Grand Cross de Pau pour Sulon : un anglo descend de la Bretagne en sautant

04/02/2014 - Focus Elevage
Jamais encore la casaque Papot, tête de liste des propriétaires en obstacle, ni Patrice Quinton, l’entraîneur qui a présenté le plus de partants en cross l’an dernier, n’avaient remporté le Grand Cross de Pau. Voilà qui est fait désormais grâce à la victoire de Sulon, lequel met aussi à l’honneur l’élevage breton de Joseph Garin.

Sulon fait triompher l'élevage breton et un vieil étalon anglo arabe qui avait été installé à Corlay dans les années 70.

 

Même à plus de sept cents kilomètres du Pont-Long, les encouragements de la famille Garin sont certainement parvenus jusqu’à Sulon, dimanche dernier, dans la phase finale du Grand Cross de Pau. A Laniscat (Côtes d’Armor), où il coule une paisible mais active retraite, Joseph Garin (77 ans) a vécu intensément la course, lui qui élève pur-sang et AQPS depuis plus de cinquante ans. « Avec la victoire de Sulon dans le Grand Cross de Corlay il y a deux ans, parce que c’est dans mon fief, commente-t-il, c’est sûr que c’est l’une des plus belles émotions. » Le décor est planté. Nous sommes au cœur de la Bretagne, à une douzaine de kilomètres de Corlay. Joseph Garin, lui, côtoie les chevaux depuis son adolescence dans la ferme familiale.
 

Une Fest Noz évidemment inoubliable...


Issu d’une souche anglo-arabe qui remonte à l’étalon Diaran, lequel s’est révélé être un bon reproducteur de chevaux d’obstacle dans l’Ouest, l’AQPS Sulon (Passing Sale) est un produit de Fest Noz, une anglo de complément par Port Etienne. « J’avais élevé la poulinière pour le compte de M. Sévère à qui elle appartenait, se rappelle Joseph Garin. J’ai travaillé pendant cinquante ans pour lui. Il me l’a d’ailleurs léguée quand il a cessé ses activités, car il voulait qu’il y ait une continuité de son élevage. Je crois qu’il serait heureux de voir le résultat. » Sulon est le quatrième produit de Fest Noz à se produire sur un hippodrome. Une Fest Noz qui présente la particularité pour une poulinière qui a produit un vainqueur de Grand Cross de Pau d’avoir été arrêtée lors de ses deux seules tentatives sur les obstacles ! C’était à la toute fin de son année de 5 ans avant d’entamer sa carrière de poulinière. La jument entraînée par Claude Rouget et propriété donc de Joseph Sévère avait auparavant brillé sur les pistes plates du Grand Ouest, s’imposant à trois reprises, dont la Finale de l’Ouest des APQS à Nantes. « La jument était en fin de carrière et son entourage n’avait pas insisté sur les obstacles, relativise l’éleveur breton, sachant que M. Sévère la destinait à la reproduction. » Pichounic, la grand-mère maternelle de Sulon, n’avait, elle, couru qu’en plat pour l’entraînement de Guy Confrère, qui ne faisait pas d’obstacle.

 
L'origine n'avait pratiquement jamais sauté !
 
 
C’est donc une origine qui n’a quasiment pas été exploitée sur les obstacles - l’aptitude au saut transmise par Diaran devait toutefois sommeiller - jusqu’à ce que la famille Papot ne confie le deuxième produit de Fest Noz, Ola du Sulon (Grand Trésor), à Guillaume Macaire, lequel le dirigea dès l’âge de 3 ans sur les obstacles après des débuts discrets en plat. Dès l’année suivante, Ola du Sulon s’imposait sur les haies d’Auteuil. « Quant à Sulon, c’était un beau poulain, bien fait. Un jour de courses à Craon, j’avais été voir M. Papot en lui montrant des photos du foal. Et c’est comme cela qu’il l’a acheté, se souvient Joseph Garin. Malheureusement, j’ai perdu ensuite plusieurs produits de Fest Noz, dont une femelle par Nickname l’an dernier. Mais c’est la vie d’éleveur… Aujourd’hui, elle est âgée de 21 ans et se porte bien. Elle est pleine de Honolulu (Montjeu). » Avec Sulon - le nom de la rivière qui coule devant les prés de notre éleveur à Sainte Tréphine -, Joseph Garin a vite été fixé sur ses qualités : « Quand il a débuté à Auteuil en gagnant à 3 ans, M. Macaire avait dit qu’il sautait comme un vieux cheval ». Dimanche malgré les épouvantails Malberaux et Toutancarmont, on avait bon espoir à Laniscat. « Il a été ménagé par Patrice Quinton. C’est un cheval très puissant qui apprécie le terrain lourd. » Et comment ! A quelques kilomètres du Sulon, il n’a pas coulé que de l’eau dimanche soir…

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