Give 'Em The Slip, le "coup d'essai/coup de maître" du jeune entraîneur palois Alexandre Lartigau

  Alexandre Lartigau (chemise bleue) peut avoir le sourire: il a obtenu hier à Marseille-Borély sa toute première victoire en tant qu'entraîneur, grâce à Give 'Em The Slip et Maxime Foulon, et ce pour son tout premier partant en compétition (© Facebook Alexandre Lartigau)

C'est ce que l'on appelle une "supplémentation payante" ! En effet, arrivée en France au cours de l'hiver après un début de carrière effectué outre-Manche, sous la coupe de Charles Hills, pour qui elle s'est placée sur le podium à sept reprises à défaut de victoires (en 12 courses), Give 'Em The Slip a fait plus qu'honorer la confiance de son entourage, ayant remporté, et avec un certain brio, le Prix de la Madrague de Gignac, disputé hier, à Marseille-Borély, sous la selle de Maxime Foulon. Un premier "bâton" donc pour cette pouliche de 4 ans par Oasis Dream, élevée par Cliveden Stud et achetée 5.000€ par Creighton Schwartz Bloodstock à la dernière vente de février de Tattersalls, mais aussi pour son tout jeune entraîneur, Alexandre Lartigau, implanté sur le domaine de Sers, à Pau... et dont c'était le tout premier partant en compétition ! Ou quand le "coup d'essai" se transforme finalement en "coup de maître".

 Give 'Em The Slip et Maxime Foulon, en parfaite symbiose pour filer vers la victoire dans le Prix de la Madrague de Gignac hier, à Marseille-Borély, et ainsi offrir un premier succès à Alexandre Lartigau en tant que metteur au point (© Facebook Alexandre Lartigau)

Reprise en partant, Give 'Em The Slip a longtemps galopé à l'arrière du peloton, étant encore antépénultième à l'entrée de la dernière ligne droite. La partenaire de Maxime Foulon a ensuite eu un beau passage à 200 mètres du but pour finalement s'emparer du commandement et le conserver jusqu'au passage du poteau. Un rien contrariée par la lauréate à 150 mètres du disque final, mais sans que ce mouvement n'ait de conséquence sur l'ordre d'arrivée, Paulita Max (Palace Episode) termine à la deuxième place, une longueur et demie plus en retrait, mais trois quarts de longueur devant Trust On Him (Elvstroem), qui s'est quant à lui emparé de haute lutte du second et dernier accessit de cette épreuve.

Une victoire pleine de promesses hier, à Marseille-Borély, pour Give 'Em The Slip ainsi que pour l'écurie de son entraîneur, Alexandre Lartigau

Forcément ravi de ce premier succès, qui plus est pour son tout premier partant, Alexandre Lartigau nous a déclaré : "C'est génial ! Elle ne fait que répéter ses bons travaux du matin. Maxime (Foulon, ndlr) était venu la travailler le matin lors de canters individuels mais aussi pour faire des travaux sur le gazon avec des chevaux de Simone Brogi, afin de faire découvrir à la pouliche cette surface et lui apprendre à la connaître. J'ai vraiment beaucoup de chances d'avoir directement reçu dans mes boxes une pouliche de cette qualité. Je tiens à remercier son propriétaire, Richard Sam Hoskins, de m'avoir soutenu dès mon installation en tant qu'entraîneur. Je l'ai rencontré lorsque je travaillais aux ventes l'an dernier, alors que je présentais des chevaux pour différents consignments. C'est de là que tout est parti. L'objectif était de gagner avec elle cette année... et il est désormais atteint ! On espère qu'elle va répéter, bien entendu. Mais c'est elle qui nous dira pour la suite du programme. On ne vas pas brûler les étapes et prendre ce qui vient".

 Oasis Dream qui, croisé avec une mère par Selkirk, la semi-black-type Super Sleuth (3ème des 1.000 Guinées anglaises, ndlr), est à l'origine de Give 'Em The Slip (© Juddmonte Farms)

Pur-produit du Sud-Ouest, fils de Jean-Michel Lartigau, dont les couleurs ont notamment brillé par le biais de l'Anglo-Arabe Therus, le petit champion de la famille Masounave, dans le Prix du Ministère de l'Agriculture à 12.5%, en 2016, Alexandre Lartigau est, comme tant d'autres, lui aussi tombé dans la potion hippique étant petit. Il se souvient : "Je suis passionné par les chevaux depuis mon plus jeune âge. Mes grands-parents, ainsi que mes parents, en ont toujours eu la maison: des traits comtois. Je suis entré à l'AFASEC (l'école des courses hippiques, ndlr) à 14 ans, mais avec déjà dans la tête de m'installer un jour en tant qu'entraîneur. Jean-Claude Rouget m'a tout d'abord pris chez lui en tant qu'apprenti, pendant 2 ans, puis encore 8 ans comme salarié. Au cours de ce laps de temps, j'ai pu faire la rencontre de Simone Brogi, que j'ai suivi au moment de son installation sur le centre d'entraînement de Pau, en 2015, et chez qui j'ai pu endosser pour la première fois la casquette de responsable, en tant que premier garçon tout d'abord puis en tant qu'assistant-entraîneur".

 Alexandre Lartigau, aux côtés de Simone Brogi, l'un de ses premiers mentors et soutien de toujours (© Facebook Alexandre Lartigau)

Très attaché à la région qui l'a vu naître et grandir, Alexandre Lartigau a néanmoins bien compris que voyager lui serait aussi d'un apport considérable. Non seulement pour apprendre l'anglais, langue universelle s'il en est, mais aussi pour parfaire ses connaissances théoriques et pratiques dans l'univers des courses hippiques. Il explique : "J'ai voulu prendre de l'expérience au maximum, aussi bien en France qu'à l'étranger. En me rapprochant de Pierre Gasnier, j'ai pu tout d'abord aller travailler chez Coolmore, en Irlande, avec les étalons. J'ai ensuite fait le "shuttle" avec eux et ai atterri en Australie. Comme l'entraînement commençait à réellement me manquer, je suis alors entré au sein de l'écurie de James Cummings, qui entraîne les représentants de Godolphin là-bas. Je suis ensuite retourné six mois à Coolmore, avant de prendre la direction des États-Unis et d'entrer au service de Wesley Ward. J'ai eu la chance de m'occuper de grands champions comme Campanelle, que j'ai accompagné à Deauville lors de son sacre dans le Prix Morny (Gr.1), en 2020".

Alexandre Lartigau, avec Campanelle et Lanfranco Dettori, après leur victoire dans le Prix Morny (Gr.1), à Deauville, en 2020 (© APRH)

Visage très familier des ventes européennes, ayant présenté des chevaux pour bien des consigners, Alexandre Lartigau a ensuite passé haut-la-main le stage des entraîneurs publics & particuliers de France Galop, lors de la session de novembre et décembre 2021, et a finalement décidé de poser ses valises sur un centre d'entraînement qu'il connaît sur le bout des doigts: celui de Pau. Il précise : "Actuellement, je loue une structure sur le domaine de Sers, là où des barns ont été construits récemment. J'ai pour l'instant deux chevaux dans mes boxes: Give 'Em The Slip donc et un mâle par Pearl Secret, Barbaggio, âgé de 2 ans. L'effectif devrait s'aggrandir peu à peu, avec de nouveaux propriétaires en passe d'arriver. Pour ce qui est de l'entraînement, je fais un peu tout tout seul à l'écurie mais mes chevaux sortent pour les lots avec les chevaux de Cyril Brechon et/ou de Simone Brogi - que je remercie au passage ! - notamment pour effectuer les travaux sur le gazon. Cela me permet d'avoir des lignes". 

 Le domaine de Sers, à Pau, avec les Pyrénées en toile de fond, où officie désormais Alexandre Lartigau en qualité d'entraîneur public (© Robert Polin)

Une première en appelant assurément d'autres pour Alexandre Lartigau, dont il conviendra de retenir avec la plus ferme attention les prochains partants en compétition. Surtout s'ils venaient à être supplémentés !