Medina Spirit, le gagnant du Kentucky Derby, s'effondre et meurt à l'entraînement, relançant une affaire de dopage

08/12/2021 - Actualités
Le gagnant du Kentucky Derby, Medina Spirit, avait été testé positif après la course à un anti-inflammatoire prohibé, le bétaméthasone, une affaire qui durait depuis le mois de mai. Malheureusement, seulement quelques jours après avoir prouvé que la substance était dûe à une crème pour la peau et n’avait pas été injectée dans une articulation, Medina Spirit est mort à l’entraînement, relançant les polémiques dans les médias.

Le dernier vainqueur du Kentucky Derby, Medina Spirit, entraîné par le « hall of famer » Bob Baffert s’est effondré lors d’un travail du matin sur la piste californienne de Santa Anita. La cause du décès n’est pas encore établie, mais selon les premières informations, elle serait due à un arrêt cardiaque. L’autopsie qui est en cours nous en apprendra plus dans les prochains jours. Le poulain de 3 ans avait été testé positif au bétaméthasone (un anti-inflammatoire prohibé aux États-Unis) à l’issue de la plus prestigieuse des courses du pays.
 
Medina Spirit sur la piste d'entrainement de Santa Anita ©Horse Racing Nation
 
Cette disparition brutale du fils de Protonico ravive la polémique autour de cette affaire de dopage. A l’issue de son succès dans le Derby au mois de mai, du bétaméthasone avait été retrouvé dans l’échantillon d’urine de Medina Spirit à l’état de trace, à hauteur de 21 et 25 picogrammes par millilitre de sang ou plasma. Pour rappel, 1 picogramme représente 1 billionième de gramme (10 puissance -12). L’entourage du poulain a immédiatement demandé au Kentucky Horse Racing Commission (KHRC) l’analyse du deuxième échantillon d’urine. Ce dernier a lui aussi révélé la présence de la substance prohibée.
 
Medina Spirit dans le Kentucky Derby ©TDN
 
Bob Baffert affirme pourtant ne jamais avoir administré cet anti-inflammatoire à son cheval. Suite à ce contrôle positif, l’entraîneur vedette a été interdit de courir sur les hippodromes de Churchill Downs et de New York (Saratoga, Belmont Park, etc.) pour une durée de 2 ans. Les hippodromes américains étant gérés de manière privée, les propriétaires des structures peuvent interdire l’accès à des entraîneurs, chevaux, propriétaires, et ce indépendamment de la décision des « Racing Commissions » qui régulent les courses au niveau de l’état. A la suite de cette décision et face au risque de disqualification de Medina Spirit, Bob Baffert et Amr Zedan, le propriétaire ont décidé de faire immédiatement appel.
 
L’équipe qui gère les intérêts du cheval déclare que la présence de bétaméthasone est dûe à l’usage d’une crème (Otomax) utilisée pour traiter les problèmes de peau récurrents de Medina Spirit, et non à une injection intra-articulaire pour soulager une douleur. Dès lors, les avocats du clan Baffet/Zedan ont obtenu de la Kentucky Horse Racing Commission la possibilité de faire analyser de nouveau les échantillons d’urine. Le 3 décembre dernier, le Dr George Maylin directeur du New York Equine Drug Testing and Reserch Laboratory, a rendu son verdict, et a indiqué que la présence de la substance prohibée ne provenait pas d’une injection.
 
Les problèmes de peau de Medina Spirit ©Baffert Stable
 
Reste à savoir maintenant quel impact aura cette révélation sur l’affaire en cours. Craig Robertson, l’avocat de Baffert, estime que l’affaire devrait se conclure, et que Medina Spirit doit rester le vainqueur du Kentucky Derby 2021. Il faudra observer la décision du KHRC de distancer le cheval ou non, ainsi que la décision des propriétaires des hippodromes de Churchill Downs et de New York, de lever ou non la suspension de Baffert.
 
 
Malheureusement la mort brutale de Medina Spirit seulement quelques jours après cette annonce a provoqué un tollé dans les médias américains et sur les réseaux sociaux. Le très influent New York Post via sa journaliste Maureen Callahan titre son article : « La mort choquante de Medina Spirit est une raison de plus pour arrêter les courses de chevaux ». Callahan conclut son article en expliquant que « les combats de chiens sont quasiment éradiqués, qu’attendons-nous pour stopper les courses et sauver les chevaux ? ». Cet article fait écho à un édito publié dans le Washington Post (4e journal le plus lu du pays) publié il y a plusieurs mois, condamnant « la cruauté de ce sport », des suites de l’affaire Servis-Navarro en 2020.
 
Jason Servis et Jorge Navarro ©bloodhorse.com
 
Ces deux entraîneurs basés en Floride qui ont été bannis des courses, encourent des peines de prison pour plusieurs chefs d’inculpation, dont le dopage. Au total 25 personnes avaient été poursuivis par la justice dans cette affaire. Scott Robinson, la personne à la tête du réseau de distribution des substances prohibées a été condamné à 18 mois de prison ferme et plus de 3 millions de dollars d’amende en début d’année, et Scott Mangini le pharmacien qui élaborait ces produits non-régulés à lui aussi été condamné à 18 mois de prison et 8 millions de dollars d’amende.

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