Nicolas Devilder : le fil et la patte

17/06/2010 - Focus Elevage
Nouveau jeu très à la mode depuis que 20 millions de français se sont rués dans les salles obscures : demander à Nicolas Devilder de parler avec un drôle d'accent "ch'ti" et de manger une fricadelle à la Baraque à frite.  

Cela ne paraît pas si évident à priori, tant son visage et son nom sont connus dans l'ouest depuis des lustres, mais Nicolas Devilder est un nouvel arrivant en Anjou. Il vient de loin, très loin point de vue d'Angers. Il vient du grand nord, enfin du nord tout simplement, cette étrange région de France qui est passée du mépris à la gloire à la faveur d'un film.

Bien avant le 7e art, il y avait des gens qui vivaient dans le Nord. Preuve vivante : Nicolas Devilder, ancien industriel du Nord qui s'est tellement bien adapté à l'Anjou qu'il a été élu président de l'Association des AQPS de l'Ouest durant 6 ans ! Il a désormais cédé sa place à Michel de Gigou, l'ancien président de l'Association Nationale des AQPS.

Nicolas le ch'nordiste

Que fait-on dans le Nord ? Le charbon c'est fini. Restent le textile et le football. Nicolas Devilder n'a jamais fait de football depuis l'école. Alors il a fait du textile. Et des chevaux aussi. Les deux sont des passions familiales. Il a repris l'usine de son père, lui-même un grand amateur d'hippisme. "Mon père a 81 ans, il monte encore tous les jours à cheval au Touquet. Les chevaux, c'est une passion de gamin."

Il passe sa vie au Croisé-Laroche, mais ce ne sont pas les courses qui le motivent au départ. "Je faisais du concours complet. Quand j'ai arrêté de monter en compétition, j'avais un cheval de complet qui avait fait des courses dans sa jeunesse. J'ai essayé de le remettre sur les pistes! Ca a plutôt bien marché, le cheval a pris des places en obstacle. Alors j'ai attrapé le virus des courses. J'ai pris une poulinière, et ainsi de suite..."

 

 

Le concours complet en compétition

L'aventure de Nicolas Devilder est donc partie de la frontière belge il y a 25 ans, puis est descendue progressivement vers le soleil un sud baigné de soleil et de lumière, un pays où il ne fait jamais gris, un pays où même la pluie est chaleureuse, l'Anjou...(On peut toujours y croire)

"J'ai gardé l'appellation des Obeaux, car c'était le nom de ma maison dans le Nord. Je suis venu vers l'ouest au début car j'avais des chevaux à l'entraînement au Mans chez Eric Lemartinel. Je louais alors le Haras de Mortrie, à côté du Haras de Maulepaire. Puis j'ai pu acheter des terres en Mayenne, entre Château-Gontier et Sablé-sur-Sarthe."

En 2002, c'est le grand saut. Nicolas Devilder vend la filature dans le Nord. La famille décide de se rapprocher des chevaux. La Mayenne ? C'est beau, mais pour aller voir le dernier chef d'oeuvre coréen du génial cinéaste Kim Ki Duk, il faut se lever de bonne heure. Et même en se levant de bonne heure...

A Angers, il y a une salle de cinéma d'art et d'essai. Alors les Devilder trouve deux propriétés voisines à 5 minutes de la cité du Roi René, à la Meignanne.

"L'élevage est concentré en Mayenne. En Anjou, c'est plutôt l'entraînement. J'ai une autorisation d'entraîner depuis très longtemps, déjà quand je travaillais au Croisé-Laroche, et je prépare tous mes chevaux chez moi. Ma piste est vallonnée en copeaux de bois. On se croirait en Angleterre ! Mon métier est de préparer des chevaux et de les vendre dès que possible." D'ailleurs, l'élevage des Obeaux vient de s'illustrer outre Manche, en Irlande, avec l'AQPS Quinola des Obeaux, un fils du regretté Useful, resté invaincu en deux sorties chez Willie Mullins, après avoir été vendu inédit, près à débuter.

 

 

C'est quoi un Président ?

L'AQPS est la spécialité de Nicolas Devilder qui, lorsqu'il était président de l'Association des AQPS de l'Ouest, tenait son assemblée annuelle le 10 janvier dans la foulée de la présentation des étalons au Haras National du Lion d'Angers. C'était un rôle particulier dans une région qui l'est tout autant. Contrairement à l'autre place forte des demi-sang, le Centre, l'élevage d'AQPS dans l'ouest, comme l'élevage de tous les chevaux d'ailleurs, est très disparate, hétérogène et dispersé. Cette variété est une richesse. Cette disparité est aussi une difficulté.

"Il y a 1200 poulains AQPS qui naissent par an depuis la création du Stud-book AQPS, dont les premiers représentants, les "S", vont débuter cette année. Sur 450 membres de l'association nationale, 210 sont de l'ouest. Il y a donc dans notre région de très nombreux petits éleveurs qui ont une ou deux juments. L'association s'étend sur une vaste fédération regroupant l'Anjou, le Grand Ouest, la Normandie et la Manche. C'est l'intérêt du show AQPS du Lion d'Angers, qui est la mission principale de l'association, de réunir tout le monde au même endroit en une journée, en proposant uniquement (on essaye) des chevaux à vendre."

Mais l'association connaît un problème à la mode : l'argent. "Ce sera l'ordre du jour, les difficultés de budget. Compte-tenu du désengagement des Haras Nationaux et de la Région, les subventions se réduisent comme peau de chagrin et aujourd'hui, je n'hésite pas à le dire, la survie de l'association est fortement menacée".

 

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