Samuel Blanchard, le courtier-chimiste

18/06/2012 - Actualités
Samuel Blanchard est un courtier atypique. Après 15 ans dans l’industrie nucléaire, il lance son agence Winning Bloodstock et devient propriétaire sous le nom d’Ecurie Winning. Il vient de vendre le dauphin des Poules d’Essai des Poulains Veneto à Hong Kong, dans la foulée du bon Argos Quercus, également exporté en Chine. Interview.

Comment êtes-vous devenu courtier ?

 
J’ai grandi en Bretagne dans une famille qui n’était pas impliquée dans le monde des chevaux. Cela dit, mon père est un passionné des courses, et jeune j’ai effectué le tour des hippodromes dans l’Ouest. Je suis ingénieur chimique à la base, et après 15 ans dans le Nucléaire (N.D.L.R. notamment avec AREVA, le numéro un mondial) j’ai décidé de lancer l’Ecurie Winning dans le Sud-Ouest.
 
J’ai eu pas mal de réussite avec les chevaux que j’ai choisis, et les gens ont commencé à me demander de les aider à acheter des chevaux. J’ai acheté mon premier cheval en tant que courtier en début 2007, associé avec le Haras de Saubouas (ce qui n’est plus le cas aujourd’hui) .
 
 
Samuel Blanchard
 
 
Une journée typique ?
 
Je commence ma journée en lisant toutes les publications des courses par exemple JDG, TDN, EBN etc… Car je pense c’est vraiment très important d’être au courant de tout dans mon métier. Evidemment je regarde aussi les courses l’après-midi. Avec l’écurie Winning, on a une trentaine de chevaux, dont 15 juments en Normandie car je n’ai pas de haras. Ca m’occupe aussi !
 
J’achète les chevaux dans les deux disciplines – trot et galop (plat et obstacle)- donc il me  faut tout savoir pour bien faire mon travail.
 
Quels sont les meilleurs chevaux que vous avez achetés ?
 
Le meilleur cheval de plat auquel j’ai été associé est Dabirsim. J’ai acheté sa mère Rumored aux ventes de Keeneland pour $32 000 (25 400 euros) . Elle m’a plu car elle avait un pedigree Européen et était pleine d’un fils de Sunday Silence (Hat Trick). A cette époque, les fils de l’étalon vedette japonais ont eu pas mal de réussite ici, notamment avec Natagora, vainqueur de deux groupes I, dont les 1,000 Guinées à Newmarket. Je travaille beaucoup sur les pedigrees.
 
Il faut avoir de la chance quand on achète des chevaux ! En obstacle, j’ai acheté Ulyssia Royale comme yearling pour €40,000. Elle a un pedigree exceptionnel, mais a marché un peu bizarrement donc tout le monde n’était pas très fan. Je pense que maintenant il est clair qu’elle a du talent : la fille de Poliglote et Ma Royale a gagné ses dernières 4 courses sur les haies dont une Listed pour Ecurie Winning et Haras de Saint-Voir) ! J’ai aussi acheté Katenko, vainqueur de groupe III sur le steeple.
 
Au trot, Occitane est le meilleur cheval que j’ai acheté. Elle a été l’une des meilleures de sa génération.
 
 
A gauche, Veneto, loué pour l'occasion de la Poule d'Essai des Poulains afin de servir les intérêts de Dabirsim, conserve héroïquement la 2e place devant son compagnon d'écurie. Il est battu dans la dernière foulée par Lucayan (casaque verte)
 
 
Votre meilleur souvenir ?
 
En 2008, on a vendu (avec le haras de Saubouas) le top price aux ventes des breeze-ups à Arqana. C’était une fille de Medaglia d’Oro, un étalon qui, je le savais, aller faire feu. Je l’ai acheté à Keeneland pour $55 000 (43 000 euros). J’ai acheté Mixed Intention pour 15 000 euros yearling, et nous l’avons revendue pour 100 000 aux breeze-ups aussi. J’aime bien faire du pinhooking !
 
Et si on vous laisse la parole ?
 
Le développement du parc d’étalons français est très important pour moi. C’est quelque chose qui, je pense, est vital pour le marché. Je pense que ce n’est pas nécessaire pour des éleveurs d’envoyer leurs meilleures juments pour être saillies à l’étranger. C’est un cercle vicieux. Il ne faut pas avoir honte de nos étalons, il faut les soutenir. On peut reproduire des gagnants de groupe I – Vision d’Etat etc. avec eux. Je pense que le système des primes devrait être basé sur les chevaux par des étalons français et non pas seulement des chevaux nés où assimilés en France.

Voir aussi...