Chester : la fête des courses y dure depuis 500 ans !

13/08/2016 - Actualités
  Avoir été et être encore mieux ! Le plus ancien site sportif du monde toujours en activité, crée en 1539, l'hippodrome de Chester qui accueille au moins 30.000 personnes à chacune de ses 15 réunions pourrait bien adopter cette version de l'adage de Shakespeare. Plus petit champ de course d'Angleterre organisant tout de même le Chester Vase préparatoire au Derby d'Epsom, cette compagnie privée fait un carton grâce à des méthodes simples qui créer une atmosphère extraordinaire.      

 
 
En arrivant sur l'hippodrome de Chester, charmante bourgade historique (une ancienne cité romaine) du nord de l'Angleterre proche de Liverpool, on se retrouve rapidement submergé par des hordes de gros nichons. Ce truc qui fait rêver existe vraiment, des milliers et des milliers de jeunes femmes à fortes poitrines, typiquement anglaises a fortiori au nord du pays, toutes habillées comme pour des mariages mais avec des robes les plus réduites possibles en taille, se précipitent vers l'hippodrome. Des armées de jeunes hommes endimanchés les poursuivent. Les poches bien remplis de billets de banque, et d'un billet d'entrée qu'ils ont déjà payé cher et en avance, ils viennent faire la bringue, boire beaucoup mais avec style même en perdant l'équilibre en fin d'après-midi, écouter de la musique, profitez du concert qui suit la réunion, mais aussi parier, regarder les courses, brailler à gorge déployée pendant les arrivées. Bref, vivre et, contrairement à ce que maugrér les vieux schnocks jamais contents, associer le cheval de course et l'esprit de fête.
 
 
 


 
 
Festival de gros nichons
 
 
Quand on demande si cette réunion d'un dimanche estival, dont le programme ne propose pourtant que des petites courses de classe 3, 4 et 5, avait quelque chose de particulier, l'hôte de l'équipe de France Sire, l'éleveur Richard Aston (Goldford Stud) qui fait partie du comité directeur, répond laconiquement : " Chaque réunion est une fête à Chester ! Nous avons au moins 30.000 personnes à chacune de nos 15 réunions de courses. Notre meilleur journée est le "Funday", qui est le dimanche des enfants fin juillet, où nous avons 45.000 entrées payantes. Mais cela est le nombre que nous déclarons officiellement car c'est la limite autorisée de notre capacité d'accueil..."
Il n'y a pas de miracle anglais, la fête est un travail
 
Pourquoi un tel succès ? Le miracle anglais n'est pas un miracle. Sinistré par le système du bookmaking qui leur interdit d'espérer les revenus très conséquents provenant des enjeux comme en France, les hippodromes anglais doivent se battre chaque jour pour animer leur site et trouver de l'argent là où il est. En quelques années, ces anglais ont réussi à rendre les courses attractives pour les jeunes autant que pour les vieux, les très riches comme le populo, En fait, c'est exactement l'inverse de la France où tout a été fait soigneusement en dépit du bon sens, où on a réussi l'exploit de faire fuir le public avec des prestations sur place en général lamentables et un accueil minable à l'exception de quelques organisateurs qui font ce qu'ils peuvent pendant trop longtemps dans l'incompréhension générale. Les programmes bousculés, le calendrier détruit, l'esprit colbertiste et l'appétit du PMU ont fait que les vrais lieux de vie du week-end ont été ruinés voire fermés par les autorités elle-même pour favoriser les hangars vides de la semaine. Il parait qu'en haut lieu, il se dirait maintenant qu'il serait de bon ton d'arrêter de décourager les bénévoles, car finalement, les petits hippodromes ne coutent pas cher et on leur utilité sociale. Il était temps de s'en rendre compte mais cela est nécessaire car étant donné la baisse des jeux, il va bien falloir faire quelque chose...
 
 

Un entraineur et un jockey...en fil de fer !


Le Dr Marwan Koukash avec ses 3 jockeys. Cet ancien réfugié palestinien a monté une immense fortune en Angleterre. Chester est son hippodrome préféré.
 

A part la dernière ligne droite ,qui est courte, la piste de Chester est un tournant permanent.


Le rond de présentation et les balances se situent à l'intérieur de la piste.
 

L'arrivée devant 30.000 personnes. Le grand mur qui date du port de 'époque romaine tient toujours bon.


Les loges...
 
 
Notre public ayant évidemment quitté des courses devenues si ennuyeuses, le propriétariat, dont l'essence finale sera toujours de se faire applaudir par cheval interposé, a nécessairement quitté la scène en France. C'est un comble, dans l'hexagone, on cherche désespérement des candidats pour décrocher des allocations très généreuses. En Angleterre, c'est l'opposé complet...Par exemple, le multi-milliardaire Marwan Koukash, palestinien ayant passé 3 ans dans les camps de réfugiés avec sa mère, aujourd'hui propriétaire de chevaux de courses et d'équipes de rugby, trouve en Chester son hippodrome préféré. En ce dimanche de la mi-juillet, il est venu voir les 10 chevaux que ses entraineurs y ont engagés ! Comme quoi il n'y a aucune fatalité à la desertification des hippodromes, même si l'Angleterre, il faut le reconnaitre, est un terreau par culture très favorable aux activités de courses hippiques.
 
 
Le plus petit hippodrome d'Angleterre : un modèle du genre
 
 
Chez nous, un lieu comme Chester qui est le plus petit champ de course du pays avec 1600 m de circonférence sur une piste qui tourne tout le temps sauf sur les 300 m de ligne droite, avec aussi son rond de présentation à l'intérieur de la piste, ses écuries de l'autre côté de la route sous la voie de chemin de fer, aurait été fermé depuis longtemps. Outre-Manche, c'est un modèle du genre. Fier de son histoire, puisqu'ayant été ouvert en 1539, il est le plus vieil hippodrome du pays, mais aussi la plus ancien site sportif du monde toutes disciplines du monde, qui soit toujours en activité, Chester fonctionne selon un modèle ultra-moderne.
 
 

Les reboucheurs de trous anglais ont quand même une classe incomparable.
 

La Police anglaise, avec Anne-Lise Legorgeu, ont quand même une classe incomparable.
 

Ici à côté du très stylé marchand d'art Glen Rowles, j'ai quand même une classe incomparable.
 
 
En 1960, alors en décrepitude, Chester a été changé en société privée de 399 parts. " Aujourd'hui, une part se négocie environ £ 65.000. A l'époque, il n'y avait que 3 réunions par an au mois de mai. Nous sommes montés à 15 meetings annuels. La société contrôle toute son activé de A à Z, avec 100 employés permanents plus 150 personnels à temps partiels. Nous avons deux restaurants sur l'hippodrome qui sont ouverts tous les jours. Notre équipe de restauration traiteur fournit aussi des prestations à l'extérieur, comme dernièremet un diner de 600 personnes dans la cathédrale de Liverpool. Nos revenus proviennent des bars, des restaurants, des entrées qui sont vendus entre £ 12 et £ 90 selon l'enceinte que vous choisissez, la location de nos 28 loges, les salles pour les événements hors course, et aussi les jeux. " Car presque unique en Angleterre, Chester tire directement bénéfice des enjeux qui ont lieu sur son hippodrome, grâce au même esprit de contrôle de ses activités. " Nous avons refusé les conditions proposées par Betfred lorsque ce bookmaker a racheté le Tote il y a quelques années. De fait nous avons créé notre propre système de jeux, Chester Bet, et je vous promets que cela rapporte beaucoup d'argent." Et puis de toute façon, toujours dans le même esprit de service, si vous ne voulez pas vous déplacez au guichet ou sous le parapluie du bookmaker spécial Chester Bet, des agents viennent vous voir pour vous demander sur quel cheval vous souhaitez mettre vos pennys. Alors forcément, ça joue...
 
 

Chester Bet, à la place des bookmakers...


Chester Bet vient vous chercher à table...


A gauche, l'éleveur Richard Aston (Goldford Stud) en compagnie de Martin Beaumont, le chairman de Chester.
 
 
 
Notes :
 
  • Henry Gee était le maire de Chester à l'époque de la création des courses en 1539. Passionné de cheval, il a laissé de telles marques dans l'histoire que le le terme "geegee" est un terme familier pour désigner un cheval, qu'on peut solliciter en lui disant " gee up ! ".
  • Chester est l'une des villes les plus anciennes du territoire, puisqu'elle fait partie des 5 cités grandes romaines construites par l'empire, en l'occurrence sur les bords de la rivière Dee, à 6 kilomètres de la mer, afin de servir de port. Le mur de protection de la rade est encore en parfait état. Lorsque la rivière s'est ensablée, le port a été déplacé à Liverpool, puis la zone portuaire de Chester, vidée de son eau, est devenu un terrain de courses pour les chevaux qui est toujours à la même place aujourd'hui.
  • Afin d'inciter les propriétaires des chevaux à courir à Chester, à défaut de frais de déplacement et vu la faiblesse des allocations, non seulement les 6 premières places sont payées mais l'organisation propose également le principe de " £ 400 minimum to race". C'est à dire que tous les chevaux participants recoivent au moins cette somme. Dans le cas où une 5e ou 6e place rapporte moins que cette somme minium, le propriétaire voit son allocation complétée jusqu'à la somme plancher de £ 400. Enfin, tous les propriétaires ayant un partants sont invités à déjeuner en loge. Un déjeuner qui est d'ailleurs très bon, croyez-en votre rédacteur.
     
  • Outre le célèbre Chester Vase (Gr.2), mais aussi les Dee Stakes (Listed) qui peut également mener au Derby d'Epsom, le programme de Chester comporte les importants Ormonde Stakes (Gr.3 sur 2700 m), qui mène à la Gold Cup d'Ascot. Ce printemps 2016, Dartmouth s'est imposé sous la casaque de la Reine d'Angleterre. Elle n'était pas sur place pour se faire prendre en photo avec le trophée. Ce dernier, comme ceux d'Ascot ou la coupe en or de Cheltenham, ne quitte JAMAIS l'hippodrome. Mais là, la Reine en personne a demandé à voir le trophée en question. Exceptionnellement, les organisateurs ont envoyé le trophée à Buckingham Palace. " Mais la Reine ne nous l'a pas encore renvoyé ! " s'exclame Richard Aston...A noter que Dartmouth a ensuite remporté les Hardwicke Stakes à Ascot devant Highland Reel avec Olivier Peslier, puis conclu 3e des King George dernièrement.

 

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