Vente de jeunes chevaux d'obstacle en Irlande : le retour de l'âge d'or ?

30/06/2012 - Actualités
Qui croyait que l'Irlande était ruinée, que "les anglais" avaient fuit la France et cessé d'acheter des foals d'obstacle dans les prés pour 10 fois le prix de saillie ? Les grands oracles des mauvaises fortunes devraient regarder ce qui se passe en vrai, comme les 28 et 29 juin aux ventes dans la Verte Erin.

En descendant la feuille des résultats pour cette vente de "stores", c'est à dire des chevaux inédits de 3 et 4 ans dotés d'origines d'obstacle, on se surprend qu'il y ait encore 45.000 € pour le 50e cheval le plus cher de la session ! Ce sont en effet, des sommes considérables, et régulières. Avec 425 lots présentés, les résultats présentent des chiffres flatteurs : 79% de vendus pour un prix moyen de 28.000 € et un prix médian de 22.000 €.

 



Donc, le marché de l'obstacle Outre-Manche, qui a présidé à 100 % à l'explosion du marché français depuis 20 ans, et continue de le diriger intégralement (y compris de façon indirecte puisque les acheteurs finaux sont toujours britanniques), est reparti de plus belle après le crise de 2008. L'âge d'or de la 1e partie des années 2000, où des hordes britanniques et irlandaises, souvent accompagnées ou représentées par des agents français "villageaient" de ferme en ferme pour dénicher tous les poulains valables dans les campagnes de l'hexagone, sans parler des enchères publiques lancées sur les rings d'Arqana, pourrait donc déjà revenir. En effet, les achats des chevaux très jeunes effectués en France ont tous ou presque pour vocation de repasser sur les rings anglais et irlandais, avec de substensielles plus values. L'idée est que ces acheteurs continuent de valoriser les chevaux à l'entrainement, puis les revendent prêts à courir ou juste après un bon début, à un client anglais riche et passionné comme il n'y en a que dans la perfide mais admirable Albion.

 

Tout pour le père !


Cet aspect commercial explique aussi pourquoi, peut-être plus encore que chez les chevaux de plat, la valeur marchande est fixée par le père et non par la famille maternelle. Cela va à l'encontre du principe de base de l'élevage d'obstacle en France, qui est fondé non pas sur l'investissement sur la saillie (souvent réduite au strict, car à la campagne, on n'aime pas trop dépenser ses sous) mais beaucoup plus sur la sélection de la mère. En matière d'obstacle, l'élevage français est plus efficace que le système irlandais, pourtant beaucoup plus nombreux, ainsi que le système anglais, qui est quasi inexistant. Mais c'est ainsi que le nerf de la guerre dirige toujours les débats finalement !

 

Network, un héros Outre-Manche qui suscite les enchères les plus folles. Il est stationné au Haras de Cercy.

 

Les papiers français qui flambent (merci Angela Merkel...)



Donc, un fils de Network nommé Vénitien de Mai, âgé de 3 ans, a été acquis par Alan Potts (client en France) pour la somme de 130.000 €, ce qui est fait le 3e top price de la vente. Elevé par René Dugardin chez Jean-Yves Touzaint dans l'ouest, ce poulain né tard (31/05/2009), a quitté la France officiellement le 1e janvier 2012. Il est issu de la famille du crack de cross Archy Bald, mais ce dernier n'est pas indiqué sur la page de catalogue (!) et son pédigrée n'a rien d'excitant sous la 2e mère (voir le pédigrée). Mais il devait être très beau, et par Network.

 Le 9e prix de la vente est décroché par un autre AQPS (race dans une forme olympique sur tous les tableaux depuis le début de l'année Outre-Manche). Elevé par Thierry Cyprès dans la Nièvre, Vigoville est né d'une robuste souche de sauteurs d'Auteuil, puisque la mère est soeur de Bilbao V, Alcoloide, Expoville, Quimbango, Janville, etc...(voir le pedigree) Il a été acquis 95.000 € par Willie Mullins. Il devait être lui aussi très beau, et par Lavirco qu'on ne présente plus, d'autant plus qu'il est mort.

On note que ce qui est revendiqué comme français aujourd'hui vient en fait de nos partenaires européens...allemands, car Network et Lavirco ont été acquis chez la charmante Angela Merkel. Les courses en France ont l'intelligence de la cuisine : on prend ailleurs, on adapte à notre sauce, et on crée une spécialité !

 

Un 3 ans non débourré pour 250.000 € !

Il y a d'autres pédigrées français dans les autres meilleurs prix de la vente, mais les détailler serait long et fastidieux. Le top price à 250.000 € reste un pur irlandais, puisque fils de Scorpion, excellent fils de Montjeu, gagnant de Gr.1 proposé dans la cour d'obstacle par Coolmore, avec une mère par le top étalon local Presenting. Mais la lecture du pédigrée laisse pantois (voir le pedigree). On trouve certes 2 black type sous la 2e mère, mais pas dans les vraies bonnes courses. C'est certes le frère d'un placé de Gr.2 en Irlande, mais ce dernier est le seul fils de sa mère qui ait couru, alors que celle-ci a donné 6 produits ! Et ce 3 ans n'est même pas débourré...Il n'empêche qu'Alan Potts (encore lui) a donc déboursé 250.000 € pour cet animal, qui devait donc être très beau, et par Scorpion.

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