Record du monde : la championne Islington donne naissance à une 11e pouliche

12/02/2017 - Grand Destin
 L’élève de Ballymacoll Stud Farm, la championne Islington (Sadler’s Wells), a mis au monde, fin janvier, un onzième foal, une 11e pouliche. Ne serait-ce pas un record ?
 
Islington lors de sa victoire dans la Breeders'Cup Turf, associée à Kieran Fallon.
 
 
Ballymacoll Estate (à Dunboyne, C° de Meath), pas très loin de Dublin, est occupé pendant la Seconde Guerre mondiale par l’armée irlandaise. En avril 1946, l’excentrique mais passionnée anglo-américaine Dorothy Paget (récente gagnante du Derby d’Epsom avec Straight Deal) en fait l’acquisition grâce aux conseils de son manager, Charlie Rogers et y transfère son élevage en provenance d’Elsenham dans le Comté de l’Essex en Angleterre. Il se dit qu’elle n’y aurait jamais mis «les pieds ».
 
 
Avant que ne soit liquidé le fameux haras, Ballymacoll Stud Farm
 
 
Malgré tout, elle en sera propriétaire jusqu’au 8 février 1960, date de son décès à 54 ans. C’est sa sœur, Olive-Cécilia, devenue Lady Baillie de par son mariage, qui par l'entremise de Sir Gordon Richards, vendra la propriété d'environ 120 ha et le cheptel équin de 130 chevaux quatre mois plus tard pour £ 250.000. Outre une terre d’élevage, l’acheteur, Sir Michael Sobell, a la clairvoyance d’acquérir également une grande partie des juments presque toutes descendantes de deux matrones signées Paget, laquelle les avaient achetées, l’une foal, Coventry Belle (1938) et l’autre yearling, Jamaica (1930). La première deviendra la grand-mère de Country House (1955 Vieux Manoir) (d’où Hellenic) et la seconde, celle de Sunny Gulf (1951 Sunny Gulf) (d’où Sun Princess). Il est amusant de constater que Sadler’s Wells, futur père de Islington, descend également de la première nommée.
 
 
 
 
Notes
  • Sir Michael Sobell, né à Boryslav (dans l’actuelle Ukraine), s’est éteint à l’aube de ses 101 ans en septembre 1993. Ses parents avaient émigré en Angleterre à Dalston, à l’est de Londres. Michael n’est alors âgé que de 7 ans. Anne Rakusen, son épouse, lui donnera deux filles dont Netta, qui épousera en 1949, Lord Arnold Weinstock. Ce dernier, benjamin d’une fratrie de six enfants, est né en 1924 de parents polonais installés à Londres depuis 1904. Arnold avait envisagé de tout arrêter après la mort de son fils, Simon-Andrew (1952 – mai 1996), lequel avait pris une place prépondérante dans Ballymacoll depuis 1974.
     
  • Outre les descendants de Country House et Sunny Gulf, l’effectif de Ballymacoll Stud, provenant de Dorothy Paget, comptait ceux de Darlène (1955 Dante), de Pin Prick (1955 Pinza), Shrubswood (1958 Straight Deal), Bandarilla (1960 Matador).
 
La jumenterie fait l’actualité
 
La succession de la famille Sobell-Weinstock (voir le photo de LORD WEINSTOCK ci-contre) fait de nouveau la «une» de l’actualité grâce à la naissance d’une 11e pouliche née de la championne Islington. A l’heure de la liquidation, Ballymacoll Stud Farm compte encore 20 poulinières (moitié moins qu’il y a 10 ans).....mais plus pour longtemps puisque les ayant-droits ont décidé de vendre le haras et ses 60 boxes ainsi que le cheptel équin (environ 50 chevaux dont 19 à l’entrainement). Cette semaine, Goffs a été choisi pour mettre sur le marché la première partie de la «dispersal». Parmi les 16 femelles inscrites par le consigner Jockey Hall Stud (Robert et Jacqueline Norris) ne figure pas l’une des championnes de leur élevage, Islington (une fille d’Hellenic), mais l’une de ses nombreuses filles, Edith Wharton (2014 Dubawi). Encore inédite, elle quittera le ring achetée 200.000 € par l’américain Peter M. Brant (White Birch Farm) qui, selon toute vraisemblance, devrait lui choisir un prétendant stationné en France, Siyouni, avant de rejoindre les USA.
 
Une Breeders’Cup et deux Yorkshire Oaks à son actif
 
Après avoir essuyé un revers dans les Oaks d’Epsom, Islington (Sadler’s Wells) portera les couleurs de la succession de Lord Arnold Weinstock (décédé en juillet 2002, quelques jours avant la victoire de Golan dans les King George VI and Queen Elizabeth St.) lors de sa sortie suivante, un succès dans les Nassau St. (Gr.1) du 3 août 2002 confirmé 15 jours plus tard dans les Yorkshire Oaks. La pensionnaire de Sir Michael Stoute montera, fin octobre, sur la troisième marche du podium de la Breeders’Cup Filly and Mare Turf disputée à Arlington Park terminant derrière la française de naissance, Starine (propriété de Bobby Frankel) et la française de Chantilly, Banks Hill. L’année suivante, elle prendra sa revanche dans cette même épreuve disputée à Santa-Anita devançant deux élèves d’Aidan O’Brien (L’Ancresse et Yesterday). Ce succès avait été précédé d’une seconde victoire dans les Yorkshire Oaks. En novembre 2003, elle termine sa carrière sur la piste dans la Japan Cup dans lequel elle termine en retrait aux côtés des français Tigertail, Ange Gabriel et Ana Marie.
 
Onze pouliches, un record du monde ?
 
La fille de Sadler’s Wells et d’Hellenic (Darshaan) prend la direction du haras et va donner naissance, à ce jour, à 11 foals (de 2005 à 2017, neuf consécutivement à partir de 2009), tous de sexe féminin mais aucune ne lui a encore donné, ne serait-ce qu’une place dans une course principale.... Huit produits sont en âge de courir, seulement quatre ont gagné à un moindre niveau. Ballymacoll a utilisé les services de Dansili et d’Oasis Dream (dont la dernière) par trois fois, de Rainbow Quest, de Gone West, de Dubawi (en 2014), de Shamardal (en 2015) et de Sea The Stars (en 2016).
 
Grand-mère de onze pouliches
 
Cinq des filles d’Islington sont entrées au haras après les avoir soit gardées soit vendues :
 
  • London Bid (2005 Rainbow Quest), l’aînée, non placée en deux sorties à 3 ans, a été vendue, pleine de Street Cry, en novembre 2009 à Green Lantern Stables lors des ventes de Keeneland pour $ 600.000. Elle a donné naissance à 7 produits dont quatre pouliches. 
  • Isla Canela (2006 Gone West) avait été achetée foal à Keeneland pour $ 2.400.000 par un espagnol, Alberto Abago. Placée sous la responsabilité d’Alain de Royer-Dupré, elle a gagné sa course à 3 ans à Compiègne. Par la suite, elle est présentée deux fois aux ventes d’élevage d’Arqana, à chaque fois retirée pour 500.000 € et 305.000 €. Elle est vendue à l’amiable (290.000 €) pour l’Australie où elle est mère ensuite de trois produits recensés, trois pouliches dont une fille d’All Too Hard en pension à Ballymore Stables (Mike et Paul Moroney). 
  • Star Rating (2009 Dansili), n’a pas couru. Elle est vendue en décembre 2013 à Newmarket pour 450.000 Guinées à Don Alberto Corporation. Elle est la mère de deux produits, deux pouliches. 
  • Bohemian Dance (2010 Dansili) a gagné à 3 ans en Angleterre et aux USA à 4 ans. Présentée à Declaration of War, elle est rachetée à Keeneland en novembre 2015 pour $ 235.000. Il semble qu’elle ait été vendue ensuite à l’amiable puisque la pouliche née en 2016 est élevée par Kirsten Rausing
  • Upper Street (2011 Dansili) s’est placée à 3 ans en Angleterre avant d’être vendue à Newmarket en 2014 pour 190.000 Guinées à Blandford Bloodstock. Elle est la mère d’un produit, une pouliche née en 2016 par Oasis Dream. 
  • Angel Vision (2012 Oasis Dream) s’est imposée par deux fois à 3 ans à Newmarket puis a été exportée aux USA pour Ballymacoll. Elle était encore en piste en octobre 2016 en pension chez Michael Dilger. Elle a dû aller rendre visite à Invincible Spirit cette année. 
  • Canonbury (2013 Oasis Dream) a gagné à Chester en septembre de ses 3 ans pour Ballymacoll et l’entrainement de Sir Michael Stoute. Dark Angel doit être son premier prétendant cette année. 
  • Edith Wharton (2014 Dubawi) n’a pas couru. Elle est vendue au début du mois comme évoqué plus haut. 
  • Floria Tosca (2015 Shamardal) a rejoint l’entrainement et N...(2016 Sea The Stars) feront certainement partie de la dispersion. 
  • La dernière née, par Oasis Dream, a vu le jour le 28 janvier à 4 heures 20 du matin à Ballymacoll.
 
Notes
En 2007, Islington a avorté d’un foal mâle par Storm Cat et l’année suivante, elle est restée vide de Kingmambo. Après la maternité de cette année, elle devrait aller à la rencontre de Kingman.
 
 

Sir Micheal Sobell
 
 
Gallant Lady le record, Vali l’aveugle à clochette, Dahlia la crack en tout
 
Si Islington a donné naissance à 11 pouliches, certaines autres poulinières s’en sont données à cœur joie en mettant au monde un foal tous les ans.
 
Le record du monde appartient à une jument américaine, Gallant Lady (1930) qui a pouliné à 18 reprises sans interruption de 1934 à 1951. Parmi cette production, 10 pouliches ont vu le jour.
 
En seconde position, la française Vali (1954) a donné 17 produits consécutivement (de 1959 à 1975) dont 9 pouliches. Parmi cette fratrie, notons un certain Val de Loir, l’ainé, Kalila (future mère de Roi Lear), Valoris (Oaks). En 1976, elle est restée vide de Nonoalco mais a remis le couvert l’année suivante, pour la dernière fois, avec à la clé un dernier mâle par Bolkonski.
La vie de cette fille de Sunny Boy ne fut pas un long fleuve tranquille puisqu’elle est devenue progressivement aveugle. Au pré, elle était accompagnée d’une collègue qui ne la quittait pas d’un sabot. C’est avec sa dame de compagnie, devenue sa meilleure amie, qu’elle se sentait en sécurité. Dès la naissance, le foal portait une clochette à l’encolure, ainsi elle savait que celui qui faisait du bruit était le sien.
 
La franco-américaine, Dahlia, a mis au monde 13 foals dont 6 femelles parmi lesquelles, Wajd. La mère de Dahlia, Charming Alibi, a donné 12 foals dont cinq femelles et un certain Canadian Bound (issu de la 1e production de Secretariat), le premier yearling dépassant le million de dollars aux ventes de Keeneland ($ 1.500.000). Ce fut «un pansement».
 
Comment ne pas citer d’autres matrones, telles que Urban Sea (11 foals, 4 pouliches), Hasili (10 foals, 6 pouliches), Miesque (14 foals, 8 pouliches) Kotkie et Newness (12 foals chacune)......
 
 
 
 
Les destin peut être cruel
 
Si certaines juments ont connu la joie d’être mère, d’autres n’ont pas eu autant de chance. Entre celles qui perdent leur foal à la naissance et celles qui meurent avant même le terme. Comment ne pas rappeler le destin tragique de Triptych, morte accidentellement avant même de mettre au monde un fœtus de Mr Prospector, sa première maternité.
 
On se rappelle tous de la mort de la crack Urban Sea, gagnante d'Arc de Triomphe, mère de 4 gagnants de Gr.1 dont Galileo et Sea The Stars, morte le 2 mars 2009 à 20 ans lors de sa naissance de son 11e foal, Born To Sea, aujourd'hui étalon.
 

La dernière en date, Royal Delta (Empire Maker), vient de mourir au poulinage. La championne américaine, achetée par le milliardaire de Floride Benjamin Leon en novembre 2011 pour $ 8,500.000, quelques jours après sa victoire dans la Breeders’Cup Ladies Classic, était restée vide de Galileo la première année puis avait avorté du même étalon, l’année suivante. Elle ira de nouveau à la rencontre de Galileo dont elle vient de donner une pouliche....mais à quel prix pour une première et dernière maternité.

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