Le paradis perdu de PENANG en Malaisie : Tour du Monde STH HIPAVIA

13/07/2014 - Découvertes
De Marco Polo jusqu'aux businessmen d'aujourd'hui, l'Asie nourrit tous les fantasmes, notamment ceux d'une vie douce dans la torpeur nature chaude et généreuse. L'hippodrome de Pénang, le plus ancien de la fédération de Malaisie, sur l'île du même nom au nord du pays tout près de la Thaïlande, ramène à des images qu'on croyait réservées au film d'histoire traitant de l'époque coloniale anglaise, des bateaux débordant de richesses ramenés de contrées paradisiaques. Cela existe encore, mais sans doute plus pour longtemps.

 

Il faut s'imaginer la flotte anglaise, mélange bigarré de soldats, de commerçants, de diplomates et de scientifiques, pénétrer dans des détroits comme celui de Malacca  en Asie du Sud-Est bordés de jungles épaisses regorgeant de fruits, voguant sur une eau limpique, bleue mais si transparente qu'on peut y découvrir l'infinie variété de poissons et fruits de mer. Si on supporte la chaleur torride et humide, étouffante en été, cela devait être un paradis sur terre dont les descriptions au retour vers à la terre froide, grise et venteuse du Royaume d'Angleterre devaient nourrir les rêves les plus fous, celui d'une autre vie.

 

Havre de verdure entre la ville trépidante de Georgetown et la montagne de Penang, l'hippodrome de Penang abrite 250 chevaux à l'entrainement, au pied de la jungle.


C'est ainsi, grâce aux anglais, beaucoup plus habiles que les français pour l'installation de comptoirs commerciaux, puis de communauté, puis de colonies et pour finir du pouvoir politique mais en toute diplomatie, ont tracé des voies d'échanges entre des mondes aussi opposés que pouvaient l'être les iles britanniques et asiatiques. Les produits du soleil, les fruits et le fameux thé sont arrivés en Europe. Les "blancs" qui en organisaient la production en série et le transports, enrichies grâce à cet argent difficile à dépenser où rien ne coutait, devenus notables alors qu'ils avaient souvent fuit Londres avec les banquiers, la police et les femmes trompées à la culotte, ont cherché à copier certains "must" du mode de vie des aristorcrates de la terre d'origine. A défaut de construire des châteaux, ils ont crée des hippodromes et organisé des pourtant périlleuses importations de pur-sang au prix de voyages longs et dispendieux. Et donc ont pu s'adonner au loisir préféré de tout anglais qui se respecte : les courses de chevaux. Cela a provoqué la création de systèmes de courses, dont la plupart existent toujours dans des lieux très insolites et innattendus. Dans cette partie du monde, le plus ancien et toujours le plus célèbre est bien sûr Hong Kong et son hippodrome d'Happy Valley niché dans la minuscule mais unique zone plate du petit bout de rocher brûlant,  entre les buildings et la vie trépidante de l'ilôt.
 

Comme dans un film d'histoire situé dans l'époque coloniale anglaise...


L'histoire de l'Angleterre avec la Malaisie, a commencé en 1786 lors de l'établissement par Francis Light du 1e document officiel signé depuis l'Ile de Pénang, au nord-ouest, alors appelée l'Ile du Prince de Galles, au nom d'une entité nommé Compagnie de l'Inde de l'Est anglaise. Au début du 19e siècle, tout le territoire du detroit de Malacca est devenu un haut lieu de commerce mondial, dont la capitale administrative a été transférée à Singapour, cette fois au sud du pays, que l'Equateur, où le 1e Turf Club est né en 1842. A Penang, les courses ont été officiellement crées en 1864 avec l'établissement du Penang Turf Club, qui fête donc son 150aire en 2014. L'hippodrome a été installé au pied de la montagne abrupte, sur une bande de terrain plat au bord de Georgetown, la principale ville de l'Ile.

 

Le malais est sympa par nature, et le montre !

 

Relié par 2 ponts tout récemment, Georgetown profite d'une explosion économique qui font sortir de terre les buildings en série. Sur l'hippodrome, même si les installations ont été modernisées bien sûr, l'esprit d'origine n'a pas changé. A côté d'une vie asiatique actuelle bruyante et trépidante, c'est un havre de paix, de verdure et de tranquilité où les chevaux vivent à l'ombre d'arbres immenses et séculaires dans un environnement aussi paisible qu'un film de Terence Malick. Comme à l'âge d'or, un personnel nombreux est aux petits soins pour les pur-sang importés pour la plupart d'Australie ou de Nouvelle-Zélande. Beaucoup arrivent aussi de Hong Kong et de Singapour, où l'environnement est beaucoup plus stressant. En situation d'échecs souvent pour saignement pulmonaires ou ulcères, ils se refont une santé et un moral sous les baobabs et les ventilateurs, entre deux fleurs géantes.

 

Pour aider les chevaux à s'adapter à la chaleur, le Perak Turf Club met depuis longtemps tous les moyens nécessaires, comme la piscine à l'ombre des palmiers.

 

Le problème est que les riches notables à l'ancienne qui pendant plus d'un siècle ont entretenu le système disparaissent chaque jour. Les anglais sont repartis chez eux. Les nouveaux riches malais, chinois ou indiens (les 3 communautés composent la population) trouvent d'autres loisirs, et depuis le durcissement sévère de l'accès au jeu sur les courses par le gouvernement musulman, les turfistes et les propriétaires désertent peu à peu les lieux. De plus en plus privé de ressources, le Penang Turf Club ne conserve aujourd'hui que 9 entraineurs et 250 chevaux, ayant perdu 50% de ses effectifs en 10 ans, époque où les tribunes se remplissaient et voyaient évoluer des jockey étrangers venus en saison, comme le tout jeune Christophe Soumillon qui a perdu sa décharge d'apprenti sur cet hippodrome de Pénang !

 

De nombreux chevaux venant de Hong Kong, Macao ou Singapour, arrivent à Penang pour retrouver le moral dans un univers particulièrement relaxant.

 

Les allocations sont du niveau de la petite province française, ce qui est faible par rapport aux possibilités asiatiques, et surtout à Hong Kong voir au voisin de Singapour. S'il est le plus petit club de Malaisie, Penang est celui qui résiste le mieux à la crise par rapport à Ippoh et Kuala Lumpur, sans doute grâce à son environnement paradisiaque dont il est propriétaire et qui comporte un golf, activité très courue dans ces contrées. Il n'empêche que le Club vient d'être contraint de vendre 25 hectares sur le flanc de la montagne où était installé son club hippique et où sera érigé un complexe immobilier de très grand luxe avec une vue imprenable sur la ville et la mer. Le charme désuet des courses d'antan s'efface peu à peu et son parfum suranné s'évapore dans une torpeur industrialisé. Voici un paradis asiatique bientôt perdu, encore inconnu et à découvrir pendant qu'il existe encore.

 

 

La Malaisie est un mélange des cultures enre tradition et modernisme asiatique, les communautés chinoises, malaise et indiennes. Less bouddhistes, minoritaires face aux musulmans, peuvent se targuer d'avoir à Georgetown le plus grand bouddha couché au monde !

Le paradis du Perak Turf Club est vivement menacé par une situation financière difficile qui l'a contraint à 25 hectares d'un flanc de montagne où était installé le club hippique, dans un environnement de jungle qui sera transformé en complexe immoblilier haut de gamme.

 

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