipodes

Comme son prédécesseur Silent Witness au titre de champion sprinter de Hong Kong, le phénomène de vitesse Sacred Kingdom est lui un pur australien. Avec les sprinters, les hongkongais savent qu'ils peuvent se battre et gagner à l'étranger. Ils tentent le coup régulièrement. Silent Witness avait battu les meilleurs japonais à Nakayama. Sacred Kingdom a tenté sa chance à Ascot l'an dernier, finissant 5e du Golden Jubilee. Notons que, sans passer par la case Hong Kong, les australiens viennent aussi directement en Europe. Takeover Target a ainsi remporté les King's Stand Stakes (Gr.1) à Ascot. Un des meilleurs sprinters d'Europe actuellement, War Artist en un fils australien d'Orpen.

 

Sacred Kingdom, un des meilleurs sprinters du monde

 

 

Fairy King en père de père, c’est rare

 

Sacred Kingdom est lui un fils d'Encosta de Lago, qui est une exception. En effet, ce gagnant de Gr.1 aux Antipodes a été sacré meilleur étalon national au terme de la saison 2007/2008, ce qui a même conduit Coolmore, son détenteur, à l'importer en Irlande en 2008. Et pourtant, c'est un fils de Fairy King, dont on sait qu'il est un père de père très décevant. Lui qui a produit 15 gagnants de Gr.1, ses fils ont couté très chers à ses supporters, d'Hélissio à Second Empire en passant par Revoque, Turtle Island et Oath. Falbrav a fait des gagnants en Australie, en Angleterre et en Australie sans vraiment décoller. Finalement, Victory Note, qui vient de quitter le Haras de la Reboursière et du Montaigu pour partir en Angleterre, s'est en plutôt bien sorti dans ce contexte.


 

Encosta de Lago, fils de Fairy King et père de Silent Witness

 

Le père de mère, Zéditave, totalement inconnu dans l'ancien monde, a été le champion sprinter de sa génération, quintuple vainqueur de Gr.1. Plus célèbre, le père de la grand-mère, Sir Tristam a été le chef de race australien qui a beaucoup marqué l'élevage local avant l'arrivée des missionnaires de Coolmore, Danehill et donc Fairy King en tête.

 
L'histoire de l'importation de l'ancêtre américaine de Vodka au Japon au début du 20e siècle a été contée récemment dans ses colonnes. Ici, l'histoire remonte aussi à l'époque des conquérants, puisque la souche de base de Sacred Kingdom remonte au voyage d'une certaine Eulogy de l'Angleterre en Nouvelle-Zélande. Et pour cela elle n'a pas pris l'avion, étant née en...1911 !
 

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