La presse va mal ! Voici donc un nouveau journal hippique !

24/09/2011 - Actualités
En regardant les courses sur Equidia Live ce samedi après-midi, quelle fut la surprise de voir une page de publicités longue de plus de 45 secondes. Y-aurait-il de nouveaux annonceurs intéressés par le sport hippique ? Absolument pas. C’est en fait la conséquence de l’arrivée d’un nouveau journal dans le paysage hippique : Geny Courses. Il communique sur son lancement, ses concurrents communiquent sur leurs "nouvelles formules".

 

Le paradoxe hippique

Tous les patrons de presse vous le diront. L’âge d’or du papier est derrière nous, loin derrière nous. Tous les quotidiens nationaux généralistes ont dû faire preuve d’une grande ingéniosité afin de palier la dégringolade des chiffres de ventes : nouveaux formats, nouvelles rubriques, nouveaux looks, nouveaux patrons, etc. L’internet prenant le pas, les éditions sont proposées depuis de nombreuses années sur la toile. Ces journaux aux moyens colossaux ont dû digérer des situations financières difficiles pour rebondir et garder, tant bien que mal, leurs lecteurs même si ces derniers sont de moins en moins fidèles quotidiennement.
C’est donc dans ce contexte morose de la presse écrite qu’arrive ce samedi dans les kiosques le journal "Geny courses".  Proposé par la marque qui débuta dans la filière avec les commentaires des courses en direct par téléphone (audiotel), ce journal a l’ambition de trouver très rapidement sa place dans un paysage déjà riche en parutions multiples. Son prix d’1 euro se veut incitatif, son positionnement populaire et sa pagination (entre 36 et 40 pages) tout en couleurs capable a priori d’un traitement exhaustif des courses PHH. En bon camarade et bon confrère (en un seul mot), France Sire souhaite bon vent à ce nouveau venu.

Bienvenue ? Pas sûr...

Le problème, c’est que cette arrivée a provoqué une tempête dans les différents bureaux et couloirs de direction depuis de nombreuses semaines. Geny est en effet détenu à 100% depuis le printemps dernier par le PMU (et par conséquent les sociétés mères France Galop et Cheval Français), qui a racheté au préalable les 50% du fonds d’investissement Serendipity jusqu’alors co-actionnaire. Le PMU et ses (bientôt) 10 milliards d’euros d’enjeux collectés par an, sa force commerciale, sa capacité à créer une campagne publicitaire d’envergure sur son incontournable chaîne Equidia, etc. Quel que soit l’accueil du public et en particulier des  turfistes, quel que soit le niveau des ventes,  il est raisonnable d’imaginer que le nouveau journal aura les épaules pour encaisser les coups d’un démarrage difficile ou à terme d’une descente des chiffres de ventes.

La concurrence a du bon

Avant de détrôner Paris-Turf, Geny Courses a du travail. D’ailleurs, le quotidien annonce officiellement se placer sur le crédo des Paris-Courses, Bilto ou encore Le Veinard, plus que sur celui du quotidien de référence. Car même si on le sait "malade", Paris-Turf reste l’indispensable compagnon de route du turfiste, du socio-professionnel et même du journaliste spécialisé. Malgré les critiques, les déceptions, les regrets, rares sont ceux qui sont parvenus à s’en passer. Si bien que ses dirigeants ont même voulu réagir à l’arrivée du journal Geny Courses : depuis la semaine dernière, la couleur est présente dans chaque page, toutes les performances des courses françaises PHH sont publiées et les consultants sont mis en valeur. Une réaction d’orgueil consécutive à l’arrivée d’un concurrent.

Mais s’agirait-il d’une concurrence déloyale ?

Si l’idée n’a jamais été clairement exprimée publiquement en ces termes par les concurrents de l’arrivant, il est clair qu’aucun Groupe de Presse ne peut aujourd’hui se targuer d’une puissance de frappe équivalente à celle du PMU. Alors, on sort du gué. Ce samedi matin, l’habituellement très discret Antoine Rousteau, directeur de la publication de Paris-Turf, prend la parole dans le cadre de l’éditorial. Il y expose en lettres capitales la liberté et l’indépendance de son journal en opposition à Geny Courses. Paf !

Soit. Mais un journal dont les recettes principales émanent de la publicité est-il fondamentalement indépendant et libre vis-à-vis de ses annonceurs ? Surtout quand les plus importants sont justement Le Cheval Français, France Galop et le PMU...

Depuis l’ouverture du marché des jeux en ligne, le torchon brûle entre le PMU et Paris-Turf. Le Groupe s’est en effet lancé dans la grande aventure de la prise de paris. Fort d’une réputée base de données hippiques et de la célébrité de sa marque, le Groupe Paris-Turf avait en effet cru en sa capacité à générer de nouveaux revenus via la prise de paris sur internet. Une concurrence à l’époque vue d’un mauvais oeil par la direction de la société collectrice des enjeux en France. L’idée de concurrencer à son tour "le Turf" sur son terrain de jeu aurait-elle germé à ce moment-là ? Peut-être. En tout cas, le PMU dispose aujourd’hui d’un nouvel atout dans sa panoplie médiatique et de diffusion de l’information...voire de la bonne parole comme le diraient les patrons du journal surnommé "la bible"

Qui sera le grand gagnant au final ? Y-en-aura-t-il un d’ailleurs ? Et le seul objectif ne devrait-il pas servir la filière hippique en suscitant l’intérêt de nouveaux joueurs voire même de nouveaux propriétaires ? En cette année électorale, voici des sujets dont on aurait plaisir à débattre.

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