Du Prix d'Amérique au Grand Steeple : Pierre Pilarski dans les traces de la rareté

19/05/2022 - Grand Destin
Pierre de Montesson, Daniel Wildenstein et Jean Pierre Dubois. De mémoire d'homme (ou plutôt jeune homme), voilà les rares propriétaires qui ont réussi à briller dans les plus grandes courses du trot et de l'obstacle français. Au départ avec Feu Follet ce dimanche, Pierre Pilarski pourrait donc marcher dans les traces de la rareté, lui qui a déjà gagné le Prix d'Amérique avec Bold Eagle et Face Time Bourbon. En partenariat avec France Galop et Dynavena. 

 

Pierre Pilarski, sur les traces de la rareté avec Feu Follet dans le Grand Steeple (aprh)

 

Pierre Pilarski est devenu en quelques années l'un des propriétaires phares du paysage français, de par ses succès premièrement, mais surtout son enthousiasme débordant, sa joie à communiquer autour de ses coursiers, et surtout sa réussite pluridisciplinaire. Comme vous le savez, sa success-story a débuté au trot avec le phénoménal Bold Eagle, un élève de la famille Dubois acquis en cours de carrière, qui lui a permis de gagner 2 éditions du Prix d'Amérique. La plus grande course du trot, il a aussi eu l'occasion de la remporter à 2 autres reprises en tant que co-propriétaire de Face Time Bourbon. D'aucuns diraient que l'homme à la casaque "McDonald" a de la chance. Il en faut c'est sûr, mais ça ne peut pas se résumer qu'à cela. 

 

 

Comme cela se fait rarement, Pierre Pilarski a commencé au trot avant de faire des rencontres décisives qui lui ont permis de mettre le pied dans le galop. Il a commencé de manière inattendue avec un championne anglo-arabe, Genmoss. Chez Didier Guillemin, la reine invaincue de sa race a été suivie par quelques bons éléments, comme récemment Making Moovies, qui a été le premier partant dans un classique français du plat pour Pierre Pilarski. Une autre rencontre, celle avec Guillaume Macaire, l'a fait rentrer dans le monde de l'obstacle, où il investit majoritairement aujourd'hui avec son fils Hugo. En 2018, Pierre Pilarski a gagné sa première course au galop directement à Auteuil dans le Wild Monarch, avec Fiumicino. L'aventure était lancée. 

 

Feu Follet avec Baptiste Le Clerc, qui lui sera associé dimanche 

 

Avec Guillaume Macaire, Pierre Pilarski a d'ailleurs acheté un lot de jeunes sauteurs chez Jean-Pierre Dubois, contenant Fiumicino, Fandango, et un grand cheval noir que le maître entraineur a d'emblée signalé comme un élément taillé pour le haut niveau. Guillaume Macaire ne s'est pas trompé, puisque c'était Feu Follet, qui a offert un 1er Gr.1 à Auteuil à la casaque Pilarski dans le Alain du Breil en 2019. A l'arrivée de la Haye Jousselin et du Grand Steeple en 2020, Feu Follet a laissé des regrets dans le Grand Steeple 2021, éjectant Baptiste Le Clerc à l'orée du dernier kilomètre alors qu'il avait des ressources. Après un problème à l'automne, il vient de se balader dans le Prix Ingré devant Sel Jem, et arrive fin prêt pour un vrai rendez-vous avec l'histoire. En effet, s'il venait à s'imposer, Guillaume Macaire dépasserait le record de Bernard Secly de 6 succès dans l'épreuve reine, mais Pierre Pilarski rentrerait aussi dans le cercle très fermé des propriétaires qui ont gagné "l'Amérique" et le Grand Steeple. 

 

Pierre de Montesson, légende du trot et de l'obstacle 

 

Les 3 propriétaires ayant réussi cet exploit ont une histoire avec le Grand Steeple qui est finalement très proche l'une de l'autre. Le premier à l'avoir fait est le célèbre Pierre de Montesson, grand homme des courses qui a connu les sommets dans les deux disciplines. Au trot, sa casaque est surtout associée à la phénoménale Une de Mai, grande championne des années 60-70, qui a bâti sa légende avec 74 victoires en 146 courses ! Malgré tous ses records, elle a toujours échoué dans le Prix d'Amérique, en 6 tentatives ! Au coeur de l'époque Une de Mai, il connaît toutefois la consécration avec Tuscan, qui s'impose dans l'édition 1970 devant Tony M et Tidalium Pelo. Créateur du Haras des Coudraies, et de la fameuse souche des "K" en obstacle, Pierre de Montesson et sa casaque sont surtout associés à Katko, parmi les 3 triples vainqueurs du Grand Steeple Chase de Paris avec Hyères III et Mid Dancer. De 1988 à 1990, le cheval de Bernard Secly règne sans partage sur la Butte Mortemart. 

 

Katko

 

Deux autres hommes et légendes interdisciplinaires des courses créent aussi l'exploit : Daniel Wildenstein et Jean-Pierre Dubois. Célèbre marchand d'art, héritier de George Wildenstein qui avait lancé la famille dans les courses, Daniel connaît les plus grands succès dans toutes les disciplines. Il gagne notamment 4 Arc de Triomphe avec Allez France, All Along, Sagace et Peintre Célèbre, et son Premier prix d'Amérique en 1996 avec Coktail Jet. Pur produit de la famille Dubois, qui a marqué l'élevage français, il s'impose avec Jean-Etienne Dubois, et marque le début d'une grande ère pour la casaque bleue, qui sera tête de liste de 1994 à 2000 chez les propriétaires de trot. En 2004, l'écurie Wildenstein gagne son 2e Prix d'Amérique avec Kesaco Phedo. Jean Pierre Dubois avait quant à lui conquis le Prix d'Amérique pour la première fois en 1979 avec High Echelon, avant d'y briller 3 ans plus tard avec Hymour

 

Coktail Jet, premier prix d'Amerique pour Daniel Wildenstein 

 

Déjà célèbre en obstacle avec de nombreuses victoires de prestige, Daniel Wildenstein investit en 1996 (ce qui coïncide avec le sacre de Coktail Jet à Vincennes) dans un lot de yearlings venu du Haras des Coudraies... Tient donc ! Accompagné par Jean-Pierre Dubois, il tombe alors sur un sacré "frère de", Kotkijet. Frère utérin de Katko par Cadoudal, ce Kotkijet commence sa carrière sous l'entraînement de Jean Pierre Dubois, pour lequel il gagne à Auteuil à 2 reprises. Kotkijet passe ensuite chez Jean-Paul Gallorini, qui lui fait gagner 2 éditions du Grand Steeple avec Thierry Majorcryck. Jean-Pierre Dubois en est toutefois resté co-propriétaire, et figure donc dans ce cercle très fermé des vainqueurs de Prix d'Amérique et de Grand Steeple ! 

 

Daniel Wildenstein à la tête de sa crack de plat Allez France 

 

Kotkijet gagne son premier Grand Steeple en 2001, quelques mois seulement avant la disparition de Daniel Wildenstein. 3 ans plus tard en 2004, il retrouve son titre, après avoir surmonté une absence de plus de deux ans. Entre temps, la succession Wildenstein prend les commandes, et se séparera peu à peu des sauteurs et des trotteurs de l'écurie... Kotkijet finit sa carrière chez Arnaud Chaillé-Chaillé, mais ne peut égaler son frère Katko en échouant à la 3e place de l'édition 2006, à 11 ans. Ce jour-là, il se livre à un duel avec Cyrlight, somptueux certes, mais qui lui coûte beaucoup dans la dernière ligne droite, où Princesse d'Anjou et Rigoureux le dépassent après la dernière haie. Bien des années plus tard, Jean-Paul Gallorini regrette encore de ne pas avoir eu Kotkijet depuis ses premiers pas, pensant qu'il lui aurait fait battre le record de victoires de son frère...

 

Kotkijet, un monstre d'Auteuil 

 

Dans les traces de Katko et Kotkijet, 2 frères aux entourages hauts en couleurs, Feu Follet fait donc face à un sacré défi. Il est né chez Jean Pierre Dubois, qui continue quant à lui de flirter avec le très haut niveau quelle que soit la discipline. Dans une veine différente, mais en gardant cet amour du cheval, qu'il trotte, galope ou saute, Pierre Pilarski pourrait ce dimanche entrer dans une dimension tout à fait nouvelle, celle de la légende... Celle-ci d'ailleurs se construit obligatoirement dans la rareté. Un cheval comme Feu Follet en est une, à lui de le prouver une nouvelle fois. 

 

Pierre Pilarski avec Guillaume Macaire et Jean Pierre Dubois...comme on se retrouve ! 

Voir aussi...