Prix Alain du Breil : Wildriver la fantastique !

19/05/2018 - Evénements
 Aux "peine à jouir" qui maugréent que les courses d'obstacle se résument aujourd'hui à des matchs royannais, Wildriver a apporté une cinglante réponse en gagnant le Prix Alain du Breil (Gr.1), la grande course de haies des 4 ans d'été, pour un entourage ivre de bonheur provenant du centre d'entraînement de Chazey-sur-Ain dans le Centre-Est.

 

 Des cris, des cris et encore des cris...de bonheur ! Ca fait du bien par ou ça passe et ça existe à Auteuil. Y'en a qui disent que les courses d'obstacle ne sont plus intéressantes car elles se résument à des duels entre Macaire et Nicolle. C'est faux pour 2 raisons : premièrement car les 2 hommes, bien qu'âgés respectivement de 62 et 58 ans, vivent toujours leurs courses avec une passion totalement exprimée et donc partagée, et d'autre part parce que tous les autres peuvent gagner des grandes épreuves et même des Gr.1 en venant de presque nulle part. La preuve dans ce Prix Alain du Breil. François Ncolle n'ayant pas de partants, Guillaume Macaire semblait avoir la voie libre avec les duettistes Master Dino et Tunis, qui dominent la discipline depuis plus d'un an, mais aussi Lou Buck's jusqu'alors invaincu.

 

 

 

Et bien non. Les courses ne sont jamais gagnées d'avance car c'est Wildriver, la seule pouliche du lot, qui a décroché la queue du Mickey. Elle venait de créer une énorme surprise dans le Prix de Pepinvast (Gr.3), la course préparatoire, en battant justement Master Dino et Tunis, mais avoir pris 100 m d'avance en face, laissant croire à un succès heureux mais sans lendemain. Que nenni ! Sans pour autant créer un tel écart, son jockey Benjamin Gelhay, un bon cavalier du centre-est mais qui n'a jamais droit aux honneurs parisiens d'ordinaire, s'est permis d'attaquer dès l'entrée de la ligne d'en face le leader Tunis. Puis, courageuse, solide, combattante, héroïque, elle a résisté aux tentatives de retour du beau gris de Guillaume Macaire, toujours entier et futur étalon, finalement 2ème devant Mister Dino, toujours là, et Lou Buck's.

 


L'immense bonheur de Benjamin Gelhay en selle sur Wildriver (PHOTOS APRH) 

 

Sitôt le poteau franchi, nous avons eu la chance de proffiter de scènes de joie absolue entre Mathieu Pitart, son tout jeune entraîneur installé à Chazey-sur-Ain, le nouveau centre d'entraînement de la région Lyonnaise, et tout son entourage et sa famille. Le propriétaire n'est autre que Marc Pimbonnet, le célèbre entraîneur, qui a eu la pouliche en début de carrière pour le plat, mais avec des résultats proches de la nullité. Du coup, il l'a envoyée à l'entraînement chez son nouveau voisin, Mathieu Pitart, qui venait de quitter sa propre écurie où il était jockey d'obstacle.

 

Tout l'entourage de Wildriver sur le podium.
 

 

Mathieu Pitart était donc un jockey d'obstacle de 2ème division, sans mépris aucun. Mais en portant la casaque, il n'a jamais eu les honneurs des grands trophées parisiens. Et d'ailleurs, tous les jockeys battus de ce Prix Alain du Breil ont félicité très chaleureusement leur ancien collègue quand il est allé récupérer sa jument sur la piste. Marc Pimbonnet n'était pas là, mais sa femme montrait sa joie pour lui. Toute la famille, et aussi l'éleveur Raymond Biétola, vivait un moment de liesse. Installé dans la Saône-et-Loire, au Haras de la Fourche, Raymond Bietola n'a que quelques juments. Il est aussi l'éleveur du formidable Bacplus, 10 ans, qui vient de remporter la 22ème victoire de sa carrière dimanche dernier à Lyon-Parilly, dont 21 sur ce même hippodrome ! En 2013, il avait envoyé sa poulinière Pearl River, modeste jument de plat, mère de quelques robustes vainqueurs dont l'inusable Milreves (13 victoires en 123 courses), à l'étalon le plus proche : Willywell. Ce pensionnaire de Jean-Pierre Gauvin, coursier d'exception titulaire de 3 victoires de Listed lors d'une carrière qui a duré jusqu'à 10 ans, inaugurait alors la cour d'étalons du Haras des Châtaigniers, créé par Xavier Brelaud et Clarence Signol, ancienne employé de Raymond Biétola. Willywell a si peu sailli qu'il n'a eu que 7 produits dans sa première génération née en 2014, dont Wildriver.

 Et voilà, c'est la France d'en bas qui décroche la timbale. C'est pas démago, c'est juste bien.

 

 

 

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