Vana : l'homme sans cou quitte la scène.

17/10/2013 - Actualités
Comme Lanfranco Dettori, il a sa statue de son vivant. Comme Frankie, il vient d’essuyer une bonne chute. Mais contrairement à l’Ange italien, il raccroche les bottes. Bye bye Monsieur Vana
On l'appelle le nain de jardin cruel. Vous le reconnaissez ce mythique Josef Vana ?
 
" Il faut se rendre compte que dans notre pays, Josef Vana est plus connu que le Président de la République" admet le tchèque de la rue. On l’appelait « l’homme que valait cinquante milliards », « l’homme sans cou », « le nain de jardin cruel » ou encore tchèque pris au hasard dans une rue de la ville de Pardubice la veille du Grand Steeple. « l’incroyable Hulk tchèque ». Joseph Vana a décidé de prendre sa retraite de jockey à l’âge de…60 ans !

Pas fait comme nous
 
Il aura tout connu. La galère, la gloire, les strass de la notoriété (il a même fait la ‘’Une’’ de Trainer Magazine !) , les petits matins à curer les boxes, les fractures innombrables, les départs, les retours aussi. Joseph Vana aurait peut-être rêvé de quitter une dernière fois un hippodrome « les pieds devant » mais il s’est finalement offert un tour d’honneur dimanche… à pied devant les tribunes combles de l’hippodrome du Velka Pardubice, après avoir chuté au dernier obstacle du terrible marathon tchèque, percuté par un « lâché » et alors qu’il n’avait plus de chance de faire l’arrivée. A quoi a-t-il pu penser en recevant l’énorme ovation du public ? Certainement à celle qu’il reçut à cheval après avoir remporté huit fois la course d’obstacle réputée comme la plus difficile du monde. Huit victoires en qualité de jockey, un record, auxquelles il faut ajouter neuf succès avec la casquette d’entraîneur, notre homme ayant aussi fabriqué des vainqueurs qu’il montait ensuite. 17 titres cumulés donc qui ont forcément traversé son esprit lors de cette marche à la fois triomphale et pathétique.
 
Mais se rappelle-t-il bien de tous ses succès ? Pas sûr car les chutes ont été au moins aussi nombreuses que les victoires. De grosses pelles qui laissent des traces. Vana a l’allure d’un bossu sans cou, les épaules en vrac et les jambes en zig et en zag. Il faut dire qu’il ne l’a pas ménagé son corps d’athlète atypique. Successivement footballeur (merci pour les tendons) puis skieur (idem…), notre homme n’a trouvé sa vocation hippique que tardivement finalement. Peut-être a-t-il eu le temps de penser à ses luttes épiques avec Joseph Bartos et même son propre fils Joseph Junior à l’issue desquelles il avait presque toujours le dernier mot.
 
 
Ecoutez l'interview de Josef Vana réalisé avant le Grand Pardubice 2012...et traduite en français.
 
 
Bye bye…ou pas
 
A quelques jours de fêter ses 61 ans, l’idole tchèque a donc déclaré aux journalistes que ce Pardubice 2013 serait « réellement [son] dernier »,ajoutant dans la foulée, « vraiment, vous pouvez me croire. » Evidemment dans ce genre de cas, si l’auteur lui-même de la phrase juge bon de préciser qu’il faut le croire, on est en droit automatiquement de se poser des questions et… de ne pas le croire. Car le malicieux Joseph n’en est pas à son coup d’essai. Il l’a déjà affirmé haut et fort qu’on ne l’y reprendrait plus ! Et qu’a-t-il fait ensuite ? Et bien, les beaux jours printaniers arrivant, le bruit des sabots dans la cour résonnant dans ces petites oreilles mâchées à l’instar de celles d’un pilier de rugby, la certitude qu’il fera mieux que les autres (parce qu’il n’a pas une petite opinion de lui-même) bien ancrée à l’esprit, le Joseph remettait l’ouvrage sur le métier et relançait la machine pourtant bien rouillée et cassée de partout. En sera-t-il autant au printemps 2014 ? Mystère tchèque et boule de gomme vaniesque.
 
En tout cas, à sa façon, il aura aussi un peu pris de la gloire à la « FR » Orphée des Blins, auteur d’un brillant doublé 2012-2103 dans le Grand Steeple-Chase de Pardubice.
 
 

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