Un Morny americano-irlandais

23/08/2013 - Grand Destin
Impressionnante victoire que celle de l’américain No Nay Never à Deauville dans le Prix Morny. Il est devenu la propriété du team irlandais de Coolmore après son succès des Norfolk St. à Royal Ascot tout en restant sous la responsabilité de son mentor d’outre-atlantique, Wesley Alan Ward.
Second à Ascot, ils achètent le vainqueur
 
Battu ou vexé de l’avoir été dans les Norfolk St. (Gr. 2) au mois de juin à Royal Ascot, le team irlandais de Coolmore n’a pas fait pas dans la dentelle. A l’instar de Mahmoud Fustok à une époque en France, l’équipe de John Magnier s’est proposé d’acheter le poulain qui avait devancé d’une longueur leur pensionnaire, Coach House (Oasis Dream) et ce, dans un temps record. Cerise sur le gâteau, No Nay Never est né des fruits de leur étalon, Scat Daddy (Johannesburg), stationné dans le Kentucky, à Ashford Stud, l’antenne de Coolmore. La transaction a été d’autant plus aisée et rapide que l’un des co-propriétaires, Paul (ou Mme, de son prénom Linda) Shanahan est l’un des nombreux conseillers de l’équipe irlandaise. Son associé, Ice Wine Stable (Frank Antonacci), a certainement été facile à convaincre.
 
 
Paul Shanahan à gauche, conseille l'équipe Coolmore :
Michael Magnier, Derrick Smith et John Magnier
aux dernières ventes de yearlings à Deauville (Photo APRH)
 
 
Notes :
- No Nay Never avait été vendu, foal, par leurs éleveurs, $ 170.000 à Keeneland. Le pinhooking espéré n’a pas fonctionné puisque leur nouveau propriétaire ne l’a revendu que $ 95.000 sur le même ring l’année suivante aux ventes de yearlings. Ils doivent peut-être s’en mordre les doigts ?
 
 
Voir la victoire de No Nay Never dans les Norfolk Stakes en juin 2013, avant avoir changé de propriétaire
 
 
- Mahmoud Fustok avait acheté en 1979, Paranete, une pouliche de François Boutin qui avait devancé la sienne (en l’occurrence Lyphard’s Bonnet) dans une course pour inédites, le Prix des Marettes à Deauville. Son propriétaire-éleveur, Mme Jean Couturié, s’est très vite laissé convaincre. Lyphard’s Bonnet restera maiden alors que Paranete s’imposera à 3 ans dans le Prix Saint-Alary et finira 3e du Prix de Diane de Mrs Penny et Aryenne.
 
PS : Lyphard’s Bonnet, élevée par le Comte Yann de Lesguern, avait été vendue à Deauville en 1978 pour 1.500.000 F., le top-price des ventes et le second top millionnaire de l’histoire après celui de Treat My Nobly (demi-frère de Be My Guest) en 1973.
 
- Très récemment, Jean-Claude Rouget en a fait de même avec une certaine Lacarolina.
 
Scat Daddy, tombe dans l’escarcelle de Michael Tabor
 
Elevé par Axel Wend, Scat Daddy, acheté $ 250.000 yearling, est un fils de Johannesburg et de Love Style (achetée yearling à Keeneland par Frédéric Sauque, restée inédite) par Mr Prospector. Il a débuté victorieusement et facilement (5 longueurs) à 2 ans à Belmont (en juin 2006) sous la coupe de Todd Pletcher pour les couleurs de James Scatuorchio (un financier de Wall Street). Un mois plus tard, à Saratoga, il confirme en remportant les Sanford S. (Gr. 2). En septembre, il est devancé de 4 longueurs, toujours à Saratoga, dans les Hopeful S. (Gr. 1) par un fils du Tabor, Thunder Gulch, Circular Quay. Ce dernier court sous les couleurs de Michael Tabor qui n’hésite pas à acheter la moitié de son second, Scat Daddy (où se situe la logique ?) qui remportera en octobre les Champagne S. (Gr. 1 à Belmont). Il finira l’année par une 4e place dans la Breeders’ Cup Juvenile (à Chruchill Downs) archi-dominé par Street Sense (10 longueurs devant Circular Quay).
 
 
 Voir la victoire de Scat Daddy dans les Champagne Stakes 2006
 
 
En mars de ses 3 ans, il remporte le Florida Derby (Gr. 1 à Gulfstream Park) avant d’avoir un parcours des plus malheureux dans le Kentucky Derby. Quelques semaines après, il est atteint de problèmes tendineux aux antérieurs et l’entourage est obligé de se résoudre à mettre fin de sa carrière sur la piste.
Avant de donner naissance à No Nay Never, Scat Daddy avait engendré, dès sa première production, une gagnante des American Oaks (Hollywood Park) et des Del Mar Oaks (Lady of Shamrock) et un vainqueur du Derby des Emirats Arabes à Meydan pour Aidan O’Brien (Daddy Long Legs, futur pensionnaire de Mike de Kock et partenaire de Ch. Soumillon).
 
Il a débuté sa nouvelle carrière au prix de $ 30.000, le prix de la saillie 2013. Entre temps, il a sensiblement varié passant à $ 22.500 en 2009, $ 15.000 en 2010, $ 10.000 en 2011 et $ $ 17.500 en 2012.
Pressenti pour faire la double monte (shuttle stallion) dans l’hémisphère sud, en Argentine en l’occurrence, il n’a pas apprécié, lors de son transport, l’avion qui a fait demi-tour.
 
 
Scat Daddy, le père de No Nay Never
 
 
Notes :
Thunder Gulch, élevé par Peter M. Brant, avait été payé $ 40.000 yearling. Il a fait le doublé Kentucky Derby et Belmont St. 1995 et avait terminé 3e des Preakness S. (devancé par Timber Country) sous la monte de Gary-Lynn Stevens et l’entrainement de D. Wayne Lukas. C’est seulement en octobre de ses 2 ans qu’il est devenu la propriété de Michael Tabor.
 
 
Une édition du Morny placée sous le signe de Coolmore
 
Le grand-père paternel de No Nay Never, Johannesburg, a également remporté le Prix Morny (2001) pour les couleurs du team de Coolmore. Pour le même entourage, Orpen avait fait sien l’édition 1998. En cette année 2013, Orpen a le vent en poupe en étant, entre autres le père de Vorda, seconde de No Nay Never.
 
 
L'équipe Coolmore a remporté son premier Prix Morny
avec Orpen en 1998 içi monté par Mick Kinane
 
 
L’équipe de John Magnier remporte donc son 6e Prix Morny après les succès de Orpen, Fasliyev, Johannesburg, Myboycharlie, Bushranger et celui de cette année. Le team irlandais remporte à cette occasion son 72e Gr. 1 réservés aux 2 ans en Europe (dont 13 par des pouliches). Le premier aura été Danehill Dancer (pour Michael Tabor) dans les Phoenix St. 1995 suivi des National St. (en septembre), monté par Pat Eddery et entraîné par Neville A. Callaghan.
 
Le Prix Morny vient s’ajouter aux 22 autres Gr. 1 remportés en France réservés aux 2 ans. En Irlande, 30 succès dont 14 (ou 15 si l’on compte celui de cette année) dans les Phoenix St. (9 consécutifs). En Angleterre, 17 succès et en Italie, 2 victoires dans le Gran Critérium (Spartacus et Sholokhov). Pour l’anecdote, le team Coolmore a remporté 46 Gr. 1 en France, tous âges confondus.
 
Notes :
Statistiques Coolmore : 72 victoires de Gr.1 (dont 16 victoires pour l’étalon Danehill) par 53 poulains différents et 11 pouliches différentes. Johannesburg (Hennessy) est le seul de l’écurie à avoir remporté 3 Gr. 1 à 2 ans en Europe. Il s’était même imposé ensuite à Belmont lors de la Breeders’ Cup Juvenile. Agé de 14 ans, il fait actuellement la monte à titre privé au Japon.
 
A suivre tout prochainement les exploits d’André Fabre qui ne va pas tarder à atteindre le cap des 700 victoires de groupes (dont 154 au niveau Gr.1).
 

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