Saint-Cloud Eté 2010: retour de l'obstacle
L'an dernier, la vente d'été de Saint-Cloud avait beaucoup souffert, surtout dans le registre des "stores", c'est à dire les jeunes chevaux de 2 ou 3 ans à vocation obstacle. Après des années de progression spectaculaire, soutenu par une demande anglaise exponentielle, ce marché s'est écroulé en même tant que les acteurs shakespeariens ont fui la scène, ruinés par la crise économique mondiale qui balayé de nombreux joueurs de bourse reconvertis dans le cheval par opportunisme. Le marché remonte la pente, avec une clientèle qui souhaite toujours dénicher de bons chevaux de courses l'ayant démontré avec des performances. Il n'a pas retrouvé son niveau quasiment délirant de l'âge d'or, et ce n'est pas près d'arriver de façon aussi globale. Mais il faut s'adapter à la nouvelle donne et on a pu constater hier que ce qui était vraiment bien se vendait...bien.
Le film de l'intégralité de la vente d'été est visible sur FRANCE SIRE TV
La vente d'été propose des chevaux de 3 catégories: ces stores sont accompagnés de 2 ans de plat présentés montés et de chevaux à l'entraînement. C'est parmi les stores que le top price a été atteint avec 160.000 € pour un AQPS âgé de 2 ans, acheté par Jehan Bertran de Balanda pour un propriétaire anglais, Allan Potts. Ce poulain non nommé, présenté par le Haras de la Croix Sonnet, est issu de l'étalon vedette Astarabad croisé avec une super souche d'AQPS, venant d'une famille d'anglo-arabe, dont vous pouvez retrouver tous les détails dans l'article consacré au pédigrée de sa cousine Sister Palma, la meilleure 3 ans AQPS de 2009.
Le top price de la vente d'été est un mâle AQPS de 2 ans par Astarabad et Miss Academy,
acheté pour 160.000 € par Jehan Bertran de Balanda pour son client anglas Allan Potts.
"J'entraîne toute la famille et ce poulain me plaisait énormément" explique Jehan Bertran de Balanda, qui avait gagné le Prix Jacques de Vienne avec sa mère Miss Academy, vendue ensuite en Angleterre où elle s'est placée de Gr.1 sur les hurdles malgré son faible modèle. " Ce poulain ne ressemble pas à sa mère, qui était une alezane petite et peu épaisse. Je pensais devoir payer ce cheval autour de 100.000 €, mais il y a eu de la concurrence et heureusement, mon client Allan Potts me fait confiance et nous avons pu emporter l'enchère. Désormais, ce cheval va commencer à travailler à la maison. Selon ses moyens, il participera au programme des courses plates pour 3 ans, qui est très bien fourni, puis ira à Auteuil, en fin de saison de 3 ans ou un peu pus tard à 4 ans."
Jehan Bertran de Balanda, acheteur du top price mais aussi d'une soeur de Saint du Chênet et Tanaïs du Chênet.
Patron d'Arqana, Eric Hoyeau en profite pour faire cette remarque dans le communiqué officiel: " Le prix de 160.000 € réalisé par un fils d’Astarabad âgé de 2 ans démontre la capacité de cette vente à valoriser les bons éléments, et ce en dépit du repli du marché britannique et irlandais puisque l’acheteur est un entraîneur français. Dès lors on ne peut que regretter les difficultés que nous éprouvons à attirer vers les ventes publiques les bons profils d’obstacle, en tant que stores ou une fois à l’entraînement. "
Manifestement, Arqana peine à pénétrer cette niche. Historiquement, les éleveurs possédant ce type de chevaux, aux antipodes des yearlings de plat, n'avaient pas accès aux ventes publiques et pratiquait le commerce à l'amiable, bottes aux pieds, dans le milieu des champs. C'est une autre culture et il n'est pas si facile de changer, ni forcément d'avoir envie de s'orienter vers le marché public, où après avoir fait des frais de préparation, on peut vendre de bons prix mais aussi prendre de belles gamelles; cela fait partie du jeu. Outre ce top price, on a pu constater en moyenne que le store de bonne facture vaut entre 40.000 et 60.000 €, même jusqu'aux 68.000 € accordées par le très en verve Jehan Bertran de Balanda, pour une femelle de 2 ans ultra bien née, propre soeur de Saint du Chênet et Tanais du Chênet. Pour le reste, c'est beaucoup plus dur, même si on peut trouver une certaine gamme autour de 10.000 €.
Amico Mio fait afficher 150.000 €
La catégorie des chevaux à l'entraînement baisse un peu, mais si on remarque un bon taux de vendus à 79%. Ce marché va d'un extrême à l'autre selon la qualité. Les bons sujets partent, notamment les 5 wilds cards. Amico Mio a été vendu pour 150.000 €, mais il portait les couleurs d'Andréa Ciampi et a été adjugé à Paul Nataf, qui est le courtier attitré des frères Ciampi, mais aussi déjà coéleveur à 50% et copropriétaire à 40% du cheval. Un peu comme pour les stores, un beau cheval bien fait à l'entraînement vaut de 30.000 € à 60.000 €, comme toujours pour une clientèle in fine britannique cherchant des chevaux d’obstacle. L’AQPS Sir Lagrange, élevé par Pascal Deshayes venait de conclure 3e pour ses 1e pas à Auteuil. Il a été vendu pour 91.000 € à Highflyer Bloodstock (David Powell). Autre exemple : un neveu de Dalakhani nommé Dalayir, 3 ans, gris presque blanc, venait de débuter 4e à Strasbourg en plat sous la casaque de l'Aga Khan, et a été acquis 65.000 € par Gary Moore, qui n'est pas une star de la guitare ni un ancien crack jockey australien, mais bel et bien un entraîneur anglais, père du jeune jockey vedette Ryan Moore. " Ce cheval va courir en plat cet été, puis il va débuter sur les obstacles quand les pistes vont commencer à s'assouplir. Je viens en France pour acheter des chevaux car en Angleterre, tout le monde veux les mêmes chevaux et ceux-ci en deviennent extrêmement chers. Il ne faut pas dire que le marché a baissé, car la semaine dernière en Irlande, les bons éléments se sont vendus pour des fortunes. C'est pourquoi je dois beaucoup me déplacer pour trouver des chevaux à des tarifs plus raisonnables."
