Iresine pour le premier groupe de Marie Vélon : découvrez l'histoire du crack du paysagiste !

14/06/2021 - Actualités
Le magnifique Irésine a continué de repousser ses limites dans la Coupe (Gr.3) à Longchamp. Restant sur 7 succès, le pensionnaire de Jean Pierre Gauvin offre un 1er groupe à Marie Vélon. Son éleveur Pierre Joyaux, paysagiste renommé à l'international, nous avait raconté son histoire il y a peu. RELIRE L'INTERVIEW DE PIERRE JOYAUX. 

 

 

Irésine remportant la Coupe sous la selle de Marie Vélon (APRH)

 

Pour les fans de courses, le nom de Pierre Joyaux ne vous évoque peut-être rien, mais si vous êtes passionnés de jardins, et il y en a, vous connaissez forcément l'homme en question. Paysagiste de renom à l'international, Pierre Joyaux a désigné et conçu des jardins partout dans le monde: " J'ai toujours été passionné de chevaux, cavalier depuis petit, et mon père avait des trotteurs. Cela a toujours été un rêve d'élever des galopeurs, mais j'étais tout le temps dans les avions aux 4 coins du monde. Aujourd'hui, ma vie est un peu plus calme, et je peux assouvir cette passion. J'élève avec Marie Louise Van Dedem, au Haras du Grandouet à Cambremer. C'est une petite propriété sur de très bonnes terres, où l'on élève depuis 4-5 ans. Iresine est notre premier cheval black-type" Se décrivant lui-même comme un "amateur", Pierre Joyaux vit donc une grande aventure avec cet Irésine, qui avait enchaîné une 6e victoire d'affilée dans le prix Bedel (Listed). Les limites du 4 ans de Jean Pierre Gauvin sont pour l'instant inconnues...Il les a encore repoussées ce dimanche dans La Coupe (Gr.3) à Longchamp, où il a permis à Marie Velon de remporter son premier groupe au terme d'un finish haletant !

Pierre Joyaux, paysagiste renommé et éleveur passionné, en pleine formation !

 

Comme rien n'est laissé au hasard dans une vie, c'est grâce à son métier que Pierre Joyaux a mis un pied dans les galopeurs: " Il y a quelques années, je travaillais sur un jardin au Togo, et j'ai rencontré Odette Fau et son époux à cette occasion. C'était l'époque de Haya Landa, et ils m'ont proposé de venir avec eux à Chantilly pour la suivre. J'étais comme un fou, complètement sorti de mon travail, à suivre cette championne. Elle a terminé 4e du Diane, et nous nous sommes retrouvés à fêter ça le soir même à Chantilly. Voyant que j'étais passionné, les personnes présentes m'ont dit qu'il fallait aboslument que je me lance. On m'a donc donné ce soir-là une jument qui ne pouvait plus courir, mais qui avait un bon papier, Dioblues. Elle a été ma première poulinière. Au début, j'élevais au milieu de mon exploitation de buis dans le centre de la France, mais on m'a toujours dit une fois que j'ai eu plus de juments, qu'il fallait que j'aille en Normandie. C'est ce que nous avons fait, et maintenant je vis sur place, et j'ai même commencé à concevoir des jardins chez des professionnels des courses dans le coin...Vous voyez, au moment où je vous parle, je quitte un jardin pour retourner au Haras ! "

 

Irésine entouré par ses co-propriétaires, Jean Pierre et Jean Paul Gauvin, Christian Goutelle et Bertrand Millière, dont il porte la casaque (APRH)

 

L'histoire d'Iresine est celle de l'achat pour 20 000 € d' Inanga, la mère, en 2014 à ARQANA, et là encore, ce n'est pas tout à fait un hasard: " On m'a souvent dit qu'il fallait acheter des juments dans des grandes maisons, car ces souches finissent  toujours par ressortir. J'aimais beaucoup Oasis Dream, mais je n'avais pas les moyens d'acheter une de ses filles, sauf Inanga. Je l'ai achetée pleine de Tin Horse à une réduction d'effectif de la Marquise de Moratalla (voir le pedigree). C'était une jument pas facile, qui tiquait, et qui avait un sacré caractère ! Elle sortait les gars du box, et même aujourd'hui elle n'est toujours pas très commode. Irésine avait aussi son tempérament, mais Jean Pierre Gauvin a fait un travail formidable, tout comme Marie Vélon, qui a trouvé la formule magique avec lui. Il faut les féliciter. Jean Pierre Gauvin est un vrai homme de cheval, qui sait exploiter chacun de ses coursiers au meilleur de son potentiel. Quand il était petit, on m'a dit qu'Irésine ne serait jamais un bon cheval de course, car il avait les pieds blancs...etc. Je suis bien content qu'il soit tombé dans une maison comme celle-ci, qui a su le respecter pour l'amener à ce niveau. Nous n'avons jamais eu d'objectifs classiques avec notre petit élevage, on veut juste se faire plaisir, alors avoir un cheval comme ça c'est formidable. On savoure tout simplement ! Inanga a une 2 ans par Joshua Tree, qui est aussi chez Jean Pierre Gauvin, et est suitée d'un mâle de Chemical Charge. Nous l'avons laissée tranquille cette année, et elle sera saillie l'an prochain. On va essayer de retrouver ce courant de sang de Monsun, car Iresine est par Manduro."

 

Marie Vélon dans les bras de son patron Jean Pierre Gauvin. Ils sont les artisans de la montée en puissance d'Iresine (APRH)

 

On sent toute la passion qui anime Pierre Joyaux lorsqu'il vous parle avec fierté d' Iresine... Il faut dire que ce cheval repousse ses limites course après course, après avoir gagné son maiden à Vichy à l'été de ses 3 ans. Il a depuis enchaîné les victoires, sans monter trop vite les étages, et suite à son envolée dans le prix Bedel, tous les rêves sont permis: " C'est amusant, car on ne peut s'empêcher de penser à Cirrus des Aigles quand on voit le parcours de début de carrière d'Iresine. On en est encore loin, mais si il gagne la moitié de ce que Cirrus a gagné, ce sera déjà exceptionnel (rires). C'est l'un des premiers poulains qui est né dans notre haras normand. On a de super terres, parfaites pour notre petite jumenterie. On ne veut pas augmenter en effectif, et garder cette activité comme un plaisir. Tous mes chevaux sont nommés avec des noms de fleurs, et Iresine est à la base un nom féminin... Les gens sont surpris quand ils voient que c'est un hongre ! Le cheval devrait courir un groupe maintenant selon Jean Pierre Gauvin. Nous avons de ses nouvelles assez souvent. Je crois qu'il doit viser le Grand Prix de Vichy, mais qu'il courra entre deux s' il a envie d'y aller. C'est la clé de la réussite de monsieur Gauvin avec ce cheval ! Il ne l'a jamais mis dans le rouge, et a toujours attendu qu'il lui dise quand aller aux courses. Iresine est bien tombé, car il est assez rare que des entraîneurs prennent le temps qu'il faut avec chaque cheval aujourd'hui..."

 

Vous l'aurez compris, le conte de fées que vivent Pierre Joyaux et Marie Louise Van Dedem n'est peut-être pas encore achevé avec Iresine... Les éleveurs savourent depuis la Normandie, avec la hâte de pouvoir retourner sur les hippodromes pour suivre leur petit phénomène: " C'est une vraie belle histoire, car si on avait écouté les autres, ce cheval n'aurait peut-être jamais couru, rappelle Pierre Joyaux. " En parcourant le monde via son métier de paysagiste, Pierre Joyaux a sans doute appris que l'on voyait de tout dans une vie, et que les idées reçues étaient souvent des prétextes pour râler plus que des conseils à prendre au pied de la lettre. Bien lui en a pris, puisqu' Iresine est là aujourd'hui... et a encore beaucoup de courses à gagner avant d'aller brouter de l'herbe dans son jardin ! 

 

Inanga, la mère d'Iresine, avec son poulain par Chemical Charge... La relève est assurée au Haras du Grandouet !

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