Deauville utile : pour mieux décrypter la vente d'août

19/08/2009 - Ventes & Shows
Deux jours après la fin de la vente d’août d’Arqana, les satisfactions pleuvent sur les acteurs plus abondamment que les acas d’eau sur les estivants.  Mais puisque le catalogue est une accumulation d’éléments divers, il semble aujourd’hui judicieux de le reprendre dans le détail, histoire d’en tirer des leçons utiles.

 

Il est évident que le bilan chiffré, à peu près équivalent à celui de l’année dernière, est bon. Le chiffre d’affaires global a légèrement augmenté, la moyenne des vendus a légèrement baissé.  Plus important, le prix moyen a progressé de 111.000 à presque 115.000 €, et surtout, le prix médian, est passé de 70.000 à 75.000 €. C'est-à-dire que la moitié des poulains vendus l’ont été pour un tarif supérieur à 75.000 €. C’est ce chiffre, peu souvent utilisé, qui est le meilleur témoin du marché pour l’ensemble des vendeurs, qui n’ont pas les 3 ou 4  top price à se mettre sous la dent, ou le matériel suffisant pour intégrer la journée d’ouverture du vendredi, laquelle a été très porteuse avec un boum de 12%.

 


L’argent afflue donc vers les poulains de Deauville, et ce dans un flux continu. Les fonds viennent de pays très divers, et même d’acheteurs variés y compris des français puisque 27 personnes différentes ont acquis les 50 lots ayant dépassé les 200.000 €. Manifestement, malgré la période troublée, il reste plein de gens tels le regretté Alain Bashung dont les petites entreprises ne connaissent pas la crise, et Arqana suscite leur intérêt.

Mais comme personne n’est vendeur ni acheteur du catalogue entier, il est surtout intéressant de se replonger dans ses pages pour en ressortir des faits et des tendances véritables qui concernent les éleveurs pour le choix de leurs prochains étalons, quand ceux-ci ont eu une actualité particulière lors de cette vente.

 

Deauville est toujours le motif de grands débats, ici l'anglais John Warren face au français Robert Nataf.
On ne sait pas qui a gagné à la fin...



Qui a du Storm Cat à vendre ?



Le top price à 900.000 € est un fils de Storm Cat. Ce dernier a été  l'étalon le plus cher du monde, jusqu'à 500.000 € la saillie ! Il a été arrêté pour problème de fertilité en 2008 et ce yearling fait donc partie de sa dernière génération. C'était le 1e yearling, et donc le dernier en même temps, proposé par Arqana en août. Il a été déniché par Hervé Barjot, le fameux et rebondissant manager de Sean Mulryan, qui avait déjà trouvé un certain Whipper pour 4000 $ foal aux Etats-Unis.

 

Storm Cat, désormais retraité à Overbrook Farm dans le Kentucky



Qui a du fils de Storm Cat à vendre en France ?



A défaut du père, il faut donc se relancer avec les fils. D'ailleurs, Giant's Cauweway est lui-même très recherché, avec 2 produits vendus pour un total de 780.000 €.
En France, au haras de la Haie Neuve, Alain Regnier a eu ainsi High Yield, proposé à 5000 € en 2007. 5 poulains sur 8 présentés ont été vendus, pour une moyenne de 32.000 €, sans compter 1 amiable à 12.000 €.
High Yield est mort. Est resté Hurricane Cat à la Haie Neuve. Ses 4 poulains ont été vendus, sur le ring ou à l'amiable à 24.000 € de moyenne, soit un joli score de 8 fois le prix de saillie qui était de 3000 € en 2007.
Il y a actuellement 4 autres fils directs de Storm Cat en France: Munaafis au Taillis, Tomorrows Cat aux Chartreux, Tonitruant aux Mazières, plus 2 autres descendants, Sageburg et Sunday Break.

 

Hurricane Cat, fils de Storm Cat



Highest Honor: la dernière séance



Il y avait 1 seul produit d'Highest Honor, une nièce de Tulipa présentée par le Quesnay, qui s'est vendue 25.000 € à l'EURL du Chêne (David Powell). Si doué soit-il, Highest Honor n'a jamais été très « fashion » dans le plus haut de gamme. Arrêté en 2008 et mort en 2009, il n'aura plus de produit en août. En revanche, son fils Verglas fonctionne à plein régime avec 13 produits vendus sur 14 pour une moyenne de 65.000 €. Verglas est parti en Irlande, où sa saillie coute 10.000 €, mais les descendants d'Highest Honor ne manquent pas en France. Citons Sagacity, Vangelis, Stormy River, et un cheval à découvrir, Near Honor.

 

Highest Honor



Elusive City: bingo



L'arrivée d'Elusive City en France, au Haras d'Etreham, se fait sous les meilleurs auspices. Ses 6 produits ont tous été vendus, du 1e, un arrière-petit-fils de Resless Kara, pour 160.000 €, à la dernière, une petite-fille de Radiance, présentée par le Haras du Bois au Proux, pour 72.000 €. Au total, sa moyenne s'élève à 87.000 €.

 

Elusive City


Keltos: bingo aussi


En vue récemment avec la victoire de la 2 ans Kelty In Love dans une listed vichyssoise, Keltos n'avait qu'1 seul produit inscrit. Cette fille de la gagnante de Gr.1 Spinola a été vendue pour 60.000 € à Gérard Laboureau, un chiffre à mettre en rapport avec les 2500 € demandés pour la saillie au Haras des Granges...

 

Keltos



Comment fonctionnent les 3 étalons les plus chers de France ?


Depuis la mort d'Anabaa, les étalons les plus chers de France sont à égalité à 15.000 €: Muhtathir, King's Best et Green Tune.

Muhtathir tient très bien son rang. 9 produits sur 14 présentés se sont vendus pour une moyenne de 57.000 €, plus une amiable à 15.000 €. Et encore, sa moyenne aurait pu être plus haute s'il n'avait perdu le bénéfice d'un fils de Tossup, racheté pour 120.000 €.

Leader des étalons installés en France en terme de vainqueurs selon les classements de France Sire, King's Best a des résultats plus difficiles à analyser sur le ring. 3 sujets sur 5 ont été vendus, pour une moyenne de 55.000 €, soutenue par un fils de Law of Chance à 115.000 €.

Green Tune affiche des résultats réguliers. Sur 12 lots, 9 ont été vendus pour une moyenne de 62.000 €, tirée vers le haut par le n°268, acheté 160.000 €. Il faut rajouter une vente amiable pour la somme de 75.000 € réalisée entre le Haras du Petit Tellier et Eric Libaud au sujet d'un cousin d'Anabaa's Creation.

 

Muhtathir



American Post prend du galon

Alors que sa 1e génération de 3 ans en piste marche plutôt bien, American Post a réussi sa session d'août à Deauville. Avec 2 produits issus de juments semi-classiques, Lunaska et Si Symphonie, il a fait tomber le marteau à respectivement 50.000 et 95.000 €.  Cela représente de bonnes plus-value eu égard à prix de saillie à 7000 €, constant depuis 2007.

 

American Post



Archange d'Or lancé sur les rails

Le Haras de la Reboursière et du Montaigu a eu le courage de soutenir son jeune étalon avec ses meilleures juments plutôt que d'envoyer celles-ci en Irlande, pour s'assurer d'un gros chiffre aux ventes. Aliette Forien a été récompensée de ses efforts avec Archange d'Or, dont elle présentait 3 produits. Un fils de la grande matrone Rotina a été vendu 200.000 € à la Marquise de Moratalla, qui détenait une forme explosive, tandis que pour la même somme un fils de Tambura, autre fameuse poulinière, est parti chez Jean-Claude Rouget. Enfin, elle a vendu une soeur du champion Litérato pour "seulement" 32.000 €, mais cette yearling n'était pas dotée du modèle à l'avenant de son pédigrée, ceci expliquant cela. Par ailleurs, un 4e "Archange d'Or", petit-fils de Mare aux Fées, a été vendu 60.000 € par le Haras des Granges à Jean-Claude Rouget. Cela porte la moyenne d'Archange d'Or à 123.000 €, soit 25 fois le prix de saillie en 2007 !

 

Archange d'Or



Adieu Blackdoun et Marchand de Sable

Le Haras de Bernesq a subi 2 grosses pertes au printemps avec les morts de Marchand de Sable et Blackdoun. Leur ombre a plané à Deauville avec des plus value très conséquentes par rapport à leur prix de saillie. Alors qu'il n'a jamais été un grand vendeur, Marchand de Sable a fait du chiffre avec une moyenne de 37.000 € et 9 lots vendus sur 10. Cela fait 6 fois le prix de saillie, qui était de 6000 € en 2007.
Dans ce genre, Blackdoun a fait encore plus fort. Il avait 2 produits. L'un a été vendu pour 8000 € à l'amiable à Bernard le Gentil, l'autre est parti pour 50.000 €! Or, en 2007, Blackdoun coutait...1500 €. Il est mort ce printemps le lendemain de la 1e victoire de son 1e produit de 2 ans en piste. Ce n'est quand même pas de chance pour ce feu fils de Verglas.
 


140.000 € pour Enrique !
 


Enrique possède le profil type du bon étalon français. Il produit bien, régulièrement, sans pour autant faire les gros titres des journaux. Pourtant, il a réussi un sacré coup d'éclat avec son seul produit, une pouliche achetée 140.000 € par Alain Decrion. Il a été aidé dans son entreprise par le judicieux succès en débutant dans le convoité Prix des Marettes de Zagora, la soeur de la yearling présentée. Enrique est proposé à 3000 € au Haras du Hoguenet.

 

Enrique



On reparle d'Iron Mask
 


Actuellement loué par les frères Wertheimer aux Haras des Fontaines (Camille Abadie) près de Tarbes, Iron Mask s'est distingué avec une vente à 90.000 €, soit 45 fois le prix de saillie aujourd'hui de 2000 €. Il est vrai que le sujet était soutenu par son papier maternel, en tant que frère cadet de Victorieux et Villadolide. Son autre produit, présenté par le Haras de Grandcamp, avec un papier plus "normal", a fait 18.000 €, ce qui représente encore un beau coefficient par rapport à la saillie.
 

Iron Mask

 


Le seul Panis se vend 45.000 €
 


Acquéreur du dernier produit cité par Iron Mask, Tranford Limited a aussi investi la somme de 45.000 € pour le seul et unique produit de Panis proposé dans le catalogue, frère de 2 black-type, présenté par le Haras du Logis. La saillie de  Panis au Haras du Quesnay coutait 6000 € en 2007. Elle a été baissée à 5000 € en 2009.
 

Panis

 


Le retour de flamme pour Kingsalsa

Juste conséquence de ses nombreux succès depuis le début de l'année, la cote d'amour de Kingsalsa est revenue au beau fixe. La preuve, son seul produit, neveu de la sprinteuse Black Escort, a été vendue pour 82.000 € à Xavier Thomas Demeaulte. En 2007, Kingsalsa avait subi une inflation et demandait 12.000 € pour une saillie. Ce printemps, il n'en coutait plus que 4000 €: une affaire.

 

Kingsalsa



Le bout du nez de Vespone

Champion français revenu étalon au Haras du Petit Tellier là où il est né, Vespone, a eu 2 de ses 1e 2 ans en piste qui se sont placés cet été sur la côte normande, Tripone et Darling Pearl. Il a ainsi été suivi sur le ring, dans la mesure où son seul produit, frère de Testama inscrit en fin de catalogue, a fait 38.000 € sur le ring. Cela représente presque 13 fois son prix de saillie, plafonné à 3000 € depuis le début.

 

Vespone

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