Les à-côtés d'un siècle de Grand Steeple-Chase de Paris

21/05/2016 - Grand Destin
Cent-trente-sept éditions du Grand Steeple-Chase de Paris se sont disputées depuis 1874. Et chaque année, l’épreuve phare d’Auteuil nous a livré son lot d’anecdotes croustillantes plus ou moins connues. Cela va d’une bride cassée à un ascenseur en panne en passant par le nombre de chutes ou les erreurs de parcours. Bref, il y a de quoi raconter.....et lire espérons-le. Mais commençons par l’entrée dans le XXème siècle.

A Auteuil, la pelouse est bondée. Les spectateurs s'amassent autour du ruisseau qui serpente le champ de courses et dessert les deux rivières, celle des tribunes et celle du parcours du "8" ©DR

 

 

1900, une première édition entre français, une première

Pour la première édition du 20ème siècle, Auteuil accueille, le 3 juin, 60.248 spectateurs payants venus par leurs propres moyens puisque la première ligne de métro ne sera ouverte que le 19 juillet suivant. Quant au Grand Steeple-Chase de Paris, l’ex Grand National de France, il réunit 10 partants derrières les élastiques mais les chevaux en provenance de l’étranger brillent par leur absence ; c’est une première. Le lauréat, Mélibée, qui restait sur six victoires, l’emporte aux dépens des élèves des célèbres casaques, celles du belge Charles Liénart (Fragoletto) et du baron Jules Finot (Quitte ou Double), surnommé « le père du steeple-chasing ».

 

1901, un Carter peut en cacher un autre

Le 24 novembre 1901, dans le Grand Prix de l’Elevage, le malheureux Calabrais tombe au bull-finch et doit être abattu. L’élève du baron Roger (casaque rouge, toque jaune) et du baron de Varenne n’avait pas recouru depuis le 9 juin, date de sa victoire dans le Grand Steeple-Chase de Paris, bien aidé par une triple chute à la rivière dont celle de la favorite, l’élève de Charles Liénart, Killarney.

Calabrais était un fils de Lord Clive que le baron Roger avait importé d’Angleterre en 1881. Il était également le père de La Morinière, vainqueur, pour la même association, du Prix du Jockey Club l’année précédente. L’entraineur des deux chanceux n’était autre que le franco-anglais Thomas Carter (appelé Thomas Plaisanterie du nom de la célèbre pouliche dont il possédait la moitié), le fils de son père, également prénommé Thomas, le premier représentant de la famille arrivé en France en 1831 pour Lord Seymour..

Pour information, le Grand Prix de l’Elevage, couru sur le steeple depuis sa création en 1897, est plus côté encore que le Prix de la Croix de Berny, futur Prix La Haye-Jousselin à partir de 1903. Le Grand Prix de l’Elevage, baptisé Prix Sagan à partir de 1912, sera définitivement disputé sur les haies.

 

1902 : Verdi, tombé, remonté

A l’arrivée, les applaudissements ne vont pas au vainqueur, Gratin, mais au second, Verdi (Caballero). Ce casse-cou, qui avait négligé la rivière du huit, s’est rattrapé mais son jockey Albert Johnson, se retrouve à terre. Ayant gardé les rênes en mains, il remonte en selle lançant sa monture à la poursuite des trois seuls chevaux encore en course (sur les 11 au départ). Il finira à une longueur du protégé de Richard Count. En janvier, Gratin avait enlevé le Grand Prix de la Ville de Nice dont l’allocation avait considérablement été augmentée afin d’attirer le maximum de partants ; ils seront 21 au départ.

 

1903 : un coup de chance pour Veinard

Le 31 mai, Auteuil fête son trentième Grand Steeple. Parmi les trois étrangers, une curiosité, le 9 ans, Record Reign, champion dans son pays d’origine, l’Australie. Son propriétaire est un hindou ; S.A. le Kour Sahib de Patiala. Hécatombe, sept des douze concurrents ne rallieront pas l’arrivée. Devant le bull-finch, quatre dérobades dont celles des trois visiteurs. L’heureux vainqueur porte un nom approprié, Veinard qui porte les couleurs d’un propriétaire belge, Charles Liénart. Ce dernier cédera, par testament, sa casaque et toque rouge à un certain William Head, son jockey. Record Reign devra être euthanasié huit jours plus tard après sa chute à la rivière des tribunes.

 

1904 : Dandolo, le miraculé

Le 5 ans Dandolo gagne le Grand Steeple, un exploit qu’il rééditera quatre ans plus tard. Mais que d’aventures avant son premier succès. Dandolo est encore yearling quand son éleveur, le comte Gustave de Juigné, décède. Sa succession le met en vente aux enchères parmi un lot présenté par le haras du Bois Rouaud (à Cheméré en Loire-Inférieure), c’est ainsi que le new-yorkais Eugène Fischhof remporte les enchères pour 3.000 F. En 1903, il court à réclamer pour 2.000 F. mais son propriétaire le rachète pour 7.813 Francs.

 

Dandolo, un double vainqueur du Grand Steeple Chase de Paris à quatre ans d'intervalle après avoir été blessé grièvement à l'âge de 4 ans ©DR

 

En septembre 1903, lors d’un steeple à Saint-Ouen dont il est favori, il dérobe et heurte une lice en bois dont les éclats le blessent grièvement. Dandolo est touché à l’épaule et au poitrail. Il rentre dans un état pitoyable. Son propriétaire veut abréger ses souffrances mais le vétérinaire de l’hippodrome, Jules Adam, l’en dissuade, se faisant fort de le guérir. Il intervient et retire tous les fragments de bois dont certains mesuraient près de 40 centimètres de long. Trois mois plus tard, Dandolo est sur «pied» chez l’américain Eugène Leigh.

Le 7 mai, lors de la liquidation de son écurie comptant 18 chevaux, Eugène est dans l’embarras puisque la vente est sans réserve. Pris de remords, il le rachète 36.000 francs. Pour une raison inconnue, le cheval passe chez l’américain Wallace Davis qui remporte donc le Grand Steeple dans lequel il n’avait pas été engagé en février. Heureusement, des engagements supplémentaires peuvent être souscrits.

Il se montrera fort généreux avec son jockey, Percy Woodland, lui offrant le résultat des paris qu’il avait fait sur sa chance. En plus de son pourcentage, il lui remet donc 34.000 Francs (soit 930.000 Francs, d’aujourd’hui ou plutôt hier). Pour l’anecdote, Eugène Fischhof, amateur et collectionneur de tableaux, est propriétaire d’une villa dans le Parc de Maisons-Laffitte qu’il revendra au catcheur Raoul Le Boucher.

 

1905 : un temps de chien pour Canard

Il fait un temps de chien le 4 juin, un orage soudain transforme la piste en un bourbier propice à une victoire du bien-nommé, Canard, élevé par le comte de Saint-Phalle en son haras de Huez dans la Nièvre. Il offre ainsi au jeune Jean Stern (âgé de 31 ans) le premier de ses quatre succès dans cette épreuve. Mais pour le second, il faudra attendre 40 ans avec la victoire de Lindor (1946 et 1947) et Cousin Pons (1961).

 

1906 : un record de jeunesse

Le 3 juin, le mansonnien âgé de 4 ans Burgrave, propriété de son éleveur Gaston Dreyfus, est monté par un jeune jockey, René Sauval. Il devance Violon II (vainqueur ensuite du Prix des Drags) et Fragilité (gagnante de la Grande Course de Haies d’Auteuil, quatre jours après). René Sauval restera, encore aujourd’hui, comme étant le plus jeune jockey vainqueur du Grand Steeple, il vient tout juste d’avoir 17 ans (né en avril 1889). Pour l’anecdote, 116 engagements sont souscrits en février.

 

1907 pour Grosse Mère

La réunion du 9 juin se déroule devant 88.599 spectateurs. C’est encore un 4 ans qui monte sur la plus haute marche. Grosse Mère, c’est son nom, est une pouliche entourée de la même équipe que Burgrave, vainqueur l’année précédente : Gaston Dreyfus, George W. Lawrence (entraineur à Maisons-Laffitte), René Sauval. La fille de Champaubert, élevée par le comte de Saint-Phalle dont c’est le second succès comme naisseur, a devancé une fois encore Violon II et la troisième place revient à Journaliste, le favori, un compagnon de couleurs de Dandolo. Pour l’anecdote, Grosse Mère est la troisième femelle de 4 ans à s’imposer. Avant elle, La Vigne, gagnante en 1887, avait fait aussi bien que sa mère, La Veine, gagnante en 1875 dans le Grand National de France, le futur Grand Steeple-Chase de Paris l’année suivante.

 

Un an après son premier succès dans le Grand Steeple Chase de Paris, René Sauval réédite en 1907 avec Grosse Mère ©DR

 

1908, tous les participants restent debout

Le 7 juin est une date mémorable dans l’histoire de l’épreuve reine. Pour la première fois aucun incident est à déplorer, les dix partants (dont un britannique) rejoignent tous le poteau d’arrivée. Le vainqueur Dandolo est âgé de 9 ans, le plus vieux vainqueur depuis Congress (11 ans en 1877). C’est son second succès et seul Wild Monarch l’avait emporté à deux reprises (1878-1879). Cet exploit, on le reverra en 1939 avec Ingré et en 1947 avec Lindor sans parler de ceux qui ont inscrit trois fois leur nom au palmarès. Mais Wild Monarch et Dandolo auront la même fin tragique à 11 ans, l’ainé à Aintree, le cadet à Enghien.

 

1909, premier succès pour la casaque d’Arthur Veil Picard

En ce 20 juin, la réunion du Grand Steeple est perturbée par une grève des lads (voir l'illustration ci-contre) qui retarde l’arrivée des chevaux de Maisons-Laffitte. Quelques agitateurs commencent à mettre le feu à des obstacles. Après intervention de la police et des pompiers, le départ du Grand Steeple est donné à 17 heures au lieu de 15 heures programmée. Le propriétaire du vainqueur, Arthur Veil-Picard, ne reçoit pas les traditionnelles félicitations du Président de la République, Armand Fallières, qui s’était dérobé, informé à temps de la manifestation. Le favori, l’excellent 4 ans Saint Caradec, monté par Georges Parfrement, devance l’anglais Jerry M. en l’absence de Lutteur III, le lauréat, trois mois plus tôt du Grand National d’Aintree. Mais Arthur aura d’autres occasions d’être félicité puisque la victoire de Saint Caradec est la première d’une série de six.

Saint Caradec, fils de Saint Bris (Saint Simon) stationné au Haras de Menneval, a été élevé dans les Côtes du Nord par la duchesse de Feltre. A 2 ans, pour les couleurs du Duc de Gramont et l’entrainement d’Edouard (dit Ted) Cunnington, il avait enlevé à Maisons-Laffitte le Prix Isonomy, ce qui sera sa seule victoire en plat, avant de terminer au pied du podium du Grand Critérium de Sauge Pourprée. Il est ensuite vendu à l’amiable à Arthur Veil-Picard que l’américain Wallace Davis va entrainer à Maisons-Laffitte. Celui-ci avait déjà enlevé le Grand Steeple à deux reprises, à quatre ans d’intervalle, avec Dandolo (un ancien réclamer) pour son «patron» et compatriote Eugène Fischoff.

Saint Caradec était sur la brèche depuis le 3 janvier, jour où il enlève à Marseille (réunion précédant le meeting de Nice) le premier de ses onze succès avant le graal du 20 juin, dernière sortie de sa saison. L’année suivante, il s’impose dans le Prix Murat, son ultime sortie, avant d’être acheté par les Haras Nationaux comme étalon.

 

1910 : Jerry M est de retour

Le dimanche 19 juin, Sir Charles Garden Assheton-Smith est présent à Auteuil, un rendez-vous qu’il avait donné l’année précédente après la seconde place de son pensionnaire. Bien qu’aucun visiteur ne soit parvenu à s’imposer dans le Grand Steeple depuis 1893, le magnifique britannique de 7 ans est le favori des onze partants. Après une seconde place dans le Grand National, il va survoler les obstacles et surclasser ses adversaires. Le public parisien (87.268 spectateurs) ne s’y trompe pas et fait une ovation au visiteur et à son pilote, Edmund (Ernie) W. Driscoll. Monté par Ernie Piggott (le grand-père de Lester), Jerry M rentrera dans l’histoire en enlevant le Grand National (sous 79,5 kgs) deux ans après son succès à Auteuil.

 

Depuis 1893, auncun visiteur n'avait remporté le Grand Steeple. Jerry M, un anglais, l'a fait en 1910 ©DR

 

Ce colosse est né chez Kate Hartigan en Irlande où il aurait pu tirer une charrette de brasseur. Son premier propriétaire l’a nommé ainsi en hommage à un de ses amis éleveurs, Jerry Mulclair. C’est en Irlande que Robert George Gore, entraineur installé à Findon en Angleterre, est venu le chercher pour son «patron», l’une des plus grosses fortunes d’Angleterre de l’époque.

 

1911 : Blagueur, «un Veil Picard» devance un certain Lutteur III

En 1910, Arthur Veil Picard va enlever le premier de ses cinq succès dans la Grande Course de Haies d’Auteuil avec un certain Blagueur, fils du bien-né Raconteur (par Saint Simon et la fameuse Plaisanterie). C’est un sauteur sérieux puisqu’il passe des haies au steeple sans problème. L’année suivante, à 6 ans, il enlève le Grand Steeple devant son compagnon de couleurs, le 4 ans Cheshire Cat et le 7 ans, un certain Lutteur III. Blagueur est le premier cheval à faire le doublé Grande Course de Haies-Grand Steeple-Chase de Paris.

 

Monté par Alec Carter, Blagueur II avait fait sien les deux plus belles courses d'Auteuil dans les deux disciplines : la Grande Course de Haies en 1910 puis le Grand Steeple Chase de Paris un an plus tard ©DR

 

Blagueur avait été acheté 3.500 F. yearling à Deauville par H. Cochard à son éleveur, la comtesse Paul Le Marois, la veuve du fondateur du haras de Pépinvast dans la Manche. Pour l’anecdote, elle avait acheté, foal, un certain Omnium II qu’elle revendra, yearling, à Evremond de Saint-Alary en 1893. Par ailleurs, Paul était l’oncle de Jacques Le Marois. Blagueur débute victorieusement son année de 3 ans pour son acheteur et l’entrainement de son jockey, Charles Bartholomew. A la fin de l’été, après quelques performances moyennes, il est vendu à l’amiable à la famille Veil Picard. Il faudra attendre plus d’un an pour le revoir en piste. C’est à Auteuil, sous l’entrainement de Wallace Davis, qu’il fait sa rentrée mais c’est à Saint-Ouen qu’il ouvre son palmarès en obstacle. Alternant les haies et le steeple, il s’impose à six reprises à 4 ans, à Auteuil et Enghien sous la monte de Georges Parfrement à l’exception de sa dernière sortie victorieuse où son pilote n’est autre que le principal adversaire de Parfrement, Alec Carter, le crack jockey de l’époque, trop tôt disparu  (il est tué à l’ennemi en octobre 1914).

A 5 ans, il débute la saison en se classant 3ème de la Grande Course de Haies de Nice et s’impose dans le Grand Prix de la Ville de Nice sur le steeple. En juin, il remporte la Grande Course de Haies d’Auteuil. A 6 ans, comme la majorité des pensionnaires de Wallace Davis, il se rend sur la côte où il s’incline dans le Grand Prix de la Ville de Nice face à son compagnon, Cheshire Cat. A la rentrée parisienne, il ne fait qu’une bouchée de ses deux adversaires dans le Prix Amadou puis se classe second du Prix Murat avant de s’imposer dans le Grand Steeple. Il terminera sa carrière en janvier suivant en terminant au pied du podium du Grand Prix de la Ville de Nice, une course qu’Arthur Veil-Picard enlèvera à huit reprises.

 

1912 : l’élevage Guerlain

Le trio Dreyfus-Lawrence-Sauval est en passe de remporter un troisième succès. Jusqu’aux abords du poteau, c’est chose faite, mais c’était sans compter sur la hargne de Hopper, le gagnant du Prix du Président de la République, qui devance le 4 ans Sea Lord d’une tête.

Hopper défend les couleurs de son éleveur, Gabriel Guerlain (gris acier, toque bleue) qui l’a fait naître au Haras de Montaigu. A l’automne, il doit s’avouer vaincu dans le Prix La Haye-Jousselin devancé par Magicienne, une pouliche de 4 ans montée par William Head.

 

1913 : Ultimatum, un élève du Haras des Sablonnets

Ignita n’est autre que la propre sœur de Gardefeu (Cambyse), le gagnant du Prix du Jockey Club. N’étant pas aussi douée que son frère, Ignita rejoint rapidement le haras, celui des SablonnetsJacques de Brémond, élève chez son ami, Georges de Talhouët-Roy. Elle donnera naissance à Ultimatum, fruit des amours avec Maximum. Il débute victorieusement dans le Prix Juigné à Longchamp pour les couleurs de son éleveur (cerise, manches cerclées blanc et cerise) et l’entrainement d’Henry Count. Mais le rêve s’estompe après quelques contre-performances dans des épreuves de renom. Il est vendu durant l’été à une autre casaque cerise, celle d’Arthur Veil Picard. En janvier 1913, à 4 ans, il doit partager la victoire dans le Grand Prix de la Ville de Nice avant de s’imposer dans le Grand Steeple-Chase de Paris (rappelons que l’épreuve phare est ouverte aux jeunes jusqu’en 1932) avec comme entraineur, toujours Wallace Davis et comme jockey toujours Georges Parfrement. Huit ans plus tard, après avoir effectué deux années de monte, il enlève à 12 ans, sous d’autres couleurs, le Grand Prix de Pau (ce qui fait de lui le vainqueur le plus âgé de cette épreuve, encore aujourd’hui).

C’est la dernière victoire dans une épreuve majeure pour le jockey Georges Parfrement qui est victime d’une chute mortelle le 17 avril 1923 à Enghien.

 

Arthur Veil Picard (6 victoires dans le Grand Steeple comme propriétaire) à gauche, du groupe Pernod, et son concurrent James Hennessy à droite, des cognacs du même nom ©DR

 

1914 : dernière victoire d’Alec Carter

Le 21 juin devant 52.537 spectateurs malgré le déluge, 17 concurrents (sur 143 engagés et deux supplémentés) se pressent devant les élastiques. Un tel peloton n’a pas été vu depuis trente ans (18 en 1885 dont 10 étrangers). Le gagnant de 1913 est là, mais avec 10 livres de surcharge.

C’est le fils de Rabelais, Lord Loris qui s’impose, après une course d’attente, pour la casaque de James Hennessy et l’entrainement cantilien de George Batchelor (qui avait émigré de Maisons-Laffitte). Lord Loris est monté par le crack-jockey, Alec Carter qui démontre, une fois encore l’immensité de son talent, mais ce sa dernière victoire classique. Sous l’uniforme français, il est tué en octobre suivant à la bataille d’Arras. Prénommé George mais surnommé Alec, il est l’idole des foules d’Auteuil qu’il séduisait autant par son élégance que par sa science équestre. Il fut l’un des plus grands cavaliers de la spécialité. Pour l’anecdote, il a habité place Wagram à Maisons-Laffitte avec sa femme, Emilienne d’Alençon (de son vrai nom Emilienne d’André, mondaine de la Belle Epoque), divorcée de Percy Woodland, un autre crack jockey.

 

Le 28 juin 1914, le jour du Grand Prix de Paris, l’ambassadeur de l’empire austro-hongrois se trouve à Longchamp où il est prévenu de l’attentat de Sarajevo. Un mois après, le mardi 28 juillet, a lieu à Chantilly, la seule réunion de l’été. C’est le dernier jour de courses en région parisienne. Le mardi 3 août 1914, la France reçoit la déclaration de guerre de l’Allemagne. Dès le surlendemain, Auteuil, réquisitionné par l’autorité militaire, accueille des bovins sur la pelouse, Longchamp des ambulances. Les centres d’entrainement de Maisons-Laffitte et de Chantilly perdent la moitié de leurs effectifs. Il faudra attendre le 22 juin 1919 pour assister à la 42ème édition du Grand Steeple-Chase de Paris.

 

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