Fabre / Cheik Mo : le retour d'un couple vedette

16/07/2009 - Actualités
La victoire de Cavalryman dans le Grand Prix du Paris (Gr1) remet à l’honneur un couple qui s’était fait bien discret ces dernières années dans les Gr.1 : André Fabre comme entraîneur et Cheik Mohammed Al Maktoum comme propriétaire. L’occasion de replonger dans l’histoire d’un couple vedette des années 1990.

 

Il faut faire fonctionner ses méninges, solliciter son réseau neuronal de manière insistante pour retrouver la dernière victoire de Gr.1 d’André Fabre pour le compte des couleurs grenat, manches blanches de Cheik Mohammed. Sauf pour les petits génies et monomaniaques des palmarès. Layman en 2004 ? Raté (2e du Prix Morny et 3e du Grand Critérium, Gr.1). C’est beaucoup plus loin. Le cheval en question n’a pas laissé un grand souvenir, il appartient plus à la catégorie des météores que des champions : c’est Gracioso, lauréat du Prix Lupin 1999 ! Dix ans déjà…
Cavalryman est donc le cheval de la fin d’une longue éclipse ou d’un retour de flammes pour les tenants de symboles plus romantiques.


Cavalryman

 


Au pays de Soviet


C’est en fait à la fin de la décennie 80 que se noue le compagnonnage d’André Fabre et de "Cheik Mo". Un des meilleurs chevaux de leur collaboration lance d’ailleurs l’histoire : Soviet Star. Ce fils de Nureyev est titulaire de 4 Gr.1 (Poule d’Essai des Poulains 1987, Prix du Moulin de Lonchamp 1988, Prix de la Forêt 1987, July Cup 1988), mais c’est surtout son exploit face à l’ultra-star et sœur (de père) Miesque qui le fait entrer dans la légende des courses. Dans le Prix du Moulin de Longchamp 1988, il parvient à résister à Miesque longtemps tenue à ses côtés. Très vite montée ce jour-là, la championne aux 10 Groupes 1 connaît sa seule défaite de l’année !

 

Soviet Star

 


L’association marque ensuite de son emprise toute la première partie de la décennie suivante. L’empreinte est énorme, gigantesque. Pourtant elle agace un peu par son hégémonie. Tous les ans, sur tous les fronts, l’étoile blanche de la toque de Cheik Mohamed est l’étoile suivie mais rarement dépassée.


En France comme à l’étranger.


Des jeunes comme Lycius (Middle Park Stakes 1990), Zieten (Middle Park Stakes 1992) ou Pennekamp (Prix La Salamandre 1994, Dewhurst Stakes 1994), aux chevaux d’âge comme Creator (Prix Ganay 1990, Prix d’Ispahan 1990) ou In The Wings (Grand Prix de Saint-Cloud 1990, Coronation Cup 1990, Breeders’ Cup Turf 1990), André Fabre est partout. Il dispose des meilleurs papiers et d’une "soif" inextinguible. Golden Opinion triomphe dans les Coronation Stakes en 1989, Intrepidity dans les Oaks en 1993, Pennekamp dans les 2000 Guinées en 1995, Winged Love dans l’Irish Derby en 1995 également.

 

André Fabre



N'oublions pas Fort Wood


Hors des sentiers battus, on retiendra le succès de Fort Wood dans le Grand Prix de Paris 1993 (sur 2.000 m à l’époque). Ce fils de Sadler’s Wells et de la fabuleuse Fall Aspen (mère de 12 foals, tous gagnants dont Timber Country, Hamas / grand-mère de Dubaï Millennium, Elnadim, Kabool, etc.) deviendra étalon de tête en Afrique du Sud. Les meilleurs chevaux ? Outre Soviet Star, il y a incontestablement Polish Precedent (2 Gr.1), Intrepidity (3 Gr.1), Pennekamp (3 Gr.1), In The Wings (4 Gr.1). Carnegie avec ses deux Gr.1 figure bien sûr dans cette "short-list". Il mérite une place à part car c’est celui qui a apporté le Prix de l’Arc de Triomphe à l’association terrible. Puis arrive Swain en 1995.


Carnegie

 


Le cas Swain et le tournant de Godolphin en 1997


Trois ans quelque peu tardif, Swain se présente invaincu en cinq sorties sur l’Arc de Triomphe 1995. Il sera 3e de Lammtarra. En 1996, à 4 ans, il remporte la Coronation Cup (Gr1) à Epsom et prend la 4e place de l’Arc d’Helissio.
En 1997, Swain continue sa carrière mais sous la bannière Godolphin. Et voilà d’ailleurs le nom du gêneur jeté : Godolphin. L’émergence et l’installation de cette casaque communautaire, à vertu d’outil de communication, sonnent le glas de la domination d’André Fabre. Godolphin va recevoir tous les meilleurs espoirs de Cheik Mohammed. Seuls Cloudings et Limpid passent au travers les mailles du filet et offrent à l’entraîneur cantilien le Prix Lupin en 1997 et le Grand Prix de Paris en 1998. Puis Gracioso en 1999 dans le Prix Lupin.
André Fabre reçoit toujours des yearlings mais la machine est cassée. Doyen signe une belle année de 3 ans en 2004 (notamment 4e de l’Arc) puis passe sous la casaque Godolphin à 4 ans. Au total, avant le renouveau représenté par Cavalryman, ce sont 34 Groupes 1 qu’André Fabre a remporté pour Cheik Mohammed.


Swain

 


Le concept communautaire Godolphin


En 1992, Cheik Mohamed expérimente pour la première fois un concept nouveau : faire passer les hivers sous le soleil de Dubaï à ses pur-sang. D’inspiration éthologique, l’idée est de reproduire le comportement des oiseaux qui migrent l’hiver vers des contrées plus chaudes. Puis, petit à petit, les activités hippiques de Cheik Mohamed et des autres membres de sa famille (principalement Hamdan et Maktoum) deviennent des vecteurs de développement et de communication de Dubaï. L’idée d’une écurie communautaire naît alors. Godolphin aux couleurs bleu-roi (alors que la famille Maktoum n’a absolument pas de statut royal dans un pays au régime d’émirat) fait son entrée en scène en 1993/1994. Balanchine apporte la première victoire classique à Godolphin en 1994 dans les Oaks (Gr.1).


 


West Wind : la première et la dernière


De l’effectif de Cheik Mohammed qui reste à l’entraînement en France, une bonne part dépend d’Henri-Alex Pantall. Il n’y a là que des pouliches. Et c’est West Wind qui aura apporté la première victoire de Gr.1 à l’entraîneur angevin. Cette lauréate du Prix de Diane 2007 était avant Cavalryman la dernière représentante du leader dubaïote à avoir remporté un Groupe 1 en France.

 

 

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