Behkabad : palois du plus fort

16/07/2010 - Actualités
Seize ans après son accession au top niveau dans le Grand Prix de Paris avec Millkom, Jean-Claude Rouget enlève avec Behkabad son tout premier Gr.1 pour la casaque de l'Aga Khan. Six semaines après l’Angleterre et son inégalé Derby d’Epsom, la France a donc élu un palois comme meilleur représentant en vue de l’Arc.

 

Magnifique au rond  de présentation, Behkabad a très vite montré à ses admirateurs et adversaires que ni le voyage de ses Pyrénées-Atlantiques à Paris en cette période de Fête Nationale et d’orages, ni son Prix du Jockey-Club ne l’avait diminué. Au contraire même. Controversé, malmené, discrédité, le nouveau programme classique mis en place depuis cinq ans ne manque pas pour autant de cohérence : les champions de trois ans peuvent murir avant cet objectif tardif dans la saison et arriver en progression sur LA distance de sélection, les 2400 mètres. Comme l’avait fait dans un récent passé son compagnon de couleurs Montmartre (non placé à Chantilly), Behkabad réaffirme que les battus du Jockey-Club ont leur place au palmarès du nouveau French Derby. Excellent quatrième à Chantilly en finissant comme un cheval de 2400 mètres, Behkabad n’a cessé de monter en distance depuis ses débuts il y a un an.

 

Behkabad est une peinture qui va très vite



C’est sur la piste girondine de La Teste, très appréciée par Jean-Claude Rouget pour débuter ses bons éléments, que Behkabad répète ses premières gammes. Très vite, l’entraîneur Palois décèle un fort potentiel chez le fils de CAPE CROSS, le père du phénomène SEA THE STARS, de la très grande OUIJA BOARD ou encore du champion Hong Kongais Able One. Assez de potentiel pour le présenter directement au départ de l’important Prix d’Etreham (1500 mètres) à Deauville, course qu’il remporte avec style. On commence alors à parler de plus en plus de l’élégant frère de Behestam (lui-même au départ du Grand Prix de Paris 2009 - sixième sur huit-). Avant d’aborder le mile du Prix des Chênes, Jean-Claude Rouget ne doute pas de la tenue de son poulain. La mère, Behkara,  était une championne sur les longues distances : lauréate du Prix Hubert de Chaudenay (groupe 2 sur 3000 mètres), elle dut s’incliner dans le Prix Royal Oak (3100 mètres) derrière le multiple vainqueur de Groupes 1 Westerner. Behkara a aussi de qui tenir (bien évidemment serait-on tenté d’écrire au coeur de l’élevage Aga Khan) c’est une fille de Behera gagnante du Saint-Alary 1989 et 2e de l’Arc de Carroll House, elle-même fille de Borushka, gagnante de groupe 2 sur les 2900 mètres de Doncaster (la piste du plus vieux classique du monde, le Saint Léger).

 

Gérald Mossé, encore une fois l'homme des grands jours.



Sa grand-mère Béhéra a failli gagner l'Arc de Triomphe


En encore, le destin de cette souche aurait bien pu changer si le Prince Aga Khan avait accédé à la demande d'Alain Lequeux, pilote de Béhéra, qui voulait absolument porter réclamation contre Carroll House à l'arrivée de l'Arc de Triomphe 1989, tant l'irlandais avait écrasé tout le monde dont lui-même. Mais chez les Princes, on ne réclame pas. Et à cette époque chez les commissaires de l'Arc, on ne fait pas sonner une vulgaire sirène d'enquête comme dans les handicaps.

Depuis 20 ans, Béhéra est devenu une poulinière prolixe qui a donné pas moins de 15 produits, mais se faisait attendre pour vraiment produire à son image. D'ailleurs, 4 filles directes sont déjà passées sur le ring de Deauville. Béhéra elle-même a quitté l'élevage Aga Khan en 2e partie de carrière, à 16 ans en 2002. Son dernier produit par Halling, né en 2008 alors qu'elle avait 22 ans, a été vendu 70.000 € yearling à Deauville. Il s'appelle Béhéro et a été confié à Elie Lellouche.

 

Behera, sous la selle d'Alain Lequeux, qui a voulu porter réclamation à l'arrivée de l'Arc de Triomphe.

 

Encore vainqueur sur le mile de Longchamp, Behkabad conclut invaincu son année de 2 ans. Jean-Claude Rouget veut le préserver, lui éviter les combats de fin de saison, certainement convaincu aussi de détenir là dans ces boxes un poulain de toute première catégorie. Il faut donc attendre le printemps pour revoir en piste Behkabad. En ce 1er avril, le Prix Omnium II n’a rien d’une blague de mauvais goût mais le poulain connaît sa première défaite sur une piste de Saint-Cloud particulièrement lourde. Défaite oubliée très vite quand à Chantilly et avec un parcours plus long de deux cents mètres, il vainc dans le Prix de Guiche. Objectif Jockey-Club ? Oui logiquement mais la course sur 2100 mètres servira finalement de parfait tremplin vers le Grand Prix de Paris. Comme le veut la destinée des derbies, la prochaine marche sera la plus grande : celle qui mène vers l’Arc.

 

En compagnie de Jean-Jacques Bourdin, Jean-Claude Rouget rayonne avec Behkabad




Enfin le premier choix pour Rouget


Jean-Claude Rouget est aux anges. Plus que la victoire de Groupe 1 ici offerte par Behkabad, c’est le sentiment d’avoir eu raison qui illumine le visage de l’entraîneur aux bientôt cinq mille victoires. C’est aussi un succès qui fait du bien au moral, au coeur d’une saison moins flamboyante que la saison passée. Et plus que le 31ème groupe 1 pour une écurie non parisienne, c’est enfin un succès personnel : le premier groupe 1 de Jean-Claude Rouget pour la casaque Aga Khan. Depuis 2005, date à laquelle il fallut disperser les nouveaux "verts" venus des écuries Lagardère, puis la non poursuite de l’expérience Fabre, l’écurie paloise a géré la destinée de plusieurs lots de pur-sangs.   Quelques gagnants ici ou là mais pas de coup d’éclat. Avec Behkabad, c’est un des fleurons de  l’élevage Aga Khan qui a été confié aux mains expertes de l’équipe Rouget, pas du troisième choix ni du deuxième… Une marque d’estime qui aurait pu, en cas d’échec, se transformer en source de pression pour l’ancien coureur de fond qu’est Jean-Claude Rouget. "Merci pour votre confiance", a-t-il d’ailleurs conclu sa communication téléphonique avec le Prince Aga Khan, absent de Longchamp ce 14 juillet.


 

Christophe Lemaire, à nouveau dans les tribunes et non sous l'habit de lumière


Lemaire n'a quand même pas de chance !


Un mot enfin sur l’autre grand absent, l’infortuné Christophe Lemaire. Accidenté la semaine dernière, c’est un nouveau coup dur pour le premier jockey de l’écurie. Depuis l’officialisation de son contrat, c’est un nouveau groupe 1 qui lui échappe. En octobre dernier déjà, le week-end de l’Arc, il avait vu gagner de son canapé ROSANARA dans le Prix Jean-Luc Lagardère et SHANALAYA dans le Prix de l’Opéra. La veille DARYAKANA avait gagné le Prix de Royallieu sans lui, cette même DARYAKANA qui gagna en décembre le Hong Kong Vase avec…Gérald Mossé alors que Christophe était dans les tribunes…mis à pieds par les commissaires japonais quinze jours plus tôt. Une véritable malédiction !! Pour conjurer le sort, il attendra certainement avec impatience le premier dimanche d’octobre. Il sera alors en selle sur Sarafina …à moins qu’il choisisse Behkabad …pourvu qu’il fasse le bon choix.

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