Saudi Cup pour Emblem Road : la victoire du local monté par un jockey du Panama !

26/02/2022 - Actualités
A 53 ans, le jockey du Panama Wigberto Ramos s'offre le plus beau moment de sa carrière dans la Saudi Cup. Champion en Arabie Saoudite depuis 1998, ce petit bonhomme haut en couleurs s'impose en selle sur Emblem Road, un poulain né aux Etats-Unis mais entraîné sur place, qui a dompté les hordes venues des 4 coins du monde...en vain !

Wigberto Ramos et Emblem Road, les rois de la Saudi Cup 2022 ! 

 

Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a un grand nombre de jockeys originaires du Panama...et pas seulement au Panama ! Vous connaissiez sans doute Luis Saez, un des top pilotes aux Etats-Unis, qui a notamment été associé ces deux dernières années au crack Essential Quality (Breeders' Cup Juvenile, Belmont Stakes). On se rappelle aussi du légendaire Laffit Pincay Jr, un des meilleurs jockeys de tous les temps. Il a longtemps été le détenteur du record de victoires en plat avec 9350 succès, et occupe toujours la 3e place. Le nom de Wigberto Ramos vous était par contre inconnu jusqu'à ce soir, et sa victoire dans la Saudi Cup en selle sur l'immense outsider Emblem Road. Seulement voilà, à 53 ans, ce sympathique bonhomme originaire du Panama, qui passe la moitié de l'année en Arabie Saoudite depuis 1998, remporte le graal des courses modernes, au nez et à la barbe de la crème mondiale. A la 4e place de la course la plus riche du monde, c'est Alexis Moreno, un jockey du...Panama ! Pour un pays de 4 millions d'habitants, c'est fou. 

 

Emblem Road (à gauche) vient dominer l'américain Country Grammer 

 

Wigberto Ramos est donc né au Panama, et a monté 2 ans là-bas avant de poursuivre sa carrière aux Etats-Unis pendant 8 ans, dans les années 90. Ayant monté plus de 1400 gagnants là-bas, il n'a jamais pu se hisser parmi l'élite, celle qui gagne les Gr.1, même s'il a vaincu au plus haut niveau en 1993 dans le Florida Derby sur un certain Bull Inthe Heather. Entre temps, il avait déjà monté dans la péninsule arabique, jusqu'à ce que le prince Faisal Bin Khaled lui propose en 1998 de venir travailler pour lui en Arabie Saoudite. A l'époque, la piste telle que nous la voyons pour la Saudi Cup n'était pas là, et il n'y avait qu'une réunion par semaine, le vendredi, avec 9 courses. 

 

Wigberto Ramos lors de sa victoire dans le Florida Derby en 1993 

 

Mais bien sûr, tout a changé depuis ces années là, et l'Arabie Saoudite a entamé une révolution de son système de courses, et de ses pistes, avec en plus des allocations monstrueuses qui ont  fait du meeting de la Saudi Cup un must mondial en peu de temps. "Champion Jockey" à de nombreuses reprises depuis son arrivée, Wigberto Ramos, surnommé "Wiggy", avait un dernier rêve avant de partir en retraite, celui de remporter la course la plus richement dôtée au monde, la Saudi Cup, avec ses 20M $ d'allocations. Et voilà donc qu'à 53 ans, pour l'entraîneur local Mitab Almuwalah (enchanté) et pour la casaque du Prince Saud Bin Salman Abdulaziz, il la remporte avec l'énorme outsider Emblem Road, qui était proposé à plus de 80/1 ! Son compagnon de casaque et d'entraînement Making Miracles est 4e, monté par Alexis Moreno, autre "gars du Panama", qui a rejoint son compatriote en Arabie Saoudite, en plus de quelques autres cavaliers.  

 

 

Avec 14 partants venus de 7 pays différents, et la crème des jockeys internationaux, cette 3e édition de la Saudi Cup promettait déjà d'être spectaculaire. La course a été menée "un missile" sur le dirt de Riyadh, et les français Sealiway et Magny Cours ont rendu les armes très tôt, tout comme le tenant du titre Mishriff. En revanche, Flavien Prat a dû y croire sur Country Grammer, un poulain de Bob Baffert, qui a longtemps mené avant d'être coiffé au poteau par le finish d' Emblem Road. Surprise certes, mais il fallait définitivement voir une chance à ce poulain de 4 ans qui compte 6 victoires en 8 sorties, et venait de gagner 1 Gr.1 local devant Great Scott, 3e de l'édition de la Saudi Cup 2021. Il est d'ailleurs invaincu sur cette piste si spéciale, où certains des meilleurs chevaux mondiaux ont perdu pied. Mais pas lui. 

 

Quality Road, le père de Emblem Road 

 

Emblem Road est peut-être entraîné localement, mais est né aux Etats-Unis pour réussir sur le dirt. Vendu 230 000 $ à Keeneland yearling, il est ensuite repassé à la Breeze Up d'Ocala en Floride à 2 ans, où il n'a pas trouvé preneur pour 70 000 $. Il a fini par atterrir en Arabie Saoudite, où il a changé une fois de casaque, et 2 fois d'entraîneur. Champion du dirt en piste, son père Quality Road est devenu l'une des références du genre aux Etats-Unis en peu de temps, donnant 11 gagnants de Gr.1 en 6 générations, dont la grande Abel Tasman. Le père de mère de Emblem Road, Bernadini, a lui aussi connu de grands succès sur le dirt, et est mort cet été à 18 ans des suites d'une fourbure. 

 

Ventura, la championne de grand-mère de Emblem Road sous les couleurs Juddmonte 

 

Sa mère Venturini, est une élève de Juddmonte Farms qui n'a rien réussi en piste, étant non placée en 2 sorties. Elle avait pour elle d'être fort bien née, puisque fille de l'excellente Ventura. Gagnante de listed en Europe, elle est devenue une crack américaine chez Bobby Frankel, avec 3 Gr.1 au compteur. Cette Ventura avait la particularité de performer aussi bien sur le dirt que sur le gazon, et a d'ailleurs réussi à produire une gagnante de Gr.3 en France, Fount, qui a remporté le Lieurey 2019 pour André Fabre. Si sa fille Venturini a été une piteuse coursière, elle produit bien, puisque son premier poulain était placé de stakes au Canada, et le second est Emblem Road. Elle est malheureusement morte en 2020, après avoir donné son 3e produit, et 3e mâle, un poulain par le "Kentucky Derby winner" Nyquist qui s'est vendu 185 000 $ à Keeneland en 2021, alors yearling... Avec la Saudi Cup, c'est une sacrée gloire posthume pour cette jument qui aura donné le vainqueur d'une édition 2022 qui marquera l'histoire, même si ce n'était que la 3e ! 

 

Bravo Wigberto !

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