Maurice de Gheest pour Brando : ces anglais qui n'ont peur de rien

07/08/2017 - Actualités
 A nouveau triomphants, les sprinters britanniques ont mis en déroute les français dans le Prix Maurice de Gheest mais aussi les favori de leur propre camps. Et c'est finalement l'outsider Brando, portrait craché de son vieux père Pivotal, qui a décroché la timbale tandis que Caravaggio pédalait dans la semoule.

 

 

Décontenancé à cheval sur le grand favori défait Caravaggio à son retour aux balances, Ryan Moore discutait avec Aidan O'Brien en faisant ce signe des mauvais jours avec son poignet, celui du jockey qui n'a jamais jeu de gaz de toute la route. Le chemin avait mal commencé pour ce jeune et puissant fils de Scat Daddy, invaincu lors de ses 6 premières sorties, et qui est venu à Deauville avec son propre maréchal ferrand qui le suivait partout à la trace !

Chose étonnante, son jockey ne lui a retiré le bonnet mis pour entrer dans les stalles qu'au moment où celles-ci se sont ouvertes. Il a ruiné son départ mais quand même pas jusqu'à toutes ses chances. Au contraire, le champion français et tenant du titre Signs of Blessing partait comme un dieu et semblait gambader à 400 m du but, avant de coincer.

 


Brando, avec son jockey Tom Eaves et son entraineur Kevin Ryan (PHOTOS APRH)

 

Et finalement, tandis que la 3e vedette de la course, l'américain Bound for Nowhere envoyé par Wesley Ward (avec Dettori) courait comme un non-partant, c'est une déferlante d'anglais plutôt inattendus qui est montée sur le podium. Pensez donc que le 3e, le 5 ans Tupi, affichait la cote mirifique de 154/1 après avoir ouvert à 400/1. " Il a de la qualité mais c'est vrai qu'il n'est pas de tous les jours" expliquait son entraineur Richard Hannon. " La dernière fois, j'étais venu pour gagner le Prix François Boutin, mais le terrain était trop souple et ça c'est terminé en désastre..." Tandis que l'entourage du 2e, Aclaim (38/1) remerciait le jockey Olivier Peslier d'être aussi doué, c'est donc Brando qui a gagné en se tordant de rire. Il était tellement supérieur que son jockey tirait dessus au point qu'on pouvait croire qu'il bigornait à 300 m du poteau. Méconnu à l'international, ce Tom Eaves, 37 ans, est un pilote robuste installé dans le nord de l'Angleterre chez Kevin Ryan, vainqueur récent du Jockey-Club avec The Grey Gatsby.

 


L'entourage de Brando, des vrais rosbifs du nord !

 

Les anglais, sans doute encore plus ces rosbifs du nord, ont 2 grandes différences physiologiques avec les français. En plus de leur 2e foie qui leur permet d'aborder des francs sourires sous des chevaux bien peignés au lendemain matin de beuveries pour nous fatales, ils n'ont jamais froid. Pas plus froid au corps quand ils se promènent en bras de chemises par 8 dégrés que froids aux yeux quand il s'agit de se lancer dans des grandes aventures de conquêtes à travers les mers. Donc ils viennent souvent au combat en France riche de ses fortes allocations, même s'ils n'ont pas la 1e chance.

 


Brando au canter


En l'occurrence, Brando, un 5 ans sortant de l'ombre qu'il venait de terminer 3e de la July Cup à Newmarket, est le portrait craché de son vieux père Pivotal. Lui aussi un énorme cheval alezan, entrainé par Sir Mark Prescott, il n'a couru que 6 fois, ce qui est très peu pour un sprinter. Mais il a gagné 4 courses dont les King's Stand et les Nunthorpe Stakes à 3 ans. Fils d'un cheval peu à la mode, Polar Falcon, avec une souche maternelle pas mal mais sans plus, Pivotal est rentré dans l'anonymat au haras. Heureusement il était élève du puissant Chevely Park Stud qui l'a intégré à sa cour. Sacré 6 fois champion sire au Royaume Uni, toujours actif à 24 ans, il fait la monte à £40.000, après avoir culminé à £ 85.000 en 2007. Pivotal a produit 26 gagnants de Gr.1 sur le sprint mais pas que...Citons dans sa production Golden Apples, Sariska, Falco, Halfay To Heaven, Somnus, Kyllachy, Soaire, Excellent Art, Silvester et bien entendu Siyouni, devenu l'étalon leader que l'on sait.

 


Pivotal au paddock

 

La mère de Brando, une américaine par Silver Hawk nommé Argent du Bois, avait couru en France, chez Jonathan Pease, uniquement à 2 ans. Assez bonne mais pas assez bonne, elle a pris 5 places en autant de sorties à 2 ans. Pas chanceuse, elle a terminé une fois 2e à Dieppe battue d'une longueur par Félicita, gagnante le mois suivant de Listed dans le Critérium du Béquet. Mais Argent du Bois a très bien produit. Avant Brando, elle avait donné  avec Royal Applause une certaine Ticker Tape, championne américaine gagnante de Gr.1 et de 1,5 millions de dollars, puis vendue $ 950.000 au japonais Katsumi Yoshida.

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