"Un jour, une Casaque, racontez vos couleurs" - Episode 6 : Ecurie Andrée Cyprès

25/05/2021 - Grand Destin
On poursuit notre balade en Casaque-land. Jusqu’à présent, nos étapes ont été plutôt… masculines. Mille excuses, les filles ! Il était quand même temps de redonner un peu de parité dans cette aventure. Alors, cette fois, cap sur la Route71 - Bourgogne du Sud… Et là, le choix est large : autour du vin, à vélo, gastronomie, l’art roman… Oui, d’accord mais quel rapport avec les couleurs du jour ? Nous sommes tout simplement au coeur d’une grande région d’élevage, la Nièvre, terroir de champions et terre d’une femme dont la casaque saute d’un succès à l’autre avec bonheur : Ecurie Madame Jacques Cyprès : casaque gros bleu - trois losanges et toque jaune.

 
Andrée Cyprès à Auteuil

 

Qui a croisé la route d’Andrée, souriante, un peu british dans son look, de jolis yeux bleus-verts porteurs d’un regard franc et direct, ne peut imaginer une personnalité hésitante ou indécise dans ses choix. Femme battante, au caractère sans doute bien trempé, du genre « je fais bien ce que je veux », elle a effectivement opté dans l’efficacité mais aussi le… sentimental pour colorier sa casaque. Marié dans la Nièvre à Jacques Cyprès, Andrée est la fille de René Couétil, un grand homme de cheval honoré par des Prix à son nom dans moult hippodromes. Elle a donc grandi à Avranches dans le Manche.

« J’ai repris le bleu de la casaque de mon père et j’ai remplacé la croix de Malte par 3 losanges jaunes et la toque noire est devenue jaune. Cela se voit mieux pour suivre son cheval dans le peloton ». C’est un point commun à tous les propriétaires déjà passés sous notre laser des couleurs : il faut que la casaque se voit !

 


La 1e grande course gagnée par la casaque d'Andrée Cyprès le fut à Longchamp...mais dans une course d'AQPS, le prix de Craon avec Urbaine sous la selle de Fabrice Véron. (photo APRH)


 

Pas sûr non plus que la patience soit l’une de ses qualités premières et pourtant Andrée a dû la cultiver pour voir sa casaque briller. Validées en juin 1993, ce n’est que quatre longues années plus tard que ses couleurs ont en effet irisé de bleu et de jaune le poteau d’arrivée. Qu’importe, au-delà de la joie et de l’émotion, ce succès, qui s’était fait un peu attendre, fleurait bon l’amitié : la lauréate s’appelait Framboline. Et devinez l’origine du nom ! Contraction phonétique de François Nicolle, Michel Thibault et Etienne Leenders. C’était une course plate à Royan, en 1997, sous l’entrainement de François Nicolle. Si cette bande de joyeux drilles était réunie pour la victoire, la fête a dû être belle !

 


Après le succès d'Urbaine dans le Prix Glorieuse en 2013 à Saint-Cloud, sous l'entrainement d'Etienne Leeders, on retrouve ici ses 2 fils Grégoire et Gabriel réunis autour de la partenaire de Fabrice Véron. En présence d'Arthur, son fils cadet, Andrée Cyprès reçoit le trophée de la part des mains de Michel Bourgneuf, autre grand éleveur nivernais.


 

Mais il a fallu attendre encore quelques années pour voir la vie en bleu et jaune dans la discipline de l’obstacle, terrain de jeu privilégié de la famille Cyprès, à tel point que les enfants d’Andrée et Jacques ont conseillé à leur mère « de changer de casaque, car elle est lourde celle-là ». La patience n’est définitivement pas non plus la qualité première de nos chéris !… Cette victoire est venue en 2007. C’était avec Oranie Jolie, dans un quinté à Auteuil sous la monte de Christophe Pieux

 

La grande famille Cyprès réunie autour de la petite championne Ebonite !

 

 

On poursuit alors sur une voie qui mène notre sémillante propriétaire à … Longchamp ! Rassurez-vous, elle n’a pas commis une infidélité à ses chers AQPS et remporte un joli succès dans le Prix de Craon-Grand Prix des AQPS sous la monte de Christophe Soumillon avec Quizas Jolie en 2008 . Définitivement, le bleu et le jaune siéent à merveille à cette femme attachée à sa terre, à ses chevaux et emplie de ruralité. Pas du tout citadine alors ? Mais si, certainement un peu ! Elle a d’ailleurs nommé un des produits de l’élevage... Urbaine. En tous cas, cette pouliche a été très urbaine envers sa propriétaire en réalisant en 2013, chez Etienne Leenders, « le Grand 7 », faisant briller sa casaque à sept reprises dans toutes les grandes courses AQPS.


Merveilleuse et regrettée petite Ebonite.


Et bien évidemment, on prend plus facilement goût à la victoire qu’à la défaite ! Tous les propriétaires l’expérimentent… Finalement, être détenteur.rice d’une casaque permet de caresser une large palette de sentiments. Ainsi, Andrée avoue-t-elle ne pas être toujours bonne perdante. Elle reconnaît aussi être un tantinet superstitieuse : « j’aurais tendance à prendre toujours le même foulard. […]. J’avais un joli médaillon de St Georges. Je le mettais tout le temps pour aller aux courses, mais je l’ai perdu... ». Et parfois, il y a aussi l’expression de le tristesse. Cela a été le cas avec Ebonite : « j’ai beaucoup pleuré. C’était les premiers groupes gagnés sous ma casaque. C’était ma pépite... ». Il y a aussi le rêve ou l’espoir : une petite victoire à… Cheltenham, chez les anglais sous ses couleurs comblerait Andrée.

 

 

Et puis, il y a tellement d’émotions  et de plaisir procurés par la victoire avec un petit plus indéfinissable, indicible si cela se passe en province. Cela a été le cas avec Vinga, lauréate du France Sire Anjou-Loire Challenge au Lion et du grand cross de Craon  : « gagner à Auteuil, c’est extraordinaire, mais gagner au Lion d’Angers ou à Craon, ce n’est pas pareil, ce n’est pas la même émotion. On est en famille, on peut aller sur la piste, l’ambiance est fantastique... ». Sans être chauvin, qui n’a pas foulé un jour l’un de ces hippodromes ne peut comprendre, parole de mayennaise !…

 


Chez les Cyprès, une victoire se partage forcément en famille comme celle de Vinga dans la Grand Cross de Craon.



Voilà ainsi contée la petite histoire d’une casaque féminine chic et brillante. Mais un peu comme dans le jeu des 7 familles, après la maman, on demanderait bien la fille, Fanny et puis les deux fils Nicolas et Arthur, car chacun a aussi sa casaque aux couleurs familiales bien évidemment. Allez, on tire une petite carte pour le papa, Jacques, mais lui, il joue aux couleurs de sa femme ! Soyez rassurés, la partie est bien loin d’être finie et l’empreinte du bleu et du jaune est bien marquée dans la grande histoire des courses françaises.

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