Qui est Drefong, ce surprenant américain descendant de Trempolino, père du gagnant des Guinées japonaises ?

20/04/2022 - Zoom Etalon
Le Satsuki Sho, l’équivalant des Guinées au Japon, a été remporté cette année par le poulain Geoglyph, un fils du champion sprinter américain Drefong. Depuis des décennies, les japonais importent poulinières et étalons venus d’Europe et des USA, permettant d’améliorer leurs courants de sang. Dans le pedigree de Drefong, on retrouve le nom d’un certain Trempolino, qui avait échoué comme étalon aux USA, avant de devenir un excellent sire polyvalent en France.   

 Drefong à Shadai Farm


Créè en 1939, le Satsuki Sho se voulait l’équivalent nippon des célèbres 2000 Guinées anglaises, depuis quelques changements de conditions de course ont été ajoutés. Depuis 1990 ce Gr. 1 se dispute sur la distance intermédiaire de 2000 mètres et est ouvert mâles et aux femelles. Au palmarès, on retrouve les noms de stars du turf mondial tels Deep Impact, Orfevre, Victoire Pisa ou plus récemment Contrail et Efforia. Cette année ils étaient 18 au départ et la palme est revenue à Geoglyph pour la célèbre casaque de Sunday Racing, celle que portait entre autres Orfevre, double dauphin dans le Prix de l’Arc de Triomphe. Geoglyph offre par la même un premier succès au plus haut niveau à son père Drefong, quasi inconnu en Europe, mais champion sprinter aux USA.    

 
 Geoglyph remporte le Satsuki Sho 2022 ©Racing Post
 
 
Si les chevaux japonais sont parmi les plus compétitifs au monde cela s’explique en partie par l’importation massive des meilleures lignées venues d’Europe et surtout des États-Unis. Durant des décennies, les fortunés éleveurs/propriétaires, à commencer par la famille Yoshida, ont acquis sur les rings ou à l’amiable nombre de juments mais aussi d’étalons de premier plan pour améliorer les courants de sang locaux. Drefong a fait partie de cette vague d’achat d’étalon américain pour rejoindre Shadai Farm, puisqu’au Japon on court à la fois sur le dirt et sur le turf.  Entraîné par Bob Baffert en Caifornie, Drefong a remporté 3 Gr.1 sur le dirt dont la Breeders’ Cup Sprint. Il est à ce jour le meilleur fils de Gio Ponti, qui pour Christophe Clément était un véritable phénomène sur le turf américain, remportant 7 Gr.1 en carrière.
 
 
 Drefong lors d'une de ses 3 victoires de Gr.1 aux USA ©Racingandsports
 
 
Quand on s’intéresse au pedigree de Drefong, on peut lire que le père de la grand-mère de Drefong n’est autre que Trempolino. Paré de la casaque de Paul de Moussac, ce cheval américain a remporté le Prix de l’Arc de Triomphe 1987 sous la selle de Pat Eddery, battant ce jour là le record de l’épreuve détenu par Dancing Brave. Entré étalon chez l’un des poids lourds américains Gainsway Farm, aux côtés notamment de Danzig et Lyphard, Trempolino ne va pas rencontrer le succès escompté aussi bien aux ventes qu’en piste. En effet, cet alezan avec trois grandes « chaussettes » blanches étant sans doute trop en avance sur son temps. A la fin des années 80, les américains ne juraient que par le dirt, le programme sur le turf n’était pas aussi développé qu’à notre époque.
 
 
 Trempolino lors de son sacre dans le Prix de l'Arc de Triomphe ©Racing Post
 
 
Revenu au pays, Trempolino entame une seconde carrière d’étalon au Haras du Mezeray de la famille de Moussac. En France, pendant un peu moins de 10 saisons, l’alezan va s’affirmer comme un excellent étalon, très polyvalent, saillissant jusqu’à 27 ans. En plat il a donné le double gagnant de Gr.1 pour le Prince Aga Khan Valixir, et plusieurs autres gagnants de Groupe comme Vadapolina, Arkadian Hero ou Germany (le père des champions en obstacle Faugheen et Samcro). Dans la categorie de l’obstacle, Trempolino a donné le seul gagnant de Grand Steeple de Paris américain : Mandarino. Sans compter les bons Don Lino, Bonito du Berlais et Buck’s Bank. Il se révèle un encore meilleur père de mère dans la discipline, avec des noms comme One For Arthur (Grand National de Liverpool Gr.3), ainsi que Latino des Isles, Gardons le Sourire et Beaumec de Houelle, rien que ça !
 
 
Trempolino au Haras du Mezeray

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