Ourasi a son vin, une rareté à son image

23/01/2015 - Découvertes
Qui dit Prix d'Amérique dit Ourasi, le plus grand champion de l'histoire du trot mondial, seul et unique quadruple vainqueur du championnat de Vincennes. Mort en janvier 2013 à l'âge canonique de 33 ans, Ourasi a son vin blanc, crée par un jeune vigneron atypique du Beaujolais, qui n'avait rien à voir avec les chevaux mais a eu un déclic en découvrant le vieux champion peu avant qu'il ne s'éteigne. Photographe, champion de Karaté, sommelier du V&B de Valence, David Large était comme Ourasi dans sa jeunesse, une mauvaise graine...

 

Il n'y a pas la photo du cheval sur l'étiquette et David Large n'a obtenu l'autorisation des ayant droits d'Ourasi qu'à la condition expresse de ne pas faire un produit marketing. Donc on peut être rassuré, le vin Ourasi est un vrai vin, et non pas une piquette des plaines qu'on tente de valoriser en l'habillant d'une belle photo de cheval et un nom qui sonne doux aux oreilles turfistes. Un vrai vin, même si c'est un Beaujolais, cela dit comme une provocation pas gratuite. Car si cette appellation est submergée dans son image par le "gros Beaujo qui tâche", si de nombreuses producteurs artisanaux des coteaux de cette région du sud de Lyon ont mis la clé sous la porte, pris entre les deux feux des producteurs de masse des champs plats et des châteaux élitistes (Morgon, etc...), le jeune David Large, que tous les gens du village ont du prendre pour un illuminé toute sa vie, a décidé de reprendre l'exploitation familiale où on est vigneron de père en fils depuis des lustres, mais à sa manière.

 

 

Réfractaire aux études, plus poète que rugueux, il n'a pas la gueule de l'emploi. C'est un créatif, qui n'a pourtant pas peur du boulot. Tout en restant dans le thème familial, il a rompu avec la tradition patriarcale, passant un diplôme de sommelier et officiant au V&B de Valence, plutôt que de reprendre directement l'exploitation du père, surnommé l'Armand. Lorsqu'il s'est agit de prendre quand même les choses en main à la maison, il a fait son truc à lui, rien à voir avec les us et coutumes du coin depuis toujours. Cherchant l'histoire, travaillant la qualité et limitant la quantité, il a pris une minuscule parcelle de moins d'un demi-hectare. Orage, grêle et tempête auront presque raison du rêve du gosse qui vivait dans les nuages. Mais le jeune s'accroche, récupère à la main les rares grappes survivantes, travaille sa vinification avec sa maigre expérience mais tout son coeur. Comme on dit dans le milieu viticole, il élève son vin, finalement comme un poulain dans lequel il place tous ses espoirs et auquel il va transmettre non seulement de quoi se nourrir mais sa combativité, sa volonté et finalement son âme avec tous les fantasmes frustrés jusqu'alors, que l'élève, un vin ou un cheval selon ses gouts, sera chargé de faire aboutir.
 

La toute petite parcelle sur les hauteurs de Montmelas Saint Sorlin, sinistrée par les orages, a tout de même permis au jeune et tenace David Large de sortir 500 bouteilles d'un vin blanc Ourasi.

 

Quels sont les 2 choses les plus nobles qui sortent de la terre dans l'histoire de l'humanité ? Le vin et le cheval. David Large était une mauvaise graine comme Ourasi dans sa jeunesse, dont tout le monde sait parmi les amoureux des chevaux son destin aussi fantasque que fantastique. Le cheval est mort. Quasi stérile, il n'a plus de descendant. Pour sa mémoire, outre les images et nos souvenirs, il reste désormais le vin Ourasi. Mais seules existent 500 bouteilles, une production infime déjà en bonne partie vendue sinon consommé. Et David Large l'a promis. Ourasi, sorti en 2013, était une production unique. Il ne recommencera jamais.

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