A Cheval sur l'Histoire : Mon Mome et le Grand National de Liverpool

22/03/2020 - Découvertes
Tandis que le Grand National de Liverpool est annulé cette année en raison du Coronavirus, il est bon de rappeler l'incroyable destin de Mon Môme, petit-fils d'une jument de promenade, un AQPS du Lion d'Angers né chez Alexandre Deschère qui avait mis fin en 2009, à la cote de 100/1, à un  siècle entier d'échecs pour les FR dans la course la plus célèbre du monde qui nous échappait depuis Lutteur III en 1909. Partons...A Cheval sur l'Histoire !

  

" Surtout ne la mets jamais poulinière, elle ne vaut rien !" Voilà comment est née l'histoire de Mon Môme...C'est le conseil prodigué par Pierre Peltier, personnage haut en couleurs du Lion d'Angers, grand-père de Philippe Peltier, lorsqu'il a vendu une certaine Parfaite en 1965 à un de ses voisins, M. Alexandre Deschère père, dont le fils nommé aussi Alexandre était encore un gamin.

 

Alexandre Deschere, éleveur de Mon Môme


Au départ, Parfaite, c'était pour s'amuser le dimanche, faire des tours avec la Société Hippique Rurale (SHR), association d'amateurs de chevaux du canton qui mêlent courses et loisirs. " Parfaite sautait très mal, elle montait en l'air et jetait les 4 pattes en même temps ! " Alexandre Deschère se souvient du cas de Parfaite. Un jour, elle devient mère en rencontrant un anglo-arabe du nom de Le Verglas. Parfaite faisait de la promenade mais elle restait pur-sang. Un croisement Parfaite et Le Verglas, ça fait un peu poney comme style, mais c'est comme ça que la souche s'est fondée. Miracle de la nature, Parfaite devient une excellente poulinière en donnant 2 champions de cross dans les années 70, Fantassin II et Golden Cat IV. Parfaite ne fera qu'une seule et unique pouliche, Joyeuse Môme, qui ne court pas.

 


Mon Mome à son retour triomphal, même si les spectateurs de Liverpool n'en croient pas leur yeux de voir ce vainqueur à 100/1



L'influence de la dynastie Peltier


Quand Alexandre Deschère s'installe agriculteur, il démarrre avec cette Joyeuse Môme. Le fils de Pierre Peltier, Michel Peltier, également une grande figure de la région, a un étalon à cette époque, Sarpedon, fils de Lyphard resté inédit des  suites d'un coup de pied reçu dans la tête.... Le marchand de chevaux, qui fut aussi le tout premier entraîneur du crack Edredon Bleu, avait une méthode radicale pour enregistrer les saillies. "Tu vas bien me mettre ta jument à mon cheval! "

 

Alexandre Deschère, Philippe Peltier et Michel Peltier (à droite), il y a 15 ans

 


Michel Peltier est costaud, oeil perçant, larges mains, convaincant...Le premier produit de Joyeuse Mome nait. Il est appelé Surfait. Michel le prend à l'entraînement. Claqué d'un tendon dès la 1e sortie...Un an plus tard, il l'envoie chez un jeune entraîneur débutant, Philippe Peltier, son fils, pour qui Surfait gagne 14 courses !

 

Surfait, 1e poulain élevé par Alexandre Deschère

 


Joyeuse Môme continue de produire et donne en 1992, très tard dans la saison le 20 juin une certaine Etoile du Lion. Le père New Target est mauvais, plutôt nul même. La pouliche est complètement infirme. Philippe Peltier l'essaie quand même car c'est une soeur de son bon vieux Surfait, puis la rend, désespéré.


Un mère nulle et infirme


Mais tout le monde entraîne des chevaux au Lion d'Angers. Alain Bidon essaie la bête. A la surprise générale, il gagne en débutant à Luçon, en plat dans un prix de 15.000 francs, monté par un jockey d'obstacle, Gwenaël Fablet, dit Gwendo. Coup d'éclat sans lendemain. Etoile du Lion accumule ensuite les échecs. Las, ne sachant plus quoi faire de l'animal, Alexandre Deschère la vend pour la solution ultime : 6000 francs au couteau. Michel Peltier dit qu'il l'achète mais pour la faire recourir ailleurs. Refus du propriétaire qui finalement garde Etoile du Lion et la met au mâle...

 

 



Elle a glissé sur la lame du couteau


Quitte à faire, il choisit son étalon fétiche, Passing Sale. Cela donne un grand poulain bien droit lui, Mon Mome. Comme son fils s'installe à son tour, Alexandre Deschère lui donne Etoile du Lion, mais celle-ci n'a que des malheurs et le fils rend la bête à chagrin à son père 4 ans plus tard sans jamais avoir eu de poulains ! Alexandre Deschère l'envoie à un vieux coucou archi confirmé, Saint-Cyrien. Un poulain nait en 2005, Roi Mome.

 

 

 


 


Dans l'intervalle, Mon Mome a couru une fois. Il a débuté en plat à Pontivy, petit champ de course breton, par une 2e place pour Philippe Cormier-Martin. Guy Petit l'achète pour l'Angleterre. Jusqu'ici rien d'extraordinaire et Alexandre Deschère cherche toujours à vendre cette Etoile du Lion qui s'accroche à ses bottes depuis des années. Au printemps 2005, il emmène aux courses de Nantes Jean-Yves Lepage, ancien jockey d'obstacle à succès dans l'ouest. Il lui demande s'il ne connaitrait pas un acheteur, par hasard. Il répond oui !  

 

Mon Mome, gagnant du Grand National de Liverpool 2009

 


Etoile du Lion vendue à Jean-Claude Laisis


Jean-Claude Laisis, propriétaire-éleveur débutant alors, achète la mère et le poulain car la souche est bonne. Etoile du Lion continue d'être problèmatique. En 2007, nait ainsi Tokyo Javilex. En janvier 2009, avant la victoire de son frère à Liverpool, il devient le top price de la seul et unique vente Osarus à Pau, à 22.000 € à un écossais fantasque, qui hurlera de joie 3 mois plus tard devant sa télévision. Tokyo Javilex fera une bonne carrière avec 6 victoires en Angleterre. Les 3 produits seront moyens ou mauvais. La toute dernière soeur de Mon Môme, Carolagne Javilex (Le Fou), née quand Etoile du Lion avait 20 ans, n'a pas couru et a été conservée par Aurélie et Nicolas Thireau qui ont repris en 2018 le Haras de la Perdrière, l'ancien site d'élevage de Jean-Claude Laisis à Azé en Mayenne.

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