La folle semaine de Breizh Eagle et des #Evees : héros des falaises bretonnes à Longchamp

28/05/2021 - Découvertes
Né à 2 pas des falaises de la baie de Saint-Brieuc chez Daniel Cherdo en association avec des amis de 34 ans, Maryvonne et Roland Perron, Breizh Eagle s'est couvert de gloire en terminant 3e de la Poule d'Essai des Poulains (Gr.1) à ParisLongchamp, monté par Alexandre Roussel. Découvrez le documentaire grand format Race Memory sur le pensionnaire de Joël Boisnard.


 

Comme son nom l'indique, Breizh Eagle raconte une histoire bretonne. Non pas une légende celtique puisque le destin de ce poulain est partaitement vrai. Il est même en train de s'écrire. Et pour l'instant, son récit s'inscrit dans la veine des épopées médiévales avec un fait d'arme à chaque bataille. Vainqueur de ses 3 premiers combats, le petit guerrier des falaises a pris une 3e place, qui vaut toutes les victoires le dimanche 16 mai 2021 à ParisLongchamp, puisqu'obtenue dans la Poule d'Essai des Poulains (Gr.1), une épreuve classique sur 1600 m. Bref, le must du must. Pour la 1ère fois, son jockey Alexandre Roussel, 46 ans, de retour d'un long arrêt en 2020 suite à des douleurs au dos et une blessure à un pied, excellent jockey de l'ouest mais jamais invité dans les plus hautes sphères parisiennes, portait la casaque de Gérard Augustin-Normand qui venait d'en acquérir la moitié.

 


Les co-éleveurs de Breizh Eagle, de gauche à droite Roland et Maryvonne Perron, Daniel et Claudie Cherdo.



Juste après le passage du pteau, ce célèbre propriétaire français, aussi discret personnellement que spectaculaire via son effectif, a contacté au téléphone, tremblant d'émotions, ses 2 nouveaux associés : Daniel Cherdo et Roland Perron. Sans les courses, le boursier parisien, né en Normandie n'aurait jamai parlé aux compères bretons, jeunes retraités respectivement de l'agriculture et des travaux publics. Avec leurs épouses non moins fameuses, Claudie Cherdo et Maryvonne Perron (peut-être encore plus passionnée que son mari), ces 2 là peuvent s'enorgueillir d'avoir créé leur nouveau champion de A à Z...depuis près de 40 ans.

 

 
Breizh Eagle, monté par Alexandre Roussel sous la casaque de Gérard Augustin-Normand. (photo APRH)



Ils se sont rencontrés dans leur jeunesse sur les petits hippodromes bretons, nombreux dans la région de Saint-Brieuc. Il y a 34 ans tout juste, Daniel Cherdo a mis le pied à l'étrier au couple Perron en leur faisant acheter leur 1er cheval, nommé Le Gouesssant du nom de la petite rivière voisine, devenu un multiple vainqueur sous l'entrainement de Xavier-Louis Le Stang. Maryvonne et Roland Perron ne cesseront plus d'avoir des chevaux. Bien plus tard, au milieu des années 90, Roland Perron détient une robuste coursière, Kiridanse, qui a gagné 5 courses en 45 sorties jusqu'à 6 ans. En fin de carrière, elle intéresse Daniel Cherdo, en tant que fille de Fabulous Dancer, un étalon de référence.

 


L'aventure a débuté avec une toute 1e association formée entre les couples Cherdo et Perron autour de Le Gouessant, vainqueur ici sur l'ancien hippodrome de Pornichet avec Xavier-Louis Le Stang.

 

Les Perron n'étant pas éleveurs, ils s'associent tout naturellement. Heureux détenteur depuis le tout début d'une part de Kaldoun (avec lequel il a eu Kaldounévées), Daniel Cherdo croise la jument avec le grand améliorateur. Le résultat n'est pas du tout probant car Roncha est atteinte de lenteur. Restée inédite, elle devient tout de même poulinière, mais pour faire seulement 2 produits. Croisée avec Country Reel, Roncha donne Breizh Touch, qui fera une bonne carrière chez Joël Boisnard, un entraineur lui aussi breton d'origine (né à Redon) et installé à Senonnes. Joël Boisnard est un maître de l'engagement et fait gagner 5 courses à la pouliche à bas niveau (notamment en Bretagne) pendant 4 saisons, de Segré à 2 ans à Rostrenen à 6 ans en passant par Cholet, Landivisiau et Vannes.

 


Joël Boisnard, entraineur hors norme.

 

Mais alors qu'il faut remonter à la 4e mère pour trouver un cheval black-type (son lointain cousin sprinter Sands of Mali). Breizh Touch se révéle une excellente poulinière. Conservée par les éleveurs, ses produits sont bien entendu envoyés chez Joël Boisnard, un entraineur avec lequel Daniel Cherdo a déjà eu une grande réussite lorsqu'il lui avait vendu Varévées, laquelle avait offert à son mentor sa 1ère victoire de Groupe dans le Prix de Barbeville (Gr.3) en 2007 avant de conclure 2e de Gr.1 dans le Prix du Cadran, puis son frère Magic Mambo, très bon sauteur à Auteuil.

 


En plus des terres de sa propre ferme, Daniel Cherdo a la chance d'élever dans le parc d'un château extraordinaire à 2 pas de la Baie de Saint-Brieuc.

 

Elle donne tout d'abord Breizhoun (Evasive), qui gagne 4 courses puis monte en gamme avec Bopedro (Pedro the Great), vendu 205.000 € à la vente de l'Arc 2018 à 2 ans après 2 succès à Senonnes et Fontainebleau. Puis vient Breizh Eagle, né de la 1ère génération du mésestimé Bow Creek (Shamardal), installé étalon au Haras du Logis mais n'ayant sailli que 22 juments en 2020; et idem pour l'instant en 2021. Breizh Eagle sort complètement de l'ordinaire. Il gagne en débutant à Deauville, répète sur la même piste puis s'envole dans le très convoité Prix Machado à Longchamp avant de conclure 3e de la Poule d'Essai des Poulains. Breizh Touch a ensuite une pouliche d'Herald The Dawn en 2019, nommé Happy Creek et actuellement à l'entrainement chez Joël Boisnard, puis un yearling par Dabirsim nommé Blackoun qui restera son ultime produit, car elle est morte ce printemps 3 semaines avant le terme de sa gestation.

 

 
Joël Boisnard, titulaire de 13 cravaches d'or dans l'ouest.

 

Pour avoir de nouveaux produits communs, les Cherdo et les Perron devront donc attendre que la jeune Happy Creek devienne poulinière. En attendant, les bretons ont déjà vécu un rêve éveillé dans leur salon en regardant ensemble les courses de Breizh Eagle, un nouveau champion bien décidé à poursuivre son récit. Il peut suivre en cela l'exemple de Joël Boisnard, cet entraineur hors norme de 59 ans, installé à Senonnes en 2000 après une grande carrière de jockey qui lui a valu 13 cravaches d'or de l'ouest. Contraint à un régime alimentaire si drastique qui le limitait à un café le matin, la lecture du Paris-Turf le midi juste un peu de nourriture le soir, il a survécu à un terrible accident en course qui aurait couté la vie à tout un chacun, et continue à encaisser toute les épreuves, anciennes ou récentes, avec une abnégation confondante. Mon métier est d'essayer de ne pas détruire le potentiel du cheval." Nous voilà loin des prétendus hommes de l'art qui pensent pouvoir sublimer leurs chevaux... Le lendemain de la Poule, Super Jojo a gagné Listed en haies à Compiègne avec Garkapstar, puis 3 courses le dimanche suivant à Granville et Savenay, tout en sellant Martator, 2e du Prix Alain du Breil (Gr.1) à Auteuil. Qui dit mieux ?
 

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