Grand Prix de Pau 2017 : Une histoire de guerriers pour Forthing et Ingrid Desagnat

23/01/2017 - Focus Elevage
La 130ème édition du Grand Prix de Pau sponsorisée par Biraben Foie Gras, courue devant plus de 8000 personnes a été un franc succès ; le succès de Forthing, un nom qui lui va si bien donné par son éleveuse Ingrid Desagnat. Aujourd’hui sur un nuage, elle ne l’a pas toujours été. La jeune femme a dû passer à travers plusieurs obstacles de la vie. Lire son interview.

Ingrid Desagnat avec Something Fine, la mère de Forthing

 

Nous avions rencontré Ingrid Desagnat chez elle à Vaulandry dans le Maine-et-Loire en février 2015 (voir l'article) le lendemain de la victoire de Forthing dans le Prix Antoine de Palaminy (Listed), son premier succès majeur. En deux ans, ce fils de Barastraight a prouvé qu’il n’a pas été qu’un feu de paille. Lauréat du Prix Renaud du Vivier (Listed) sur l’hippodrome du Pont Long en 2016 et 3ème du Grand Prix de Pau (Gr.3) trois semaines plus tard, Forthing s’était placé du Prix Bernard de Dufau (ex Prix Renaud du Vivier Listed) le 1er janvier dernier. Toujours associé à son fidèle jockey Geoffrey Ré, il a offert un jumelé à son entraineur actuel Isabelle Pacault ; Vieux Morvan (élevé par Jacques Cypres) s’étant classé deuxième de ce Grand Steeple de Pau 2017.

 

Forthing et Geoffrey Ré sur le gros open dicth d'Auteuil avec en arrière plan son compagnon de casaque Milord Thomas, les deux chevaux appartenant à Magalen Bryant ©APRH

 

 

Il y a deux ans, Ingrid Desagnat nous avait raconté son histoire commencée chez Marc de Montfort en 2002. Femme jockey, elle a ensuite changé de casquette cinq ans plus tard pour s’installer entraineur à son compte. Mais son activité n’a pas perduré à cause d’un grave accident en 2009 qui a failli lui coûter l’amputation d’une jambe. Alors qu’elle s’était installée entraineur avec cinq propriétaires différents, l’un d’entre eux, Monsieur Marlin, lui avait dit : « J’espère qu’il ne vous arrivera jamais rien avec l’un de mes chevaux ». Malheureusement, Ingrid Desagnat est victime d’un très grave accident. Bien des mois après ce drame, elle se lance dans l’élevage avec une jument de Monsieur Marlin, disparu aujourd’hui. Cette jument a pour nom Something Fine, la future mère de Forthing qui avait été vendu foal à Guy Chérel.

Contactée par téléphone 24h après le succès de son poulain dans le Grand Prix de Pau, Ingrid Desagnat nous a expliqué : « Je suis consciente que les chevaux tels Forthing ne courent pas les rues. Cette victoire, je la dédie à Monsieur Marlin ainsi qu’à mon conjoint Wilfrid Dupuy qui m’a toujours soutenue dans les moments difficiles. Sans lui, je n’aurai jamais connu ses joies actuellement. Il a été là et m’a aidé tous les jours. C’est une victoire de famille. Forthing porte un beau nom, très positif. C’est un très bon sauteur, il adore Pau mais fait bien Auteuil également. Hier, je trouvais que le terrain n’était pas à son avantage. Vu qu’il ne peut courir que les bonnes courses maintenant, j’ai hâte de la voir à Auteuil dans 4.4 ! On attend la pluie désormais. »

 

Something Fine avec sa femelle par König Turf née en 2015

 

Mais l’histoire pourrait être encore plus belle si Something Fine, la mère de Forthing était toujours en vie. Son dernier produit s’appelle Baby Turf, une fille de König Turf qui est toujours à l’élevage. Une nouvelle poulinière a rejoint Turga de la Tour et Tcharming Dan l’été dernier : Fontaine Guerard, la mère des toutes bonnes Fonctia et Font Froide, précédemment au Haras des Sablonnets et chez Marc de Montfort. A l’heure actuelle, Turga de la Tour et Tcharming Dan sont pleines de Barastraight, un jeune étalon officiant chez Antoine de Talhouët-Roy au Haras des Sablonnets qui n’est seulement qu’à 15min de Vaulandry.

 

Baby Turf et Ingrid Desagnat en janvier 2017

 

Note : Pierre-Bernard Marlin (décédé en 2010), est un homonyme du Colonel Bernard Marlin, le fameux gentleman-rider décédé en 2006 et père de notre confrère Thibault Marlin. Ce dernier avait pour grand-père un certain Pierre Marlin (décédé en 1981), entraineur à Durtal avant guerre.

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