L'histoire de DNA : Kincsem, l'invincible hongroise aux 54 victoires

13/09/2019 - Actualités
 Entre les anglais Eclipse et Frankel, l'invincibilité la plus incroyable de l'histoire reste celle de Kincsem, une jument hongroise qui a enchaîné 54 victoires, chez elle bien sûr mais aussi en Allemagne, en Angleterre et en France dans le Grand Prix de Deauville ! Thierry Grandsir (DNA Pedigrée) nous conte l'histoire de cette championne atypique, éternelle voyageuse qui vivait avec son lad Frankie et son chat.


KINCSEM (HUN) (f. 1874), par CAMBUSCAN et WATERNYMPH (COTSWOLD)

 

Le rêve le plus ultime de tout sportsman est de toucher un jour un cheval invincible, celui qui n’accepte jamais la défaite et qui sait, en son fort intérieur, qu’il est un être supérieur. Notre siècle naissant nous a offert Justify (Scat Daddy) aux USA, Zarkava (Zamindar) en France et Frankel (Galileo) en Angleterre, tous trois demeurés invaincus en respectivement 6, 7 et 14 sorties publiques. On citera encore Ribot, Nearco, St Simon et même Eclipse, mais il y eut plus fort qu’eux autrefois en … Hongrie !

 

 

Le 17 mars 1874 naquit à Kisber une pouliche alezane qui fut baptisée Kincsem (=mon trésor), un nom prémonitoire pour celle qui deviendra la Championne de tout un peuple, et l’une des plus grandes juments de course de tous les temps. Vous dire qu’elle était jolie, certes non. Elle fut décrite dans son jeune âge comme étant chétive et gauche, se tenant toujours tête basse et les yeux mi-clos.Son jeune éleveur Ermo Blaskovitch avait en1875 sept yearlings à vendre,qu’il proposa en un seul lot. Kincsem fut refusée par l’acheteur, qui la jugea trop médiocre… Ermo Blaskovitchdécida alors de la mettre à l’entraînement chez Robert Hesp, un anglais dont les occupations hongroises alternaient entre l’entretien des lévriers du Prince Batthyany, les services secrets hongrois et, éventuellement, l’entraînement de chevaux de courses.

Un homme qui n’avait guère la réputation de ménager ses pensionnaires : Kincsem disputa en effet 54 courses (dont 10 à 2 ans) et les remporta toutes, souvent par plus de 10 longueurs, sur toutes les distances et face aux meilleurs. En Hongrie bien sûr, où elle s’adjugea tous les classiques, mais aussi en Allemagne où elle triompha à trois reprises consécutives dans le Grosser Preis von Baden (Gr.1), en Angleterre où elle domina la GoodwoodCup (Gr.2), et même en France où elle remporta le Grand Prix de Deauville (Gr.2).
 

KINCSEM (HUN), titulaire du record d’invincibilité avec 54 victoires en 54 sorties !

 

Kincsem adorait voyager, à condition d’être accompagnée de son chat. On raconte d’ailleurs qu’à son arrivée en France, Kincsem se figea et ne cessa de hennir jusqu’à ce que le chat, un temps égaré, revienne vers elle pour lui grimper sur le dos. Et c’est dans cet équipage quelque peu singulier que Kincsem arriva sur le champ de course de La Touque ! A chaque retour aux balances, son éleveur l’avait habituée à recevoir un bouquet de fleurs, qu’il fixait sur sa bride. Et si elle n’avait pas ses fleurs, impossible de la desseller... Par ailleurs, Kincsem n’acceptait que le foin et l’eau provenant de son élevage, denrées qu’il fallait donc transporter avec elle. Elle était également très attachée à son lad Frankie, au point que lors d’un voyage en train par un temps glacial, elle arracha la couverture qu’elle avait sur le dos pour la déposer sur lui. Pour l’anecdote, Frankie n’avait pas de nom de famille, et son surnom de Frankie Kincsemc devint son identité officielle, et fut gravée ainsi dans le marbre de sa pierre tombale. Par l’anglais Cambuscan et la gagnante des Magyar 1000 GuineasWaternymph, sœur cadette de la lauréate des Magyar Oaks Harmat, inbred en 3x4 sur Slane, la poulinière Kincsem allait montrer à tous la très haute qualité de sa génétique au haras, qu’elle intégra à l’âge de sept ans. Elle donna le jour à 5 foals :Budagyöngye, une pouliche qui devança les mâles dans le Deutsches Derby (Gr.1) ;OllyanNincs, gagnante du Magyar St Leger ;Talpra Magyar, inédit (car corneur) mais étalon classique ;Kinc-Sör, qui disparut la veille du Deutsches Derby (Gr.1) dont il était le favori ; et Kincs, inédite mais poulinière classique.

 

KINCSEM, toujours accompagnée de son chat comme Allez France de son mouton

 

Kincsem succomba à une crise de coliques le 17 mars 1887, le jour même de son treizième anniversaire. Un deuil national fut décrété, et les drapeaux mis en berne dans toute la Hongrie pour lui rendre le plus vibrant des hommages. Sa statue attend votre visite à Budapest, près du stade … Kincsem Park, qui se trouve à proximité du … Kincsem Museum, où est encore exposé son squelette !  

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