Corée du Sud : un matin pas calme à l'entrainement avant le Grand Prix

15/12/2016 - Découvertes
 Qui connaît la Corée du Sud, le pays du matin calme ? Personne à part Jappeloup et Pierre Durand médaillés d'or aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988. Ce pays étrange détient pourtant une des industries des courses la plus riche du monde ! Reportage à l'entrainement 3 jours avant le Grand Prix de Corée 2016 avec un duel annoncé entre les 2 champions locaux, Triple Nine et Power Blade. Avec les aliments DYNAVENA.

 

Toujours en guerre déclarée face au régime dictatorial de la Corée du Nord, la Corée du Sud est sans doute le pays de l'Asie de l'Est que les européens visitent le moins. On ne fait guère de tourisme dans cette contrée rigoureuse, travailleuse au taux de suicide record, et dont le ciel de la mégalopole de Séoul ne se débarrasse que rarement de son épais nuage "blanc foncé".

Pourtant, partout dans le monde, on téléphone en Samsung ou en LG, on roule en Hyundai ou en Kia, on danse sur Gangnam Style. L'âme coréenne, toujours menacée par ses encombrants voisins, le monstre chinois dont il méprise l'exhubérance, et l'impérialiste japonais dont il aime l'abnégation mais dont les souvenirs des atrocités commises lors du l'invasion du début du siècle n'ont pas été effacés, entretient sa nature humble et discrète.
 
 





 
 
C'est sans doute pourquoi les course coréennes sont restées totalement méconnues du reste du monde, outre quelques pays voisins, malgré leur extraordinaire puissance de feu financière. En effet, si le niveau des chevaux reste limité, il faut tout de même se rendre compte que la masse d'enjeu annuel dépasse les 6 milliards d'euros ! Et cela avec seulement 3 hippodromes (dont l'un réservés aux courses de poneys !) qui organisent chacun 100 réunions par an. Cela doit être mis en rapport avec la France, qui est retombé à moins de 9 milliards cette année, soit pas si loin devant la Corée du Sud, alors que le prestige de notre bel hexagone est fantastiquement supérieur.
 
L'argent vient du fait que les coréens, comme le commande leur âme asiatique, adoooorent le jeu, surtout les jeux d'argent. Et en plus ils ont...beaucoup d'argent. En effet, ces acharnés de la tâche, après une 1e moitié du 20e siècle cauchemardesque (invasion japonaise, 2e guerre mondiale, guerre de Corée entre les américains et les soviétiques), ont fait passer leur petit pays du tiers-monde à 12e PIB de la planète ! La moitié de la population se concentre dans l'incroyable mégalopole de Séoul, tellement propre et bien organisée qu'elle semble irréelle. Pourtant, le gouvernement, affichant sa bien-pensance, n'aime pas le jeu. Au point qu'il en interdit la pratique sur internet et même la diffusion des courses sur le web ou sur une chaîne de télé nationale. Seuls sont autorisés sur les jeux sur les hippodromes (toujours ouverts pour les simulcasting) et dans des points course en ville. A noter que le gouvernement gagne quand même une fortune grâce aux jeux sur les courses (16% de taxes), de même qu'avec les loteries qu'il autorise, mais qu'il interdit aux coréens le jeu aux casinos. C'est à dire qu'il y a des casinos en Corée, mais que les coréens n'ont pas le droit d'y mettre les pieds !
 


 
 
Ce chiffre d'affaire a explosé depuis l'introduction des courses de pur-sang au milieu des années 70 et l'installation sur le nouvel hippodrome suite aux JO de 88 (ceux de Jappeloup...), mais la situation économique actuelle amènera les chiffres à baisser de 5% au bilan de 2016. Entre la crise de succession et le Galaxy Note qui prend feu chez Samsung, une situation difficile chez LG et une Présidente de la République qui vient de se faire destituer pour cause de corruption, la Corée connaît une année de tensions un peu partout dans le pays.
 
 
 
 
Il n'empêche que la Corée, qui élève les 2 tiers de ses partants, se rend bien compte que son niveau sportif est assez faible eu égard à ses moyens financiers, techniques et technologiques. Cela s'explique facilement par la présence finalement très récente du pur-sang dans le pays, mais la KRA (Korean Racing Association) a décidé de forcer le destin en créant en septembre 2016 la 1e édition d'une course internationale sur 1800 m offrant près de 500.000 € au vainqueur !!!
 
 

Triple Nine, le meilleur cheval de l'histoire de Corée du Sud.


Power Blade, le 1e 3 ans à avoir réussi à gagner la triple couronne de Corée.
 
A part cette nouvelle épreuve, la course la plus richement dotée et la plus prestigieuse de l'année est le Grand Prix de Corée, qui offre une allocation totale de 600.000 € pour sa 35e édition le 18 décembre 2018 sur la piste en sable. Il y a donc effervescence sur l'hippodrome de Séoul quelques jours avant l'épreuve, où sont entrainés à l'américaine pas moins de 1400 chevaux répartis chez 52 professionnels. Ce Grand Prix clôture la saison classique qui comporte 7 Gr.1 locaux, qui sont les seules occasions où se rencontrent les chevaux et les jockeys de Séoul et de Busan, alors que ces deux villes ne sont distantes que de 325 kilomètres. Le KRA n'impose aucune limite territoriale, mais les habitudes font que chacun reste chez soi, sauf donc pour ces événements exceptionnels.
 
 

Triple Nine et Power Blade lors de leur dernier travail avant le Grand Prix de Corée.

 
Actuellement, le centre d'entrainement de Busan, pourtant inférieur en terme de nombre puisqu'il abrite "seulement" 1000 chevaux, détient les meilleurs éléments du pays, dont les 2 grands favoris du Grand Prix de Corée. Entrainés dans la même écurie, celle de Kim Young Kwan, le 4 ans Triple Nine et le 3 ans Power Blade annoncent un duel au sommet, dont les observateurs pensent qu'il tournera à l'avantage de l'aîné. En effet, Triple Nine, fils de l'américain Menifee, titulaire de 11 victoires en 19 sorties, a dominé son cadet lors des courses préparatoires. Il est actuellement le meilleur cheval de l'histoire des courses de Corée, bien que Power Blade ait aussi marqué son temps car ce fils d'Ecton Park a réussi à décrocher pour la 1e fois la triple couronne coréenne au 1e semestre (le Mile sur 1600 m, le Derby sur 1800 m et la Minister Cup sur 2000 m. Ce dimanche, la distance sera la plus longue de l'année, sur 2300 m, ce qui est un marathon dans un pays où tout le système des courses est basé sur la vitesse. Les 2 champions sont nés et élevés en Corée, alors que d'ordinaire, les 30% de chevaux achetés à l'étranger, essentiellement aux Etats-Unis, dominent largement les locaux.

 
 

La déclaration de partants a lieu tous les jeudis en public sur l'hippodrome de Séoul.


Le serbe Djordje Perovic s'est imposé en seulement un an et demi comme le meilleur jockey de Séoul.
 
 
 
Est-ce un signe des temps pour un pays de courses qui a décidé de sortir de son anonymat intrnational ? Le meilleur jockey de Séoul, qui sera associé à l'outsider Unbeatable, le serbe Djordje Perovic, y croit dur comme fer. Sacré 8 fois cravache d'or de Serbie, licencié en Italie, il a monté en Autriche, en Hongre, en Allemagne, en France et a obtenu une licence au Japon avant de débarquer en Corée du Sud : " Quand j'ai gagné mon 1e Gr.1 en Italie, j'ai pu aller monter au Japon, et là-bas, un jockey m'a parlé de la Corée du Sud. J'ai regardé sur internet. Ca m'a pas plu et je suis arrivé ici en mai 2015. Les 2 premiers mois, c'était très dur, tout était différent de ce qui était marqué sur internet ! Puis j'ai pu m'adapter à la vie coréenne et au rythme de l'entrainement et des courses. Ici, le développement  des courses est très rapide. Depuis un an et demi que je suis là, je me sens très bien et je crois que les progrès des courses de Corée vont pouvoir les porter au niveau du Japon ou de bons pays d'Europe en quelques années. "
 

Le jeune jockey du favori Triple Nine, Seo Seung Woon, tire le n°5 dans les stalles du Grand Prix.


Et voici donc la liste des 16 partants du Grand Prix de Corée du Sud 2016 !


A la fin de la conférence de presse, tous les acteurs sont invités à pousser le cri de guerre !

 

 

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