L'histoire de DNA Pedigree: Native Dancer, fantôme gris et star de télé

24/12/2020 - Chef de race
À seulement quelques heures du réveillon et du passage du Père Noël dans la cheminée, Thierry Grandsir (DNA Pedigree) tenait à vous offrir, avec un peu d'avance, votre premier cadeau, en vous racontant l'histoire d'un certain Native Dancer, véritable force de la nature vainqueur de 21 de ses 22 combats, et grand chef de race ayant engendré certains des plus grands reproducteurs de la race.

Native Dancer (1950-1967), par Polynesian et Geisha (Discovery)

 

Les français natifs de l’après-guerre furent, pour nombre d’entre eux, traumatisés par l’un des premiers héros télévisuels : Belphégor, le sombre et terrifiant fantôme qui hantait les couloirs du Louvre. Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, les téléspectateurs étaient séduits par un autre "gray ghost" : Native Dancer, l’invincible galopeur...

 

 

Né le 23 mars 1950 à Lexington (Kentucky) des œuvres du gagnant des Preakness St. (Gr.1) Polynesian et de la grise Geisha, Native Dancer poursuivit sa croissance dans les vertes prairies du Maryland chez son éleveur-propriétaire Alfred G. Vanderbilt II. En fait, ce fantôme gris n’avait d’ordinaire que ses origines car, pour le reste, il sortait clairement du lot : véritable force de la nature, grand et long (il toisera 1,70 m à l’âge adulte), puissant avec l’arrière-main bien développée et un tempérament calme et froid, il attira très vite les foules sur les champs de course par son style dévastateur, attentiste à l’extrême, et par des remontées spectaculaires rendues possibles par une pointe de vitesse qui tenait du prodige…

C’est ainsi qu’il débuta victorieusement en avril de ses 2 ans pour remporter ensuite les Hopeful St. (Gr.1) et les Futurity St. (Gr.1 - en temps record), et pour décrocher le titre de "Horse of the Year" à l’issue de sa saison de juvenile. Exploit rarissime, vingt ans avant Secrétariat.

Le Kentucky Derby (Gr.1) édition 1953 était donc promis à Native Dancer, dont l’invincibilité avait été habilement préservée par l’entraîneur William C. Winfrey avec une promenade de santé dans les Wood Memorial St. (Gr.1). La télévision américaine n’attendait que lui pour retransmettre, pour la première fois de l’Histoire, le "run for the roses" en direct de Churchill Downs. Malheureusement, le fantôme gris musarda trop longtemps à l’arrière-garde, subit plusieurs bousculades, et ne put totalement remonter le fortuné Dark Star. Deuxième à une courte encolure, Native Dancer connut ce jour là la seule défaite de sa carrière…

 

Native Dancer, cheval de courses et Chef de Race hors normes…

 

Il reprit très vite son sceptre en s’imposant dans les Preakness St. (Gr.1) et dans les Belmont St. (Gr.1), et remporta encore trois succès à 4 ans dont le Metropolitan Mile H. (Gr.1) en vue d’une participation au Prix de l’Arc de Triomphe, projet abandonné à cause d’un boulet antérieur droit fort délicat. Considéré comme la troisième personnalité de l’année 1954, il fut de nouveau élu "Horse of the Year" et fit la une du "Time Magazine" !

Native Dancer aura laissé le souvenir d’un cheval de grande classe à la fois précoce, brillant et courageux mais fragile et peu commode. Outre quelques doigts arrachés par ses morsures, il s’était fait une spécialité de désarçonner son cavalier en affaissant son épaule gauche au canter, et ne ratait jamais l’occasion de propulser un jockey au sol en le saisissant par la manche…

Précédé par cette peu flatteuse réputation mais riche de 21 victoires en 22 sorties, Native Dancer intégra le haras à Sagamore Farm où seul le groom Joe Hall parvint à se faire accepter de lui. Ses bons soins alliés à la présence des jeunes chiots Puppies qui le suivaient partout et dont Native Dancer s’était prit d’affection eurent raison des frasques du fantôme gris.

 

Native Dancer et ses "puppies"

 

Native Dancer devint un bon étalon aux USA, bien que transmettant trop souvent ses boulets fragiles. On lui doit 44 gagnants de Stakes sur 304 foals (14% de sa production totale) dont la championne européenne Hula Dancer et l’américain Kauai King, qui vengera son père dans le Kentucky Derby (Gr.1) en 1966. Native Dancer périra un an plus tard, des suites d’une intervention chirurgicale nécessitée par une crise de coliques. Il avait 17 ans.

Un éleveur français nous interpela un jour : « En parcourant mon Stud Book, j’ai constaté que Native Dancer était présent dans le pedigree de toutes mes juments ! Incroyable, non ? ». Effectivement : qualifié Chef de Race (version intermédiaire / classique), Native Dancer est devenu le père de mère de Northern Dancer et le grand-père de Mr Prospector, les deux plus grands vecteurs classiques de l’élevage international. Et comme si cela ne suffisait pas, il est également le grand-père du Cheval du Siècle Sea-Bird, du Champion US Alydar et du très influent Sharpen Up (d’où Diesis, Kris et Trempolino), et le père de mère de Icecapade (d’où Clever Trick et Wild Again). C’est clair, le fantome gris hante aujourd’hui le pedigree de tous les Champions de la planète course !

 

 



 

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