Invitational Cup 2014 en Inde : triomphe de l'étalon Multidimensional

06/08/2014 - Découvertes
Repoussée d'une semaine pour cause de mousson, l'Invitational Cup 2014 qui s'est déroulée à Hyderabad en Inde a vu le triomphe du jeune d'étalon d'Usha Stud Multidimensional. Focus sur l'événement tournant sur l'organisation des courses en Inde. Par Lise HALLOPE et Arnaud POIRIER

 

 

Il n'y a plus de saison. Tandis que le lac gelé dégèle à Saint-Moritz, la mousson revient avec un mois de retard en Inde. Et quand il pleut en Inde, il ne pleut pas pour rire. C'est ainsi qu'en mars 2014, la fameuse réunion de l'Invitational Cup, couverte par l'équipe de France Sire TV depuis 2012, a été décalée d'une semaine, suite à des précipitations diluviennes dûe à une résurgence de mousson, jamais vu à cette époque de l'année en Inde, sur l'hippodrome d'Hyderabad au centre du pays. L'Inde s'étend sur un territoire gigantesque peuplé de plus d'un milliard d'habitants. De fait les chevaux de courses ne voyagent que très rarement, d'autant plus que les routes ne sot pas toutes bonnes et qu'ils n'ont pas le droit de prendre l'avion. Par exemple, lorsque la championne in The Spotlight était partie courir le Derby de Bombay en février 2012, le voyage aller-retour avait duré 7 jours ! Ainsi, les pur-sang disputent des circuits régionaux avec des classiques tous copiés sur le modèle anglais, dans chacun des 5 clubs  : Bangalore, Hyderabad, Bombay, Calcutta et Madras.

Mais une fois par an, une réunion intra-régional est organisée de façon tournante entre les 5 hippodromes, qui permet de faire s'affronter les meilleurs éléments de chaque clubs, après sélection et invitation, d'où le nom de l'invitational day. Lélite du pays s'affronte dans quatre courses, la sprint cup (1200 m), la stayer's cup (3000 m), la super mile cup (1600 m) et enfin l'Invitation Cup (2000 m), qui est le clou du spectacle.

 

L'inde possède une race de chevaux très typique du pays, le Marwari, dont les oreilles sont étrangement incurvées.
 

L'hippodrome d'Hyderabad, tout près du centre ville peuplé de 4 millions d'habitants, juste avant l'orage.
 

Les chevaux de la Super Mile Cup sont au rond de présentation lorsque la mousson s'abat sur l'hippodrome. Cela ne perturbe certes pas le flegmatique entraineur Paddy Padhmanaban, dit le magicien, mais les organisateurs seront contraint d'annuler la réunion en raison de l'innondation de la piste et de recourir 1 semaine plus tard.

 

Les 2 dernières épreuves, programmées le dimanche 2 mars où a eu lieu la tempête, ont été décalés d'une semaine et ont vu le triomphe d'une jeune étalon représentée par sa 1e génération, Multidimensional, et d'un haras, Usha Stud, éleveur des 2 lauréats : Amélia dans le Mile et Alaindair dans la Cup. Crée près de Delhi en 1972 par le Major PK Mehra, et repris par sa fille Ameeta en 2001 après le décès de celui-ci victime d'un crash d'hélicoptère, Usha Stud remportait alors sa 13e Invitation Cup. C'est le haras qui obtient le plus de succès dans le pays depuis 40 ans. Comme les autres grandes entités du pays, il entretient une vaste jumenterie approchant la 100e d'éléments et faire saillir uniquement à ses propres étalons. Mais à la différence des haras géants comme Kunigal (voir le reportage) du Dr Vijay Mallyah (propriétaire de Kingfisher) ou autre Poonawalla Stud, à Cyrus et Zavary Poonawalla (plus grands producteurs de vaccins au monde), Usha Stud n'est pas entretenu par un multimilliardairee, mais par une femme qui a monté son empire uniquement grâce aux chevaux. C'est aussi et surtout le seul haras 100% commercial du pays, avec l'ensemble de la production proposée sur le marché tous les ans. 

 

SPRINT CUP : Monté par l'anglais Jimmy Fortune, l'alezan Nefyn en casaque rouge et jaune finit le plus fort pour arracher un 2e succès consécutifs à l'âge de 8 ans. Le fils de Senure devance à la corde Dancing Prances (Ace) et au centre Speed Six (Burden of Proof).
 

STAYERS'CUP : Très courageux à la corde, Astapi (Placerville), monté par JH Christopher, résiste à l'attaque de Wind Stream (Steinbeck).
 

Pensionnaire de Pesi Shroff (à droite), ancien top jockey indien devenu meilleur entraineur du pays, la femelle Amélia domine les mâles dans la Super Mile Cup.

Le champion de l'année Alaindair, remporte en toute quiétude l'Invitation Cup. Le fils de Multidimensional, monté pr YS Srinath, devance Agostini (Burden of Proof), monté par P. Trevor.

 

Dans ce contexte, le choix des étalons qui vont saillir la jumenterie personnel est bien sûr déterminant. Ameeta Mehra a la main heureuse. Après avoir choisi Razeen (Northern Dancer), meilleur père et père de mères pendant 20 ans, voici qu'elle déniche une nouvelle star avec Multidimensional. Ce fils de Danehill, venant d'une souche Niarchos, a gagné le Prix Guillaume d'Ornano (Gr.2) à Deauville à 3 ans sous l'entrainement de Sir Henry Cecil, puis est revenu après un accident et un an d'arrêt en compétition pour gagner un nouveau Gr.3 à Haydock, battant Spanish Moon. Après de longues négociations avec Maria Niarchos, Ameeta Mehra a pu l'importer pour qu'il débute directement la monte en Inde. Avec sa 1e génération née en 2010, il a tout raflé. Il a enlevé des Guinées, Oaks et Derbies en série dans chacun des clubs et a remporté d'emblée le titre de meilleur étalon du pays, toutes catégories confondues.

 

 

Son meilleur produit, Alaindair, né et élevé à Usha Stud, et dont Ameeta Mehra a conservé un quart, a remporté notamment le Derby Indien à Bombay, qui est la plus grande course du pays, en février, et dans la foulée l'Invitation Cup à Hyderabad. Sa mère est par Razeen et sa grand-mère par Common Land (Klairon), un gagnant du Critérium International d'Ostende en 1974 à la grande époque des courses belges. La 3e mère Miss Goolagong fit partie des toutes 1e juments importées en Inde par le Major PK Mehra, qui l'avait acquise en Angleterre en 1976, alors pleine de Right Tack.

Mais Alaindair ne deviendra jamais étalon. Il a été castré, d'une part pour des raisons pratiques selon le souhait général des entraineurs pour tous leurs chevaux, et d'autre part parce que les éleveurs indiens sont toujours en quête de sang neuf, et rechigneraient donc à rentrer au haras des fils des étalons qui leur appartiennent déjà et qui sont donc père d'une bonne partie des pouliches qui deviendront poulinières.

 

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