Emir's Sword 2012 : le Qatar est quand même est un drôle de pays

02/03/2012 - Découvertes
La rigueur des moeurs locales ne semble pas inviter à la grosse poilade. Mais le Qatar, sorti de l'inconnu depuis peu pour occuper une place diplomatique prépondérante dans le monde, est tout de même un d

 

La famille régnante du pays, les Al Thani, exerce une monarchie tellement absolue qu'elle possède tout le pays, jusqu'au moindre caillou qui rempli cet espace désolé où ne pousse même pas la moindre herbe à chameau. Les femmes voilées avec des burqa intégrales, les longues barbes des hommes et l'absence quasi totale d'alcool dans le pays ne laisse guère de place à la bagatelle, , à l'opposé totale du voisin de Dubaï, où tout est permis. Et pourtant, c'est ici qu'Al Jaazeira est devenu un grand média d'info mondial indépenddant aux nez et à la barbe des grands rivaux américains de CNN.

 

Le Qatar tire sa fortune de ses usines à gaz en plein désert


Le Qatar soutient officiellement et arme les rebelles syriens

 C'est aussi ce régime qui dans le Moyen-Orient a été le 1e à soutenir le printemps arabe de 2011, et aujourd'hui déclare son soutien officiel aux rebelles de Syrie (avec promesse d'armement), tandis que l'Emir reçoit les rabbins de d'Israël en grande pompe pour l'organisation de la protection de Jerusalem. La célèbre mégalomanie des milliardaires des pétrodollars n'a pas vraiment lieu ici. La fortune est plus tardive et vient du gaz, en quantité gigantesque. La ville de Doha se transforme à vue d'oeil, elle grandit de façon exponentielle mais assez organisée et finalement, prend vie, surtout en banlieue.

 

L'Emir du Qatar, un des hommes maintenant les plus puissants de la planète, avec Olivier Peslier

 

Favori pour l'organisation des Jeux Olympiques 2020 !


Le Qatar est sponsor de l'Arc de Triomphe, il a gagné l'organisation de la Coupe du Monde de football 2022 et est annoncé favori pour les Jeux Olympiques 2020 ! le Qatar s'y connait en la matière. Il a déjà organisé les Jeux panarables et même les très importants Jeux Asiatiques. Tout cela s'organise autour du gigantesque centre sportif d'Aspire, devenu un centre névralgique du sport mondial.

 

La tour de la flamme olympique des Jeux Asiatiques pourrait bien servir à nouveau pour les Jeux Olympiques 2020...

 

 

Bientôt un 2e hippodrome à Doha

Au niveau des courses, les choses avancent aussi. Tandis que la consruction d'un nouvel hippodrome aux normes internationales est projeté au plus près du nouveau centre ville et des quartiers les plus chics, le champ de course d'Al Rayyan, ouvert depuis seulement 6 ans se trouve aujourd'hui entouré d'une zone résidentielle et industrielle.

 

 

 L'hippodrome d'Al Rayyan ne sera bientôt plus le seul du Qatar, puisqu'il en sera construit un 2e, plus grand, de l'autre côté de la ville.

La journée de la femme !

Pour la 1e fois de son histoire, le Qatar organisait un grand meeting international de 3 jours entre le 28 février et le 1e mars, avec en tête d'affiche l'Emir's Trophy et l'Emir's Sword, les deux plus grandes courses de l'année respectivement pour les pur-sang anglais et arabes, avec 300.000 € et 400.000 € d'allocation (en augmentation de 30%). L'aspect international est assuré moins par les chevaux (seulement quelques dubaïotes ont fait le déplacement) que par les hommes mais aussi...par les femmes ! En effet, deux courses de cavalières ont eu lieu dont une en ouverture de la journée principale du 1e mars. " Quand on pense que la 1e fois que je suis venu ici en 1995, les femmes ne conduisaient pas ! Il y a eu énormément de progrès et d'ailleurs la politique du gouvernement agit beaucoup en faveur des femmes." exlique Alban de Mieulle, le meileur entraineur local et témoin idéal de l'évolution du pays."

 


La grande journée du 1e mars s'ouvrait avec une course de cavalières de la Fégentri, où la France était représentée par Delphine Garcia-Dubois (à droite). Cela peut surprendre dans cet endroit du monde où la Burqa est le plus fréquent des couvre-chefs.

Quand la France est plus puissante que l'Angleterre


Une fois n'est pas coutume, les français sont mieux placés que nos chers amis anglais dans un pays en plein développement. A demeure, Alban de Mieulle, sa compagne Patricia Musial, coordinatrice d'événement pour la Qatar Equestrian and Racing Clup, mais aussi 6 jockeys de tête (David Bouland, Arnaud Bouleau, Gérald Avranche, Yannis Aouabed, David Badel et Stéphane Ladjajd) assurent une influence forte. Elle a été renforcée cet hiver par la venue d'un des plus grands jockeys du monde : Olivier Peslier en personne.

 



Georges Mikhalidès : le grand retour du sorcier libanais qui entraine à 2 heures du matin

Il a été l'entraineur sensationnel de Mahmoud Fustok qui a fait un festival dans les Gr.1 français dans les années 80. Fast Topaze, Fijar Tango, Lady in Silver et tant d'autres. Georges Mikhalidès, entraineur ultra classique vainqueur de Poule d'Essai et de Prix de Diane, poursuit un destin rocambolesque qui a pris un nouveau tournant au décès accidentel (ou pas) de son propriétaire avec qui il était parti pour s'installer au Etats-Unis. Le voilà au Qatar. Georges Mikhalidès est le professionnel qui entraine le plus tôt du monde : il sort ses chevaux à 2 heures du matin ! Pour éviter la chaleur torride du Qatar, mais aussi les problèmes de traffic sur la piste d'entrainement de l'hippodrome, car il y a environ mille chevaux de courses sur le site !

 



Entraineur pour le Cheikh Mishal, un frère de l'Emir Hamad bin Khalifa Al Thani, Georges Mikhalidès venait de remporter son 1e Gr.1 local pour les pur-sang arabes (dont la qualification Gr.1 n'est pas reconnue par les instances internationales) avec Al Muhajaz, qui court sous la casaque du fils du Cheikh Mishal, un jeune adolescent.

Ce très beau cheval, puissant, monté par l'anglais Darren Williams s'est littéralement envolé dans le 1e des trois grands prix du programme du 1e mars, l'Emir's Trophy pour les pur-sang réservé aux nés et élevés au Qatar. " Tout le monde me disait que j'allais gagner avant la course, ca met les boules !" disait l'ami Georges aussitôt l'arrivée, soulagé. Lui qui avait attaqué le meeting avec une victoire dans l'épreuve d'ouverture, la course de gentleman de la Fegentri, Georges Mikhalidès décroche donc une des trois grosses timbales, ce qui est très important pour un professionnel qatari en cette journée très spéciale, surout en présence de l'Emir en personne...

 

Al Mujahaz s'envole dans la course réservée aux pur-sang arabes nés et élevés au Qatar, sous la selle de Darren Williams.


Al Mujahaz a le droit de voyager, lui...


Né au Qatar mais issu d'une origine française, Al Mujahaz tentera d'aller porter la bonne parole à l'étranger. " Si je suis invité, nous irons disputer le Khayala Classic à Dubaï le jour de la Dubaï World Cup. Puis on pourra venir en France." Fils de Hafid du Bac avec une mère par l'incontournable Dormane, le gagnant ne porte aucun sang de Tiwaiq, qui est interdit de séjour à Dubaï. Ce grand étalon provient du désert d'Arabie Saoudite, avec des origines non constatées. Aujourd'hui, il est clairement considéré comme non arabe (soupçonné d'être anglo arabe sinon pur-sang). Il est mort mais le Qatar a officiellement alerté (voire "attaqué") France Galop en sommant la France d'interdire de courir les descendants de Tiwaiq...Il y a du rifi sous les dejellabah...

Lancelot s'impose très facilement avec Olivier Peslier dans l'Emir's Trophy, devant l'autre ex-français Amico Mio (David Badel)


Alban de Mieulle fait tilt avec son pur-sang du Lac

Entraineur tête de liste au Qatar, Alban de Mieulle a acquis sur le ring d'Arqana une dizaine de yearlings  pour le compte de son propriétaire, le Cheikh Abdullah Al Thani, qui sont confiés à Freddy Head à Chantilly. Mais paradoxlament, il n'entraine quasiment que des pur-sang arabes pour le cheikh au Qatar dans sa ferme dans le désert. Il n'a ainsi que 4 pur-sang, dont le fer de lance Lancelot. Ce fils de Bahri, issu de la famille de Grape Tree Road, Street Shaana et Watar, avait été acquis 300.000 € après une victoire de Listed chez Jean-Marie Béguigné. Vainqueur de l'Emir's Trophy, la meilleure course de pur-sang  du Qatar, il avait été dépossédé de sa victoire dès suite d'un contrôle positif, du à un résidu de thérapie. Comme quoi il n'y a pas de favoritisme, même pour les rois du gaz. Associé à Olivier Peslier, Lancelot a pris une éclatante revanche sur le sort. Il a laissé dans le lointain l'autre ex-français Amico Mio (Best of The Bests), qui avait été acquis 150.000 € à Arqana après 2 places de Listed également chez Jean-Marie Béguigné. Ce sont 2 rivaux habituelles qui s'entre battent toute l'année. En 2011, Amico Mio avait récupéré la victoire de cet Emir's Trophy sur le tapis vert.

 

Lancelot avec Olivier Peslier, entouré par Erick Ventrou et Alban de Mieulle.



Julian Smart dans le livre des records

Très anglais dans son physique, Julian Smart sera plutôt italien dans son expressivité. Il laisse tomber son flegme britannique lorsqu'il gagne. Et il gagne souvent vu la forme des pensionnaires de ses propriétaires, la famille de Cheikh Mohammed Al Thani (Al Shahania Stud), le frère d'Emir Hamad, du Cheikh Abdullah (chez Alban de Mieulle) et de Cheikh Mishal (chez Georges Mikhalidès)...

Julian Smart : so british !

 


Déjà vainqueur de haute lutte l'an dernier avec le beau gris Jaffeer dans l'Emir's Sword, l'Arc de Triomphe des pur-sang arabes au Qatar, Julian Smart a fait encore plus fort en 2012. Il avait déjà la moitié des 12 partants. Quatre autres concurrents étaient sellés par Alban de Mieulle. Les 2 derniers venaient des Emirats, dont l'un entrainé par le français Eric Lemartinel à Abu Dabhi.

Mais on n'a vu que les casaque bleus de Julian Smart, qui a signé le quarté gagnant. A ce niveau de compétition, puisque ce Gr.1 est reconnu comme tel par les instances internationales concernées, c'est probablement une 1e mondiale.

 

Aziz (Darren Williams) s'impose devant 3 autres représentants de Julian Smart.



Aziz était déjà reconnu comme d'un des meilleurs arabes du monde. Il avait gagné le Gr.1 du mois de décembre à Doha devant la plupart de ses rivaux de l'Emir's Word. En octobre Aziz avait conclu 2e de la Qatar Arabian World Cup le jour de l'Arc à Longchamp.

Aziz est un fils d'Amer, né dans le même haras mystère que Tiwaiq (voir plus haut) mais pas sujet à autant de critique sur son "arabité" que son défunt camarade, même si ses produits n'ont pas non plus droit de cité à Dubaï...Amer a 29 ans. Il est toujours vivant et fait la monte artificielle...au Lion d'Angers, au Haras du Grand Courgeon acquis et réaménagé depuis 2 ans par Alban de Mieulle.

Triomphe total pour l'équipe de Julian Smart, qui prend les quatre 1e places de l'Emir's Sword (Gr.1), une performance digne du livre des records.

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