Le Monde publie un passionnant "contre-pied" sur le Grand Steeple

24/05/2016 - Actualités
"Grand Steeple d'Auteuil : plaidoyer pour l'obstacle". Voici le titre d'un article remarquable publié par Olivier Villepreux au sujet de ce si particulier Grand Steeple 2016, des courses en général et de l'obstacle en particulier. C'est une vision très juste livrée par un observateur extérieur mais très avisé, que nous vous invitons à lire d'autant plus vivement que nous partageons totalement la teneur des propos qui y sont tenus.

Au terme d’une course haletante, aucune information n’a déchiré aucun écran pour éclairer véritablement la mort de deux chevaux durant le Grand Steeple d’Auteuil ce dimanche. La presse spécialisée n’est jamais très encline à attirer l’attention sur ce que redoute le milieu : un jugement hâtif, une perception biaisée de la course d’obstacles. Dans les heures qui suivent un tel événement, il est incompréhensible que personne n’ait précisément expliqué la teneur d’accidents somme toute compris dans les risques du métier et qui ont conduit à euthanasier sur place As d’Estruval, le favori, monté par Bertrand Lestrade (qui se remettait juste d’un début d’AVC), et Ange d’Amour, peut-être un peu tendre, monté par David Cottin. Juste savons-nous qu’As d’Estruval s’est blessé sur le plat et Ange d’Amour peu avant, « sur un antérieur » selon Paris Turf.


Ci-dessus: le jeune jockey anglais James Reveley, vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris 2016 avec So French

 

Et comme la presse sportive généraliste se contrefiche désormais du sport hippique, sinon pour la décrire comme une activité pour possédants en mal de sensations (comme si le football était un sport de prolétaires) ou réservé à des chômeurs désœuvrés hantant les bars PMU, cela est fort dommageable, au-delà du droit à l’information, puisque le silence sur la philosophie des épreuves d’obstacles fait régner de la suspicion, une crainte, là où il n’y a que fait de course. Après tout, qu’un footballeur s’écroule sur un terrain, qu’un marathonien soit dopé, ou qu’un cycliste se fracasse le crâne sur le bitume et les doigts s’agitent sur les claviers et, à la fin, plus ou moins, nous savons ce qui est arrivé.

Le problème dans les courses de chevaux, et particulièrement en obstacle, est qu’elles souffrent du désintérêt des sportifs et des gens frileux et que ses acteurs pensent courir le risque d’être dénoncés par des groupes de pression croyant lutter contre la souffrance animale tandis qu’ils ne connaissent rien (ou peu) des pratiques, des conditions dans lesquelles ces chevaux de courses sont élevés, préparés, soignés. Or il faudrait assumer les dangers de l’obstacle qui est sans nul doute ce qui se fait de plus admirable dans ce domaine en ce qui concerne l’alliance des hommes et des chevaux, que ce soit techniquement ou affectivement. On pourrait discuter des risques augmentés pour les jockeys et les chevaux dont les calendriers sont copieux et ce serait un autre sujet. Mais il faut croire que la beauté préservée de ces courses, leur côté rustique, apprendrait à beaucoup ce que le mot « engagement » signifie. À condition de ne pas se voiler la face. Le sport, fonctionne sur l’équilibre entre la recherche de performance et la limite à ne pas dépasser. En obstacle, il en va de même, plus les impondérables, comme en boxe, ou tous les sports d’engagement total. Il y aura toujours des accidents avec les chevaux, qu’il y ait erreur humaine ou pas, qu’il pleuve, ou non....
 
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Note : ce blog de lemonde.fr est sous-titré " le sport où on ne l'attend pas". Il publie environ 2 fois par mois des articles proposant des visions décalées sur le sport, beaucoup sur le football bien sûr mais pas que, la preuve. Le blog est animé par François Thomazeau et Olivier Villepreux, qui écrit actuellement un livre sur les courses, dont nous attendons avec impatience la publication.

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