Prix Ferdinand Dufaure pour une Fleur d'Ainay qui a failli naître au Portugal...

20/05/2014 - Focus Elevage
Sacrée reine des steeple-chasers de 4 ans en battant la jeune star Latérano dans le Prix Ferdinand Dufaure, Fleur d'Ainay décroche le plus beau trophées de son éleveur Stéphane Milaveau, maire d'Ainay-le-Château dans l'Allier, qui avait récupéré la mère en partance pour les courses de pays au Portugal...

Montée par Jacques Ricou, Fleur d'Ainay domine Laterano à l'arrivée du Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1). Il fait briller la casaque Papot et l'élevage de Stéphane Milaveau dans l'Allier. (PHOTO APRH)

 

Une saison sans Gr.1 pour la casaque Papot, qui affiche un taux de réussite supérieur à 70 % (victoires et places) depuis le début de l’année (toutes courses confondues), c’est long comme une journée sans pain. Pour Philippe Peltier, c’est un plaisir découvert avec Monoalco (2008) et Prince Oui Oui (2009) mais auquel il n’avait plus goûté depuis. Pour Stéphane Milaveau, c’est carrément une première !

Le succès de Fleur d’Ainay dans le Prix Ferdinand Dufaure est donc un réel motif de satisfaction pour l’éleveur de l’Allier qui l’a vécu devant sa télé, poulinages oblige. « Ça c’est acquis et de belle manière ! »  La demoiselle a fait mettre un genou à terre à l’épouvantail Latérano (rentré avec une entorse du boulet de l’antérieur droit) sur un terrain qui a plus servi les intérêts de la fille de Poliglote que ceux du fils de Saint des Saints. « Je pensais bien que, sur ce type de terrain, elle ne serait pas loin de la vérité, confiait à chaud l’entraîneur sarthois, car cela a rendu la course sélective, ce qui a servi cette pouliche très généreuse. » « Bravo à Philippe, parce qu’il avait vu juste et me l’avait annoncé avant, le félicite Stéphane Milaveau. Que ce soit Philippe, comme la famille Papot, ils mettent tous les ingrédients pour que cela marche. »

Fleur d'Ainay : une pouliche "de l'avant..."


Une famille de généreux


Achetée foal, Fleur d’Ainay a intégré la « filière Papot », avant d’arriver dans les boxes de Philippe Peltier à la fin de son année de ses 2 ans : « Elle a tout de suite montrée beaucoup de qualité et un défaut : sa générosité. Elle faisait bien et même trop bien, mais ce n’était que par générosité, pas par folie. Il a donc fallu la façonner et surtout ne pas la louper. Jacques (Ricou) l’a ainsi toujours respectée. Cette générosité est un trait de caractère que l’on retrouve d’ailleurs dans la famille, à commencer par sa sœur Etoile d’Ainay (N.D.L.R. : lauréate de Listed Race en 2005 sur les haies d’Auteuil et du Grand Prix de Pau en 2008). Il y a beaucoup de sang dans cette famille ». « Elles se ressemblent beaucoup, confirme leur éleveur.  C’est une famille de chevaux généreux, de vrais guerriers qui mettent leur cœur sur la piste. » Pas très étonnant quand Stéphane Milavau raconte la genèse de sa souche qui, à deux jours près, n’aurait pu ne jamais exister…

Stéphane Milaveau avec Guendale et Fleur d'Ainay, alors foal, pendant l'été 2010.


Une poulinière presque partie au pays du fado…

« Je cherchais une fille de Cadoudal pour faire une poulinière, mais je ne voulais pas d’une jument lymphatique, j’en voulais une qui fasse l’étalon, que l’on entende tout le temps. J’en avais fait part à Jacques Deschaumes, un ami marchand de chevaux malheureusement disparu depuis. Un jour de marché aux bestiaux dans le coin, il me dit qu’il avait peut-être ce que je recherchais. Je vais chez lui et j’ai le coup de cœur - je fonctionne beaucoup comme cela, y compris pour les étalons - pour une belle brune de 1m70, magnifique ! Il venait de l’acheter aux ventes de Saint-Cloud. Deux jours plus tard et elle partait pour le Portugal pour courir les courses de pays ! La jument n’avait rien fait en course, mais Nicolas de Lageneste (Haras de Saint-Voir), notre père à tous ici dans le Centre pour l’élevage, m’a dit qu’elle appartenait à une bonne souche. »

 

Guendale, alors photographiée à 18 ans en 2010, est très typée de son père Cadoudal.

 

6 juments saillies par Sholokov en Irlande en 2014

Stéphane Milaveau sera récompensé de son coup de cœur. La jument en question, Guendale, saillie successivement par Saint Preuil, Dom Alco et Robin des Champs, lui donnera de nombreux vainqueurs dont Etoile d’Ainay bien sûr mais aussi Crystal d’Ainay, placé de Groupe I sur les claies de Cheltenham derrière Baracouda, Flower des Champs, lauréate de Listed Race sur le steeple d’Auteuil, et donc maintenant Fleur d’Ainay. « C’est l’un des premiers produits de l’élevage que j’ai vendus à la famille Papot",  se rappelle l’éleveur installé à Ainay-le-Château (Allier) une commune dont il est d'ailleurs maire. J’avais déjà plusieurs femelles de la souche et il faut bien vendre pour investir ensuite dans les saillies, comme on l’a fait, par exemple, cette année en envoyant six juments à Sholokhov en Irlande. Fleur d’Ainay est le premier produit de sa mère par Poliglote, car j’avais voulu changer d’étalon et je pensais que la morphologie de la poulinière se prêterait bien à un croisement avec Poliglote. Petite, Fleur d’Ainay n’avait pas trop d’os, elle était un peu plate. Rien à voir par exemple avec sa propre sœur qui est née il y a une quinzaine de jours et qui est magnifique ! Guendale, qui a 22 ans cette année, est toujours une très belle jument, avec un poil de souris. Elle retourne d’ailleurs à la saillie de Poliglote. »

 

Stéphane Milaveau

 

Le rêve continue… Il se prolongera déjà dès l’automne. « La pouliche n’a fait que progresser, souligne Philippe Peltier. Maintenant, elle va repartir sous peu chez Jean-Jacques Lenouvel. Elle ne va pas être totalement arrêtée, mais elle va décompresser en faisant notamment du marcheur aquatique. Elle reviendra à l’écurie au cours du mois de juillet pour commencer à préparer l’automne. »

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