Al Zarooni : la grosse cata pour les bleus Godolphin

27/04/2013 - Actualités
Mahmood Al Zarooni, convaincu de dopage et passé très vite aux aveux, a donc pris huit ans de suspension. La sanction est tombée jeudi et l’info a eu l’effet d’une bombe ? A fragmentations ? Possible…

Des stéroïdes anabolisants dans le sang bleu roi

Ethyl-estranol. Stanozol. Les noms savants des produits vulgaires retrouvés dans le sang des représentants de Cheik Mohamed Al Maktoum ont ça de pratique qu’ils sont valables dans toutes les langues. Tant mieux, tout le monde en parle ! Avez-vous vu ces images incroyables de Mahmood Al Zarooni sortant du bureau du BHA ce jeudi ?

 

 

Tête baissée, bouche cousue, regard sombre, costume clair et froid comme un iceberg, Mahmood Al Zarooni a quitté les locaux des autorités britanniques sous l’œil de dizaines de caméras et d’appareils photos, traqué par des journalistes en quête d’une réaction et de paparazzi en recherche du cliché qui tue. Une scène en tout point similaire à celle que l’on avait connue avec le handballeur Nikola Karabatic ou un homme politique pris les deux mains dans le sac (de la petite vieille sénile…).

Preuve que cette affaire dépasse bien largement les frontières habituelles de notre activité hippique. Un des entraîneurs  du plus grand propriétaire de pur-sang au monde a reconnu avoir administré des produits dopants à 11 chevaux de son écurie 5 étoiles ! Et pas des petits produits : des stéroïdes anabolisants ! Et pas n’importe quels chevaux ? Parmi eux, Certify, invaincue, qui ressemblait jusqu’à l’éclatement de cette histoire à une vraie championne. Comme ces compagnons de mésaventures, sa carrière est brisée (son année de 3 ans n’aurait-elle pas dû être sa plus belle) puisque les 8 ans de suspension de l’entraîneur ont été accompagnés à 6 mois de suspension pour les chevaux.

 

En pleine tourmente, le Cheikh Mohammed Al Maktoum et Mahmood Al Zarooni

 

Le chef n’est pas content, mais pas content du tout

Avec l’art de l’utilisation du politiquement correct, Simon Crisford, le manager des Godolphin, la frange plaquée sur le front comme pour cacher la tempête du désert qui ravage son cerveau depuis l’annonce de l’affaire, a fait savoir que ce mercredi 24 avril était un « jour sombre pour Godolphin » et que le big boss était « consterné ». Puis le ton est encore monté lorsque le dubaïote s’est dit « horrifié et furieux que l’on ait violé ainsi les standards d’éthique de la maison ». Mr Al Zarooni a dû prendre une de ces soufflantes !

Tout cela signifie bien sûr sa disparition définitive de la sphère Maktoum, lui à qui avait été confiée une antenne forte à Newmarket en 2010 d’où sont sortis un vainqueur de Dubai World Cup, Monterosso, et un lauréat de Saint Leger de Doncaster, Encke. L’ancien assistant de Saed Bin Suroor s’était fait une place au soleil. Il va falloir qu’il s’habitue à l’ombre. Le coupable est tout trouvé, il a aussitôt avoué, prétextant le bon vieux délai de rémanence et la période de non course pour se trouver un semblant d’excuse. Faut pas pousser quand même ! Et cette affaire de faire vraiment trop tâche pour le prince régnant de Dubaï, déjà touché dans son orgueil par la suspension de son enfant chéri Frankie Dettori, pour contrôle positif à la cocaïne. La coupe est pleine !

 

Jérôme Cahuzac, ça vous dit quelque chose ?

L’humble auteur de ces quelques lignes (jusqu’ici informatives et bientôt délirantes, à moins que…) ne peut s’empêcher de penser à Jérôme Cahuzac depuis le début de l’histoire Zarooni. Le mec a donc pensé qu’il pouvait donner des stéroïdes en période de « repos » comme si de rien n’était. Pourquoi pas un ministre des finances qui aurait un compte caché à Singapour pendant que vous y êtes ? Et bien sûr, il était le seul à pratiquer de la sorte et à le savoir. Comme si, dans notre cas « fictif » du ministre, les services secrets étatiques ne pouvaient pas connaître l’existence du compte ? Nous, on oublie de déclarer une petite pige de 200€ et on est redressé ! Bref, où veux-je en venir ? Et bien, ça parait trop gros cette histoire d’homme isolé aux pratiques exubérantes. Simon Crisford ignorait tout de tels agissements ? Le big boss également ? On a beau être républicains jusqu’au bout des doigts et respecter la présomption d’innocence et ne pas accuser sans preuve, on est aussi en droit de se poser des questions. Et donc parfois trouver des réponses.

 

C’est ainsi, que, sous couvert d’anonymat, un entraîneur français m’affirmait il y a quelques semaines encore : « Dubaï ? Pour avoir une chance de briller le grand jour, mieux vaut faire tout le Carnival et suivre les régimes locaux dès le début de la saison, pour jouer à armes égales. Et puis, il faut éviter de projeter de courir dans la foulée en Europe… » Dubai serait-elle une place forte des produits prohibés ? Sans le dire comme ça, nombre de professionnels européens en sont convaincus.

 

Oui mais voilà. Ce n’est quand même pas facile de s’émouvoir de pratiques supposées (voyez, j’y tiens) illicites de l’organisation du plus grand argentier mondial des courses de galop (voir notre dossier Darley en Australie). Le pire serait que ce tohubohu ne soit qu’une alerte sans plus de conséquences que celles déjà causées. Le scénario le plus acceptable, démocratiquement parlant, serait une enquête visant à établir (ou pas), effectivement, les niveaux de responsabilité et l’existence d’un système à la Armstrong. Chiche ? Pas sûr. Dans le meilleur des cas, la casaque bleue roi serait (enfin) lavée de tous soupçons. A l’opposé, le film catastrophe raconterait que Godolphin n’est en fait qu’une illusion sur-vitaminée et qu’après ça Cheikh Mohammed Al Maktoum se décide à tout lâcher. Là, ce serait, pour le coup, la très grosse cata.

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