Les Jeuxdi de Longchamp : la révolution intellectuelle à France Galop

26/06/2019 - Evénements
 Ce jeudi 27 juin aura lieu le 6ème des 12 "Jeuxdi de Longchamp" programmés au 1er semestre 2019. Cette opération rencontre un succès extraordinaire qui peut surprendre même ses organisateurs. Cette marée humaine et joyeuse de près de 10.000 personnes qui accourent vers l'hippodrome pour faire la fête en regardant des chevaux courir représente une révolution intellectuelle. Nous y sommes allés pour vous car il faut le voir pour le croire.

 

 

 Il y a 2 ans, aux courses, nous avons touché le fond de la piscine, coulés par des décennies de mépris de notre clientèle : les joueurs, les propriétaires et le grand public en général, c'est à dire les 3 populations qui se complètent pour faire fonctionner tout le système. S'il manque un panneau de ce tryptique, tout s'écroule. Mais depuis mi-2017, notamment grâce au ménage qui a été fait à la tête des institutions, à la pression nouvelle manifestée auprès de ces derniers par les socio-professionnels eux-mêmes, à la prise de conscience des organisateurs, la confiance est revenue dans la tête des acteurs des courses. Cela se joue à la faveur des résultats probants des opérations d'animations conduites un peu partout en France, y compris en zone urbaine où, soi-disant, il était impossible de refaire venir les gens sur un hippodrome. Sauf que les gens qui pensent comme çà, c'est à dire comme dans les années 80 et 90 sont complètement dépassés aujourd'hui. Et c'est justement dans les villes où la population, aujourd'hui en quête d'authenticité et de nature, se précipite vers tous les espaces de verdure et encore plus où on peut voir des animaux. Et pour peu qu'on y propose des services simples mais de qualité à des tarifs raisonnables, on attire du monde, voire beaucoup de monde. Et le monde attire les propriétaires immanquablement comme le désert des tribunes les fait fuire à grandes enjambées, quel que soit le montant des allocations offertes.

 

 

Si aujourd'hui, les hippodromes anglais sont pleins, on oublie que malgré sa fameuse culture des courses, l'Angleterre a subi une grave crise de désaffection du public au début des années 80. Les hippodromes étaient lugubres, morbides, et l'ambiance dégradée. Les nouveaux organisateurs ont décidé de rajeunir tout çà en commençant par faire jouer des groupes de musique à la fin des courses. Les vieux coucous locaux en tweed se sont scandalisés, hurlant à la dénaturation de leur noble sport. Heureusement, on les a laissé sucrer les fraises dans le fond de la salle, on a déplacé le Derby d'Epsom du mercredi au samedi. L'ambiance est revenue en Angleterre et les propriétaires avec... On bat à nouveau des records de fréquentations.

Chez nous, Les grincheux ont à dire contre les Jeuxdi de Longchamp que les jeunes ne viennent pas aux courses pour voir les chevaux mais pour picoler. Ces vieux schnocks, contre lesquels on devrait profiter des soldes d'été sur les massues à Gamm Vert, ont triplement tort. Premièrement, plus personne, de toute façon, ne vient voir le spectacle tels que le proposent ces fossoyeurs des courses. Deuxièmement, que les gens viennent y faire la fête est la 1ère façon de les ramener sur un hippodrome. Et d'ailleurs, partout dans le monde, sur les petits ou les grands hippodromes, la fête bigarrée, alcoolisée, colorée et délurée a toujours été l'essence-même de l'événement avec ce principe de base valable pour tous les âges : " aux courses, on fait ce qu'on veut." Pour s'en convaincre, ii suffit d'aller une fois dans sa vie au Derby d'Epsom, qui est un capharnaüm total. Hors, cette course sert de modèle pour tous les systèmes de courses dans le monde aujourd'hui. Autant dire que si on est contre le principe, mieux vaut quitter notre beau monde et créer des courses de martiens où les chevaux et les commissaires ne seront certainement pas dérangés par le bruit de la foule sur la planète rouge.

 

 

Troisièmement, les milliers de personnes que nous avons vu en ce soir de juin à Longchamp regardent les courses. Ils jouent aux guichets, sous l'impulsion de Guillaume Covès et Amélie Bitoun, et dès que Stéphane Costes annonce l'imminence du départ, la foule s'approche de la piste et crient sans trop savoir pourquoi mais ils crient quand même. Il est vrai qu'à l'automne dernier, de façon la plus débile du monde,ils étaient parqués dans le seul endroit de l'hippodrome d'où on ne pouvait pas voir un cheval. Aujourd'hui, l'espace d'accueil s'est déplacé dans une zone idéale, le long de la piste, au pied des tribunes qui se remplissent pour la 1ère fois de l'histoire depuis Léon Blum (Arc de Triomphe excepté). C'est magnifique, c'est magique.

La foule accourt dans ce qui est l'un des plus beaux jardins de Paris, dont tous les dirigeants d'après-guerre ignoraient l'existence, et qui offrent un spectacle, à boire, à manger et de la musique. Pour les parisiens, c'est une chance extraordinaire, car il n'existe aucun espace vert dans la Capitale (réputée pour la rareté de ses parcs) qui propose autant de festivités pouvant durer aussi tard la nuit et sans limite de bruit. En plus, les navettes gratuites depuis la Porte Maillot mises en place par la direction du marketing de Fabrice Favetto-Bon font disparaître le problème de l'accessibilté en permettant de rentrer à la maison juste en tenant à peu près droit même sur des chaussures à bascule. Contrairement à nos a priori, les gens qui viennent ne sont pas que des jeunes macronistes en beau costume descendus des tours de la Défense. on trouve aussi des types en jeans et baskets et même des "zivas" ayant repassé pour l'occasion leur plus beau jogging. Tout le monde boit du rosé.

 


Un jeudi soir à Longchamp, et pas l'Arc de Triomphe.

 

Au hasard des interviews, on tombe donc sur des gens venus faire la fête, ce qui est toujours une bonne chose, et aussi de nombreux venus voir les chevaux, ce qui est encore mieux. On en a même trouvé une toute fraîche qui nous a déclaré avec une candeur confondante qu'elle aimait les chevaux pour les monter dans les clubs et qu'elle venait ici pour les découvrir en course ! Diantre, voilà enfin le pont jeté entre les disciplines ! Voilà ce pourquoi des dizaines de millions d'euros ont été dilapidés tant d'années par tous les imposteurs à la tête des services marketing et multimédia des institutions, à grand coup d'émissions voire de chaînes de télé et de plans de com loufoques. Et dire qu'il suffisait d'être moins prétentieux.

Le jeudi 13 juin, la course des grandes écoles avait été judicieusement programmée en milieu de soirée, ce qui a ramené encore plus de monde et réchauffé encore plus l'ambiance, pourtant menacée par une météo capricieuse car on sortait tout juste d'une période de pluie et de froid très rude. A l'inverse, nous serons le soir du 26 juin au pic de la plus grosse canicule de l'histoire de Paris. Il est donc très difficile de savoir si les gens vont rester terrés chez eux où si, au contraire, ils vont chercher de l'air frais à l'extérieur en soirée. Sur les 30 événements prévus en extérieur par France Galop, il y a aura forcément de la casse en raison des conditions atmosphériques, comme la veille au soir du Grand Steeple-Chase de Paris. Il n'empêche que dans l'ensemble, tous les acteurs des courses peuvent  retrouver du moral en voyant revenir le public sur les hippodromes. Comme quoi le "produit" courses de chevaux plaît encore beaucoup aux gens, à la seule condition qu'on leur présente avec le sourire.


GALERIE PHOTOS APRH

 


Le rosé remporte un succès fulgurant. Tous les tarifs sont raisonnables, avec par exemple une pinte de bonne bière Carlsberg à 9 €.


Amélie Bitoun et Guillaume Covès se démènent pour faire prendre au public le goût du jeu.


Les agents mobiles du PMU ne sont pas des vieux grincheux qui puent de la gueule, donc les gens jouent aux courses...


...et ils regardent les courses avec passion


il y en a même qui gagnent !


Il y a tellement de monde que c'est dur de se retrouver !


Mais on fini toujours par se retrouver près de la buvette.


Mais il y a plusieurs buvettes.


Il y a même plein de buvettes.

 

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