Le Haras des Sablonnets, "fit and well" sur tous les fronts en ce week-end de Pâques

08/04/2021 - Focus Elevage
Plus vieil haras de France géré de main de maître depuis 157 ans par la famille de Talhouët-Roy sur la commune du Lude, dans la Sarthe, le Haras des Sablonnets a vécu un très beau week-end de Pâques, grâce à notamment deux victoires de Gr.2 acquises lors du festival de Fairyhouse, en Irlande, par l'ancienne élève de Thierry Storme, Echoes In Rain, née et élevée au haras, et par Easy Game, fils de l'étalon maison Barastraight. 

Antoine de Talhouët-Roy, incarnant la cinquième génération à la tête du Haras des Sablonnets, dont les couleurs gris perle toque noire existent depuis 157 ans maintenant (© APRH)

 

"Tel père/mère, tel fils". "Les chiens ne font pas des chats". "Portrait craché". "Bon sang ne saurait mentir". Autant d’expressions employées tous azimuts dans le monde des courses, et plus particulièrement de l’élevage, lorsque l’on en vient à informer que telle caractéristique d’un produit, qu’il s’agisse d’une qualité ou d’un défaut, a été hérité soit du père, soit de la mère, ou parfois des deux. Des phrases qui siéent également à merveille - dans le bon sens du terme - à la famille de Talhouët-Roy, dont cinq générations se sont succédées à la tête du Haras des Sablonnets, implanté sur la commune du Lude, dans la Sarthe, depuis maintenant 157 ans. En effet, celui que l’on définit aujourd’hui comme le plus vieil haras de France a été créé en 1864 par Auguste de Talhouët-Roy, ancien sénateur, Ministre des Travaux Publics et député français, et n’a eu à sa tête que des descendants directs de ce dernier, notamment son arrière-arrière-petit-fils, Antoine de Talhouët-Roy.

 

Le Haras des Sablonnets, l'un des joyaux de l'élevage, allant de la Sarthe et même par-delà les frontières de l'Hexagone

 

Tenant fermement les rênes de l’établissement sarthois depuis les années 1990, après avoir quitté Paris et son poste à la radio Chic FM, dont le slogan était "Pour Changer d’Air", l’arrière-petit-fils de Georges de Talhouët-Roy a lui aussi su redonner un nouveau souffle en reprenant à son tour le flambeau familial, grâce à d’importants réaménagements des structures, à l’embauche de cadres qualifiés et compétents comme Valentin Bérouard, ancien bras droit de Serge Boucheron et directeur du haras depuis 2005, à l’achat avisé de nouvelles poulinières, en compagnie de son frère, Hervé de Talhouët-Roy, et de leur conseiller, Laurent Benoît (Broadhurst Agency) et enfin grâce au recrutement d’étalons au potentiel des plus intéressants, ayant permis de redonner à l'élevage et aux sires du Haras des Sablonnets ses lettres de noblesse, et ce dans les deux disciplines du galop.

 

La jeune garde du Haras des Sablonnets, dans les verts prés du Lude, dans la Sarthe

 

Preuve en est avec ce dernier week-end de Pâques, où l'élevage de la famille de Talhouët-Roy a été mis sous la lumière des projecteurs à pas moins de trois reprises, non seulement en France mais aussi de l'autre côté de la Manche, et même de la mer d'Irlande. Un « hat-trick » commencé dès le samedi 3 avril, sur le champ de courses anglais d’Haydock où Vision du Puy, soeur des bonnes Fontcia (Prix Rose de Mai, L.), Font Froide (Prix Achille Fould, L.) et ni plus ni moins cousine du champion « maison » Red Dubawi (Premio Vittorio di Capua, Gr.1), est parvenue à aligner un deuxième succès consécutif sur les claies, pour la célèbre casaque verte et or de J.P McManus. Cette fille de Vision d’Etat, gagnante en débutant en France du Prix Beaurepaire pour l'entraînement de Dominique Bressou par quinze longueurs, remporte ainsi le quatrième succès de sa carrière, en plus d'une troisième place obtenue dans une Listed à l'automne dernier.

 

Au premier plan, Vision du Puy, élevée au Haras des Sablonnets et lauréate samedi sur les claies d'Haydock, en Angleterre (© Twitter Racing Post)

 

Deux jours plus tard, Barcarolle s'est montrée impériale avec Romain Julliot dans la phase finale du Prix Henri de Cholet, sur le cross du Lion d'Angers. Issue quant à elle des oeuvres de Spirit One, ancien étalon du Haras des Sablonnets vainqueur du prestigieux Arlington Million (Gr.1) en 2008, ce quatrième produit de Miss Oversea, appartenant à une souche de très bons chevaux américains, a ainsi réussi à s'imposer pour la toute première fois de sa carrière dans la discipline du cross-country, au plus grand bonheur de son entraîneur et de son propriétaires, les grands amis Éric Leray et David Lumet.

 

Barcarolle, gagnante de son premier cross en ce lundi de Pâques, sur l'hippodrome du Lion d'Angers

 

Mais la plus belle victoire, sportivement parlant, reste sans nul doute celle obtenue par Echoes in Rain dans un Gr.2 (Paddy Kehoe Suspended Ceilings Novice Hurdle) lors du deuxième jour de l'Easter Festival de Fairyhouse, en Irlande. En effet, cette ancienne représentante de Ludovic Gadbin, aujourd'hui placée entre les mains expertes du génie Willie Mullins, s'est imposée par plus de quinze longueurs avec Paul Townend dans cette épreuve, glanant ainsi un deuxième succès d'affilée dans un Gr.2, après celui décroché fin février sur l'hippodrome de Naas, dans le comté de Kildare. Premier produit de la bonne Amarantine (Prix Roger Saint, L.), malheureusement disparue depuis 2 ans maintenant, Echoes In Rain est certes née et a grandi dans les verts prés sarthois de la famille de Talhouët-Roy, mais a été élevée par Thierry Storme, un propriétaire et éleveur sans sol et 100% belge, dont une partie des juments sont placées en pension au Haras des Sablonnets, l'autre à l'Élevage de Tourgéville de la famille Lepeudry. Un homme ô combien passionné par les courses et par les chevaux et qui a vécu lui aussi un très beau week-end de Pâques, ayant été mis à l'honneur jusque sur la Butte Mortemart d'Auteuil, grâce à l'étincelante victoire de Gallipoli, dans le Prix Alcide, pour l'entraînement de David Cottin.

 

Echoes In Rain, s'envolant vers la victoire dans un Gr.2 irlandais, à Fairyhouse, lundi dernier (© Twitter Horse Racing Ireland) 

 

Outre l'élevage, le Haras des Sablonnets a aussi été mis en valeur par le succès d'Easy Game, un autre protégé "FR" de Willie Mullins, élevé par Jean-Yves Taupin, vainqueur quant à lui du Devenish Chase (Gr.2) sous la selle de Brian Hayes, et qui n'est autre qu'un produit de leur étalon maison, Barastraight, qui fait la monte au sein de leur établissement du Lude, dans la Sarthe, depuis ses débuts comme reproducteur en 2010. Cet ancien pensionnaire de Jean-Claude Rouget, vainqueur à cinq reprises dont une fois dans le Prix La Force (Gr.3), à 3 ans, s'est révélé être un étalon très prolifique en obstacle, ayant gagné en notorité au fil des années grâce aux succès de produits comme le champion de Pau Forthing, victorieux à 13 reprises dont deux fois dans le Grand Prix de Pau (Gr.3) et deux autres fois dans la Grande Course de Haies de Pau (L.), Redwillow Imperial, double lauréat de Listed à Auteuil, Massila, triomphante d'un Finot des Pouliches (L.) et autre Baie des Iles, une autre élève "maison" gagnante du Prix des Drags (Gr.2) en 2018, et aujourd'hui poulinière au Haras de Maulepaire.

 

Moment privilégié entre Aymard de Talhouët-Roy et Barastraight au Haras des Sablonnets, en 2019

 

La passion en héritage depuis plus de 150 ans maintenant : l'histoire du Haras des Sablonnets semble avoir encore de belles années devant elle, avec les enfants d'Antoine de Talhouët-Roy, Blanche, Claire et Aymard, qui ont eux aussi attrapé le virus des courses et de l'élevage. Un virus auquel il n'existe heureusement aucun vaccin à ce jour. Pour notre plus grand bonheur !.


 

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