Afrique du Sud : Usain Bolt et Oh Susanna dans un Met de toutes les couleurs

28/01/2018 - Evénements
Le Met est à l'Afrique du Sud ce que Royal Ascot est à l'Angleterre, Usain Bolt et les zoulous en plus. La course la plus riche du continent, le SunMet disputé à Kenilworth a été remporté pour la 1e fois depuis 1902 par une pouliche de 3 ans, Oh Susanna, élevée par Drakenstein Stud. Voir le grand reportage, lire les histoires et anecdotes, voir toutes les photos. Avec Green Equine Logistics.

Un hélicoptère atterrit sur la piste, face au poteau d'arrivée. Une des plus grandes vedettes du monde en descend sous les ovations : Usain Bolt, l'athlète le plus titré de tous les temps, ambassadeur du sponsor, le champagne Mumm, sera la super guest star de cette journée époustouflante sous le soleil de plomb qui terrasse actuellement le pays avec la plus grande sécheresse de son histoire. Les chapeaux en moins, car le vent incessant ruine tout espoir de conserver un couvre chef en place, et la population noire en plus, le Met ressemble trait pour trait à Royal Ascot. C'est le principal événement mondain du pays. La plupart des participants viennent pour voir et être vus avec des costumes les plus colorés et fantasques possibles, boire du champagne à l'abris de la canicule dans les tentes et les espaces ombragés des sponsors.

 

 

Il y beaucoup de monde, entre 30 et 50.000 selon les années, mais finalement très peu de personnes s'intéressent aux courses, et les tribunes ne trembleront qu'à l'arrivée de la grande course. Bref, les espaces sont cloisonnés et si l'apartheid est terminé depuis près de 30 ans, et si la population africaine d'origine s'est considérablement émancipée et enrichie pour une partie d'entre elle, Usain Bolt, quand il arrivera au rond de présentation avec le grand prix pour saluer tous les jockeys,dépassera non seulement toute le monde de 2 têtes mais sera quasiment le seul black de l'enceinte. En effet, tous les professionnels, éleveurs, entraîneurs et propriétaires, ainsi que la plupart des jockeys, sont tous blancs comme des linges et habillés comme des anglais en parade. Notons que si les courses d'Afrique du Sud ont copié trait pour trait le modèle britannique, les noms des participants, dont celui de certains jockeys vainqueurs (Grant Van Niekerk, Richard Fourié, Bernard Fayd'Herbe), rappelle bien que l'Afrique du Sud a été colonisée dès le 17e siècle par les néerlandais, rejoint plus tard par d'autres protestants, les huguenots chassés de France suite à la révocation de l'édit de Nantes. 

 

 
Oh Susanna au pré-rond


Grant Van Niekerk, déjà vainqueur de l'applaudimètre au rond de présentation


Oh Susanna, la pouliche de 3 ans, résiste à Last Winter qui termine en trombe tout à l'extérieur pour prendre la 2e place à Marinaresco (toque bleue). Le favori Legal Eagle, casaque jaune à poids jaune, conserve la 4e place après avoir longtemps fait illusion.

 

THE SUNMET (Gr.1) - 2000 m - OH SUSANNA
 
Surnommé the Met, contraction du nom d'origine, le Metropolitan, de la course crée en 1883, le grand prix d'été de Kenilworth dans la ville du Cap est l'épreuve la plus richement dotée de tout le continent africain, avec 400.000 € d'allocation. Dernièrement, les conditions de courses ont changé, passant du handicap à des poids fixés par âge et par sexe, ce qui rend la course encore plus classique. D'ailleurs, tous les gros bras du pays ont occupé les 1e places, mais avec toutefois une grande nouveauté sur la 1e marche du podium. En effet, Oh Susanna s'est imposée alors qu'aucune autre pouliche de 3 ans n'avait réussi un tel exploit depuis 1902 et Chair Lady, en pleine guerre des boers...Avec les nouvelles conditions, elle avait le numéro 20 et le plus petit poids de la course, ce qu'il l'a évidemment aidé par rapport à un handicap dans lequel, compte-tenu de ses titres, elle se serait retrouvée beaucoup plus haut dans le tableau.
 
Oh Susanna, dauphine officielle de Snowdance, avec qui elle a grandi à Drakonstein Stud et dont elle avait été 2e dans les Cape Guinees, venait de décrocher son 1e succès de Gr.1 dans les Paddock Stakes sur 1800 m. Montée avec finesse par Grant Van Niekerk, 26 ans, actuel n°9 du classement des jockeys en Afrique du Sud, Oh Susanna a suivi les leaders avant d'être déboitée progressivement et de changer soudainement de vitesse à 200 m du poteau, ce qui lui a permis de dépasser le favori Legal Eagle (Greys Inn), 6 ans, déjà 2 fois 2e du Met, qui semblait parti pour la gloire. Finissant comme une balle à l'extérieur, Last Winter (Western Winter) est revenu prendre la 2e place après avoir dû partir du 20 dans les stalles, sous la selle du vieux jockey star Piere Strydom, 48 ans. Entraînée par Candice Robinson, le minuscule 6 ans Marinaresca (Silvano), vainqueur du Durban July 2017, court encore très bien pour conclure 3e avec Aldo Demeyer devant Legal Eagle qui a cédé dans les 50 derniers mètres.
 
Oh Susanna conclut une journée de rêve pour le top entraîneur Justin Snaith, qui remporte 3 des 4 Gr.1 de la journée. Lui qui travaille avec son frère Jonathan, dans la ferme familiale près de la mer dans la région du Cap, il a pris la suite il y a 15 ans de son père Chris Snaith. Et pourtant, depuis 40 ans qu'ils se sont lancés dans les courses en provenant du concours hippique, cette grande famille n'avait jamais gagné le Met !

 


Retour triomphal pour Oh Susanna, et tout en couleurs


Gaino Rupert, la propriétaire gagnante, semble plus intéressée par Usain Bolt que par Miss Univers !

 

La gagnante est née en Australie avant d'arriver en Afrique du Sud, à Drakenstein Stud. La riche propriétaire, Gaino Rupert, avait acquis sa mère Sharp Susan pour la somme de 650.000 € aux ventes d'Inglis Easter Sale en Australie en avril 2012. C'était tout de même moins cher que 4 ans plus tôt, quand la même jument faisait tomber la marteau à 2 millions de dollars à Keeneland ! Soeur de 2 gagnants de Gr.1 par Touch Gold, née de la souche de Bien Bien et Caravaggio, Sharp Susan finissait alors sa carrière de course pendant laquelle avait gagné un Gr.2 et un Gr.3 sur le gazon.

Son père Street Cry s'illustre une nouvelle fois avec une championne femelle, après l'américaine Zenyatta et l'australienne Winx. Ce vainqueur de la Dubai World Cup 2002 par Machiavellian faisant la double saison entre les Etats-Unis et l'Australie mais a dû être euthanasié en 2014, suite à des complications neurologiques, alors qu'il n'avait que 16 ans.

Le haras de Drakenstein remporte sa 1e Met alors qu'il n'a été créé qu'en 2004, sous l'impulsion du couple Rupert qui a consacré 160 hectares d'un immense domaine viticole de plus de 1000 hectares à 1 heure du Cap à la création de prairies, de paddocks et d'écuries de très haut standing. 

VOIR LE REPORTAGE SUR DRAKENSTEIN STUD

 


Victoire de Sergeant Hardy dans le Flying Championship


Sergeant Hardy, monté par Bernard Fayd'Herbe.

FLYING CHAMPIONSHIP (Gr.1) - 1000 m - SERGEANT HARDY

Le sprint qui se dispute sur la ligne droite qui traverse l'hippodrome a donné lieu à une certaine pagaille au début. Fait rarissime, un faux départ a entraîné les non-partants de 2 concurrents dont les jockeys n'ont pas réussi à reprendre leur monture, dont Nafeer qui appartient à Cheikh Hamdan Al Maktoum. Puis un 3e concurrent en vue, Search Party s'est échappé devant les stalles et est rentré directement aux écuries sans son jockey...Il n'empêche que le meilleur sprinter du pays, Sergeant Hardy , sous la selle de Bernard Fayd'Herbe, a imposé facilement sa loi pour l'entraînement d'un Justin Snaith qui a remporté 3 des 4 Gr.1 du jour.

Sergeant Hardy est un fils de Captain Al (Al Mufti), ancien vainqueur des Cape Guineas (Gr.1) devenu champion sire en Afrique du Sud dans le haras de Klawervlei Stud, mais qui a dû être euthanasié à 21 ans en 2017 suite à des fourbures. Il a été élevé par Normandy Stud, un haras créé en 1971 par la famille Voulkes, qui en est toujours propriétaire.

 


Victoire d'Eyes Wide Open dans le Derby de Cape Town

 


CAPE DERBY (Gr.1) - 2000 m - EYES WIDE OPEN

Déjà vainqueur à 2 ans du Premiers Champion Stakes (Gr.1), Eyes Wide Open a confirmé son statut de meilleur poulain de sa génération sous la selle de Richard Fourié pour l'entraînement de Glen Kotzen. Il a grandi à Highlands Stud, à 2 heures du Cap, chez Kim Riddle du Plessis, là où stationne son père Dynasty, l'un des meilleurs continuateurs de son père Fort Wood, ancien vainqueur du Grand Prix de Paris chez André Fabre avant de devenir un chef de race en Afrique du Sud. La souche, dans le pays depuis l'importation de la 7e mère venue d'Italie après-guerre. Son oncle Alastor fut un champion, vainqueur de la Champions Cup 2004 et du SunMet 2005.

 


Snowdance, en casaque noire et blanche, s'impose au centre.


Snowdance, une magnifique fille de Captain Al

 

MAJORCA STAKES (Gr.1) - 1600 m : SNOWDANCE

Juste avant de remporter le MET, la même équipe composée du jockey Grant Van Niekerk, de l'entraîneur Justin Snaith et de l'élevage de Gaino Rupert à Drakonstein Stud avait déjà triomphé avec leur autre championne de 3 ans, Snowdance, dans le Majorca Stakes, face aux femelles d'âge. Aujourd'hui lauréate de sa 4e course en 5 sorties, Snowdance venait d'ailleurs de devancer Oh Susanna dans les Cape Guineas. Fille de Captain Al, tout comme Sergeant Hardy qui a remporté le Sprint, Snowdance n'est autre que la propre soeur de Captain America, un des meilleurs chevaux d'âge du pays. Eleveur de Snowdance, Drakenstein en a gardé la propriété mais en association avec le couple Mitchell dont elle porte les couleurs.

 

GALERIE PHOTOS

 


Elizabeth Doumen, née en Afrique du Sud, et François Doumen, qui a vécu 8 ans dans le pays, assistent au Met depuis 43 ans !


Un retour vainqueur en marche bien organisé


Usain Bolt est arrivé en hélicoptère directement devant les tribunes.


La méthode fracassante d'Usain Bolt pour sabrer le champagne.


Corne Orffer, jockey de Captain America, s'est fait faire une dédicace sur sa toque !


Les 20 jockeys réunis avant la course.

 

 

 

 

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