Monoalco: enfin la vraie histoire

13/02/2009 - Actualités
Monoalco descend d'une championne de la carriole!  

Meilleur cheval de haies en France, Monoalco est un élement très bien entouré. Que des membres de l'élite en leur genre: son père Dom Alco, son entraîneur Philippe Peltier, son éleveur d'AQPS Yves de Soultrait.

 

Soultrait: Yves de Soultrait, éleveur de Monoalco



Toutefois, cette bien belle histoire a commencé par une mystérieuse négocation menée au fond d'une ferme au sortir de la guerre...

Lors de la réunion du syndicat de la Nièvre, Yves de Soultrait, à travers les applaudissements chaleureux adressés à son cheval, a rendu un hommage particulier à un membre parmi les plus discrets mais les plus typiques de l'assemblée, René Beaunée.

 

René Beauné: "Les chevaux, je m'en foutais comme de l'an 40!"



Les 2 hommes ont une histoire commune avec Monoalco. Ils se sont croisés sur le chemin du futur crack il y 60 ans!

Yves de Soultrait se rappelle que son père, Roger, avait acheté une jument en 1950 nommé Farandole, qui deviendra la 4e mère de Monoalco. Il avait acquis cette femelle, alors âgée de seulement 1 an, au père de René Beaunée, qu'il a appelé Victor. En fait, il s'appelait Emile, mais pourquoi pas, avec le voisin qui s'appelait Paul, cela aurait fait un beau trio d'explorateurs.

Astérix nivernais

René Beaunée. Un personnage. Cela fait partie des gens que la génération des trentenaires a toujours connu vieux, qu'il est impossible d'imaginer avec des parents. Un regard perçant qui relève un dos courbé. Son nom fait encore frémir de peur les hordes de sanglier. Les chasseurs du coin, soudainement déguisés en Buffalo Bill le samedi venu, transmettent ainsi aux jeunes Davy Crockett du cochon à poil dès leur permis de tirer décroché la légende du René. Le seul, l'unique guerrier capable d'aller chercher jusqu'au fond de tannière de ronces, en rampant à travers les épaix fourrés, avec comme seul arme une dague et une bonne machoire, le sanglier acculé, et plus dangereux que jamais.

 


Fuire René Beauné ou mourir



René Beauné, un trompe la mort qui a frôlé cent fois l'issue fatale du combat, une agonie dans d'atroces douleurs des suites d'un empalement par grouin de cochon. Plutôt Astérix qu'Obélix dans son physique, il a fait autant de victimes que les 2 vedettes gauloises.

Le taiseux qui parle

Pas un tendre, le René. Mais un paysan attaché à sa terre, pas seulement parce ses bottes y collent comme de la glue, et qui apprécie peu de gens, mais les apprécient franchement. Un taiseux, qui parfois se met à parler et se lancent dans d'incroyables récits où l'aventure sort de chaque coin de pré.

"Moi les chevaux, je m'en foutais comme de l'an 40". C'est sans doute une expression, car l'histoire se passe en 1950...
Il était là, dans la cuisine de la ferme de Champdoux où il habite toujours, déjà jeune homme quand le père de Roger de Soultrait, Yves, rend visite à son propre père, Victor, Paul, non Emile.

 

Monoalco après le Grand Prix d'Automne


L'un est propriétaire des terres de l'autre. Devinez qui. Mais pas des animaux. A l'époque, pas de véhicules. On se déplace à cheval, en carriole. Le père de Soultrait en cherche une. "Dans le champ, il y avait Alouette de Champdoux avec sa fille d'un an, Farandole. Elle n'avait jamais mangé un grain d'avoine! Mon père avait acheté la mère d'Alouette pour faire de la carriole, pour se déplacer. C'était une bretonne. Des bonnes juments de trait. En voiture avec Alouette, pour aller de Champdoux à Cercy (NDLR: la grande ville), il y en a jamais eu un pour me dépasser!"

Une fusée sur la route Champdoux-Cercy

Convaincu par ce type de performance hors norme, Yves de Soultrait achète la fille, Farandole, qui battra sûrement des records le dimanche sur le chemin du retour de la messe.

Rapide comme l'éclair, Farandole a été mise aux courses. Elle est devenue une matronne extraordinaire, avec les champions des années 60 Thuya et Vendetta, mais aussi Charles IV, plus récemment Temerson, Underline II, Fou du Roy, Gun'n Roses. Cette Farandole est la 4e mère de Monoalco.

 

Philippe Peltier et David Berra savent-ils que leur champion descend d'une vedette de la carriole.


Pendant ce temps là, René Beauné a s'est mis à apprécier les chevaux, toujours de façon très naturelle, c'est à dire élevés pour qu'ils soient très autonomes.

"Mon père avait une soeur de Farandole, qui s'appelait "Quendiratu". On me l'a demandé plus d'une fois, mais elle avait disparu." Encore un mystère à éluder. En tout cas, s'il a perdu à tout jamais la souche de sa chère Alouette de Champdoux, René Beauné s'est refait récemment avec un pur-sang, au beau milieu du royaume des demi-sang.


"Je m'en mords un oeil"


Robert Fougedoire lui avait donné une mauvaise pur-sang pour tenter un coup en faisant un croisement à l'envers avec un AQPS. Comme il ne fait toujours que ce qu'il veut, il a mis cette jument, Barbacena, à un pur-sang, King Cyrus. Le produit, King Bar, ne court pas. Il insiste et présente cette nouvelle jument, King Bar, à Montorselli. Un poulain gis voit le jour.

Un jour que Jean-Pierre Bichon, transporteur, passe dans les parages. Il s'arrête pour on ne sait quelle raison à Champdoux. René Beaunée lui présente le poulain en lui annonçant sans frémir: "Si celui-là n'est pas tout bon, je m'en mords un oeil". Impressionné par l'enjeu, Jean-Pierre Bichon emmène la bête. C'était Gwenn, qui a gagné le Prix du Président de la République 2003. Sacré coup de veine pour le regard du vieux paysan.

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